LE CHOIX DES (B)URNES

action de La Meute, 9 avril 2007

Explication du titre
Le choix des (b)urnes : jeu de mots pouvant faire rire en France où les urnes sont une image symbolique du processus électoral (on glisse son bulletin de vote dans l'urne) tandis que les burnes sont un attribut masculin au-dessous de la ceinture (oui, le jeu de mots l'est aussi, mais c'est la réponse de la bergère féministe au berger publicitaire visant bas).
Au Québec, le mot usuel est gosses. Avis au Français qui pourrait proposer à des Québécois de leur montrer une photo de ses gosses !

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Dans les rues, en France, sur 12 000 panneaux publicitaires, une photo de jeune femme blonde en soutien-gorge et culotte.

Slogan :
« Enfin une candidature bien soutenue ! »
ou
« Avec moi, pas d'abstention ! »

Pour la première fois dans l'histoire de France, quatre femmes politiques (sur douze candidats) se présentent à l'élection présidentielle, et il se peut que l'une d'elles devienne présidente de la République.
C'est pendant ce temps fort de la démocratie qu'une marque de sous-vêtements choisit d'exhiber des corps de jeunes femmes, en les associant à des slogans qui caricaturent le processus électoral.

Pendant 96 ans, les dirigeants de la France ont refusé aux femmes le droit de voter et d'être élues : le suffrage universel masculin date de 1848 et le suffrage universel de 1944. Au 21e siècle, certains n'ont pas encore admis la légitimité des femmes à se porter candidates.

Utiliser en ce moment le vocabulaire de la politique pour vendre des sous-vêtements, c'est profiter de l'énergie du processus démocratique.
C'est chercher à dévaloriser des femmes qui se présentent à nos suffrages, en les associant à des corps offerts et à des slogans à double sens.
C'est assimiler des femmes politiques qui s'exposent dans l'arène électorale à des femmes exhibant leur corps dans l'espace public.

ÇA SUFFIT !

>Nous demandons le respect<
>pour nous qui votons<
>et pour elles qui se présentent.<

Ces affiches sont visibles sur le site de Triumph; il faut cliquer sur « pubs et divertissement », puis sur « actualités ».
Paris, le 27 mai 2004

COMMENTAIRES DE MEMBRES DE LA MEUTE
ADRESSÉS À L'ANNONCEUR

Selda Carvalho
J'étais une cliente de chez vous. Je mets le verbe au passé car je n'achèterai plus vos dessous. L'utilisation du corps des femmes lié à la campagne électorale montre bien que vous ne comprenez rien à rien. Eh bien ! Moi, je ne vous soutiendrai plus. Je vais voir ailleurs.

Chantal ENGUEHARD
Je ne vous remercie pas.
Par cette campagne, vous suggérez, ou plutôt vous martelez, que les femmes ne peuvent QUE mettre en avant leurs avantages plastiques et quelles ne valent QUE par leur pouvoir de séduction.
Ce n'est évidemment pas ce qu'on attend d'un président, ou d'une présidente.
En pleine campagne présidentielle, vous déconsidérez par avance les quatre candidates féminines, leurs discours, leurs projets.
Vous tournez en dérision le fait même qu'elles se permettent de briguer les plus hautes fonctions. Vous perturbez le déroulement de la campagne politique en vous attaquant spécifiquement à la crédibilité politique des femmes, uniquement en raison de leur sexe.
Sachez que vous venez de perdre une cliente !

