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Action n° 1
Croix Rouge Française

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RÉACTIONS DE LA MEUTE
lettre de Marie-Ange Filippi , 1er février 2001 (extraits)
(réaction au dernier argument du Président)
" Je m'occupe d'abord de ce qui affecte mon quotidien, ce qui m'énerve et ce sur quoi je peux agir à ma petite échelle. La publicité sexiste est une vitrine de l'état des relations entre les sexes dans notre société. Voilà pourquoi je ne cesserai pas d'analyser, d'expliquer et de demander des comptes aux personnes responsables qui diffusent de tels modèles de sexisme. DE PLUS, je m'inquiète et j'agis AUSSI pour d'autres femmes torturées dans le monde. (...)
Nous combattons d'abord la publicité sexiste et l'aveuglement général qui prévaut en matière de sexisme, et ce sont les mêmes personnes qui continueront de vous demander des comptes et qui poursuivront leurs autres actions sans attendre votre bénédiction. "

Marie-Noëlle Bas, 14 février 2001
Monsieur,
Je me suis tenue au courant de votre échange épistolaire avec Florence Montreynaud et je souhaite réagir à votre dernière lettre.
J'ai été personnellement choquée de voir, il y a quelques mois, la publicité télévisée montrant complaisamment le corps d'Adriana Karambeu. J'ai également trouvé sur votre site l'image du buste de cette mannequin proposant du bouche-à-bouche. Le travail de sensibilisation des jeunes pour l'apprentissage des gestes qui sauvent à travers le corps, le buste et la bouche d'une femme considérée comme un "sex-symbol" me semble faire appel directement aux sens plus qu'à la conscience du public et cela ne me semble que peu cohérent avec une action caritative.
Par ailleurs, vous allez un peu trop loin lorsque vous qualifiez la lettre de Florence Montreynaud de "menace d'intimidation" et lorsque vous prétendez qu'elle cherche à développer une mauvaise querelle contre la Croix-Rouge.
Nous sommes un certain nombre de femmes de tous âges et de toutes conditions derrière elle. L'action que nous menons contre les publicités sexistes est une action quotidienne contre une agression quotidienne. Elle est tout à fait compatible et non-exclusive des autres actions que nous menons, sans que vous ayez besoin de nous y engager - personnellement, en particulier avec des associations pour la scolarité des filles et l'aide médicale des femmes dans les pays en voie de développement et pour la prévention du SIDA auprès des femmes en France).
Je souhaite vivement que vous lisiez ma lettre avec attention, sans la qualifier ni de violente ni de vulgaire, et que votre courtoisie envers les femmes vous amènera à corriger la trajectoire de la communication de la Croix-Rouge.

Hélène Marquié, 12 fév. 01
Monsieur,
Votre dernière réponse à propos des réactions concernant le sexisme, et je dirais aussi la misogynie, de vos publicités, m'a remplie de joie. De tels poncifs, énoncés en l'an 2001, témoignent à l'évidence pour celles et ceux qui en prennent connaissance, et sans qu'il nous soit besoin de faire de notre côté de grands efforts de persuasion, du sexisme primaire qui imprègne notre société actuelle ; et aussi du mépris dans lequel vous tenez vos interlocutrices et vos interlocuteurs, pour penser que de tels arguments puissent avoir un poids quelconque.
Je ne reprendrai que le dernier argument. Merci à vous de votre préoccupation concernant les femmes victimes de violences, les femmes afghanes. Sans avoir attendu votre paternelle incitation, je milite moi-même dans plusieurs de ces associations. Je ne doute pas que nous puissions nous rencontrer lors des prochaines manifestations de solidarité envers les femmes afghanes, iraniennes ou algériennes. Curieusement, de telles manifestations ne mobilisent presque exclusivement que des femmes. En vous lisant exprimer votre solidarité, je me demande pourquoi. Sans doute notre système de communication est-il défaillant, et vos conseils avisés en la matière seront précieux. Peut-être arriverons-nous à convaincre davantage en "associant beauté, séduction, humour et intelligence", par des "messages esthétiques" (je vous cite). Évidemment, concernant les femmes victimes de violence, ce sera un peu difficile, compte tenu de l'aspect négligé que donnent les traces et cicatrices. Mais grâce au tchador, nous pouvons peut-être améliorer les choses.
Une seule chose me gêne dans vos remarques : l'opposition sous-entendue entre la situation des femmes étrangères et la nôtre. Serait-ce que l'homme blanc occidental est suffisamment civilisé pour que son mépris des femmes, la réification de leurs corps, la banalisation (qui, vous ne pouvez l'ignorer, constitue la meilleure des légitimations) de l'image des femmes présentées de façon dégradante et comme disponibles à toutes les initiatives masculines, n'aurait plus aucune conséquence sur sa pensée et ses actes dans la vie courante ?

Olympia Alberti, 9 février 2001
je ne savais pas que la Croix-Rouge française trouvait bon d'inciter les gens à s'intéresser aux premiers secours et autres gestes qui sauvent en les aguichant sur le plan érotique : nul doute que notre précédent ministre de l'éducation eût dû s'inspirer de votre haute pédagogie pour améliorer l'efficacité des cours et l'obtention de résultats satisfaisants de la part des élèves.
Croyez-vous vraiment que ces jeunes que vous voulez attirer ainsi soient toutes et tous des imbéciles ?

Sylvie Debras, Besançon, 19 février 2001
Pour recruter de nouveaux secouristes*, la Croix-Rouge française utilise un matériel publicitaire avec des messages à double sens, comme " tout le monde a envie d'embrasser un mannequin " ou " pendant une heure, ce mannequin sera tout à vous ".
Il y a là deux confusions : entre mannequin de secourisme et top model ; entre bouche-à-bouche et baiser.
Le bouche-à-bouche est un exercice fatigant, plutôt désagréable, car les personnes peuvent vomir pendant qu'on les secourt. Il n'a rien à voir avec le plaisir sensuel. C'est un don vital de soi à autrui, autrui qui est en danger de mort, qui est peut-être déjà mort. L'échec éventuel est très dur à vivre, très culpabilisant.
La publicité de la Croix-Rouge française est donc insultante pour les secouristes, qui donnent d'eux-mêmes sans chercher d'autre plaisir que celui de sauver la vie d'une personne, généralement inconnue et qui peut être vieille, laide, malade, etc. C'est d'amour universel qu'il s'agit là, et les publicitaires ont dévoyé cet amour et ce don de soi en offrant aux regards un corps dénudé de femme sexuellement attirante.
* voir site www.croix-rouge.fr et panneaux disponibles dans les centres