Alan Bennett
Je vous écris pour vous faire part de la consternation que j'ai éprouvée lorsque, de passage à Paris la semaine dernière, j'ai vu s'étaler vos affiches montrant des mannequins dans des poses provocantes avec des slogans d'une grande vulgarité, tels que « Enfin une candidature bien soutenue ! » et « Avec moi, pas d'abstention ! »
Pour la première fois dans l'histoire de France, quatre femmes politiques (sur douze candidats) se présentent à l'élection présidentielle, et il se peut que l'une d'elles devienne présidente de la République.
C'est pendant ce temps fort de la démocratie que vous choisissez d'exhiber des corps de jeunes femmes, en les associant à des slogans qui caricaturent le processus électoral.
Utiliser en ce moment le vocabulaire de la politique pour vendre des sous-vêtements, c'est profiter de l'énergie du processus démocratique.
C'est chercher à dévaloriser des femmes qui se présentent à nos suffrages, en les associant à des corps offerts et à des slogans à double sens.
C'est assimiler des femmes politiques qui s'exposent dans l'arène électorale à des femmes exhibant leur corps dans l'espace public.
Je tiens à vous exprimer mon profond dégoût devant vos procédés vulgaires et racoleurs.
Un homme dont l'amitié pour les femmes commence par les respecter.

Charlotte Malterre
C'est avec regret que j'ai pris connaissance de vos publicités recentes sur les abris-bus. Trouvez-vous spirituel de ridiculiser les femmes qui se présentent aux elections? Vous semblez oublier que les femmes qui
votent, celles qui se présentent et celles qui s'abstiennent sont aussi celles qui achètent vos produits. Plus pour longtemps sans doute, en tout cas
en ce qui concerne mes formes, elles iront se faire soutenir par la concurence, et mon absention s'appliquera desormais à votre marque. Qui plus est, je m'emploierai activement à convaincre mes amies et
connaissances de faire de même. Peut-être comprendrez-vous ainsi que ridiculiser les candidates en lesinstrumentalisant pour vendre vos frusques et par là-même decrédibiliser la place des femmes en politique a des répercussions sur votre porte-monnaie.

Marie-Noëlle Bas
Choquée par les affiches Triumph détournant l'actualité électorale, je vous demande de respecter la dignité des femmes et celles des électrices en particulier.
Au vu des nombreuses réactions médiatiques qui se sont fait l'écho de la revendication de notre réseau « La meute contre la publicité sexiste », un commentaire de votre part et un engagement de ne plus heurter la dignité humaine s'imposent.

Yolande Lambert
Je compte sur votre bon sens élémentaire de marketing pour respecter vos clientes qui sont des femmes, l'auriez-vous oublié ? et changer enfin vos vieux schémas éculés de l'ége de pierre dont nous sommes vraiment fatiguées.
Le vrai triumph devrait étre celui de l'intelligence donc de l'évolution
et de cette élégance à laquelle vous semblez prétendre en vain dans
cette campagne d'affichage pour le moins vulgaire, indigne et déplacée.
Merci de votre réponse que j'attends avec impatience pour juger de votre
degré d'écoute et de votre capacité à évoluer avec votre temps
Une femme du XXIéme siécle

Marion Page
Je m'abstiens dorénavant d'acheter un soutien-gorge de votre marque.
Je ne soutiendrai pas cette marque qui affiche une publicité sexiste et je passe le message autour de moi
Tous les jours dans les medias on continue de dévaloriser la candidate socialiste en l'appelant seulement par son prénom, et ce uniquement parce que c'est une femme, une femme politiquement dangereuse pour la droite. Jamais on ne se permet de dire Nicolas ou François !

Karim Bey SMAIL
Bien soutenu… voilà votre idée de la politique ? La poitrine des femmes est-elle l'argument fondateur de leur candidature ? De leur existence ? De leurs apports à la civilisation ? Je reconnais qu'il est difficile d'être créatif en publicité, mais là force est de constater que le morceau d'ongle dont je me suis débarrassé hier avait plus d'imagination que vos bac ++++
A force de détourner le suffrage universel, ne craignez-vous pas de finir de le vider de sa substance ? J'espère que vous aurez à cœur, un jour, de vous adresser aux femmes qui sont attentives au respect dû à leur image et aux électeurs qui prennent les scrutins au sérieux. J'espère qu'un jour vous comprendrez qu'il est des sujets qui ne peuvent faire l'objet d'un achalandage de ce type. J'espère que cette campagne réveillera les consommatrices, pour en faire des consom-actrices !
J'attends une lingerie féminine et féministe avec un euro offert par soutien gorge acheté pour la cause des femmes : je vous propose une ligne ni putes ni soumises, revendicative et moderne ; vos mannequins deviendraient des égéries modernes de l'émancipation de la femme ?! Plutôt que de rester comme le reste de la société des parasites de la femme sans jamais rien apporter à leurs luttes.
Bercez-vous d'illusion si vous pensez que les sociétés économique n'ont pas d'obligation morale vis-à-vis de ceux qu'ils tondent ! À mesure que nous avancerons dans la modernité, l'achat sera militant mais ça vos publicitaires manquent de profondeur d'horizon pour vous le présenter.

Françoise Hatchuel
Je suis choquée par la vulgarité de votre campagne de publicité qui caricature le processus électoral, à un moment où la démocratie est plus que jemais en danger. J'ose espérer que la présence de quatre candidates et l'idée que, peut-être, l'une d'entre elles pourrait être élue, évènement sans précédent dans l'histoire de l'accès à la vie publique des femmes, n'ont rien à voir avec ce choix malencontreux. Dans tous les cas, associer élections, féminité et sous-vêtements me semble un déni du droit des femmes à participer à la vie publique, les renvoyer encore et toujours à leur éternelle "séduction" comme seul mode d'existence, même dans les moments les plus importants de la vie collective. Je vous demande donc de cesser immédiatement cette campagne et de présenter vos excuses à nous toutes, citoyennes et femmes politiques, qui tentons d'exister autrement que par la mise en valeur de nos formes.

Cécile Sarafis
Monsieur le Président Directeur Général,
Je vous félicite de vous être rendu compte que nous étions en période électorale. Vous avez aussi finement observé que 4 femmes se présentaient aux présidentielles. C'est bien !
Toutefois, votre pertinence a des limites. En effet, les publicités pour vos sous-vêtements féminins ne brillent non seulement pas par leur originalité, loin s'en faut, mais véhiculent des clichés sexistes élimés, clichés sexistes que vous partagez largement avec les médias et certains de nos politiciens réactionnaires. Comme s'il n'était pas suffisant :
qu'on demande à nos candidates qui allait garder les enfants (parce que les hommes n'ont pas d'enfants !?),
qu'on les juge sur leur habillement,
qu'on les insulte en tant que femme plutôt que de les critiquer sur leur programme,
qu'on les ridiculise en soulignant leur soi-disant incompétence alors même que les contradictions de leurs concurrents masculins ne sont jamais épinglées sur ce terrain là.
Si le 22 avril, j'accomplirai mon devoir de citoyenne, en tant que femme, j'utilise mon pouvoir de consommatrice en boycottant dès aujourd'hui vos produits, et j'appelle mes amies à en faire de même.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations exaspérées.

Eliane Crouzet
Je suis outrée par vos publicités montrant des femmes en petite tenue avec un slogan sur l'abstention
Je lis bien « abstention » mais je comprends « abstinence » : voulez-vous convaincre des religieux ?,
car les autres croyez-moi, n'ont qu'une hâte, ne plus avoir d'obstacle à leur plaisir.
Les violeurs, conjugaux ou autres, n'ont que faire de jolis sous-vêtements
les maris qui aiment leur femme n'ont que faire de ces ingrédients.
Quant aux amants, s'ils ont besoin de ces fanfreluches, il vaut mieux en changer.
En un mot comme en cent, vous avez tout faux
Pour ne pas parler de l'aspect insultant pour les candidatures féminines et attentatoire à l'esprit citoyen, même si les élections sont comme vos sous-vêtements destinées à tromper l'adversaire.
C'est pourquoi je souhaite que vous cessiez cet amalgame qui vous dessert et humilie une moitié de l'humanité

Nicole ERNEST
J'ai été choquée de votre utilisation de la période précédant les élections
présidentielles pour, avec des jeux de mots douteux ridiculisant les femmes en général et les candidates en particulier, faire la publicité de votre lingerie. Soyez sûrs que de nombreuses femmes y seront sensibles et qu'elles n'achèteront donc pas vos produits.
Quand est-ce que vous comprendrez que l'utilisation de la dérision est contre-productive et que par contre le respect de vos clientes est le meilleur argument de vente ?