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Le BVP respecte-t-il sa propre charte ?

Les publicitaires et les annonceurs ne seraient-ils pas en contradiction avec les engagements qu'ils ont pris ?

Le BVP est l’organisme d’autodiscipline (système basé sur la responsabilité et la confiance) de la publicité en France. Il veille au respect des règles déontologiques que les membres adhérents du BVP (annonceurs et publicitaires) se sont données pour règle commune, ainsi qu’au respect de l’état d’esprit et de l’engagement permanent qui concourent à une publicité loyale, véridique et saine en France.

La Meute contre la publicité sexiste s’est intéressée à la recommandation sur l’image de la personne humaine émise par le BVP en 2001 : « La publicité ne doit pas être susceptible de heurter la sensibilité, choquer ou même provoquer le public en propageant une image de la personne humaine portant atteinte à sa dignité et à la décence. »
Cette recommandation, signée par les publicitaires et les annonceurs, est bafouée sans vergogne. Les paragraphes suivants complètent la recommandation. Mais les membres du BVP ne respectent pas leur engagement.

La Meute propose à la réflexion de tous des publicités qui le prouvent.

Nudité
Charte du BVP « Lorsque la publicité utilise la nudité, il convient de veiller à ce que sa représentation ne puisse être considérée comme avilissante et aliénante. D’une façon générale, toute représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine, explicite ou implicite, est exclue, notamment au travers de qualificatifs, d’attitudes, de postures, de gestes, de sons, etc… attentatoires à la dignité humaine. »

Attitude : Printemps (Affiches dans le métro, Paris, janv. 03) Slogan : « Non, je ne dirai pas oui tant que je ne serai pas prête »
Description : Une femme nue est assise sur une machine à laver. On la voit de dos. Elle porte un voile de mariée sur la tête. En face d'elle se trouve comme un énorme hublot.
Geste : H&M (Affiches et presse, mars 03). Une femme tout sourire, une main dans les cheveux et l'autre glissée dans sa jupe comme si elle se caressait. Slogan : "Top 19,90 e".

Objet
Charte du BVP « La publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet. »

Opel. Dans la presse et à la télévision. « Jusqu'à 2000 e d'économie sur les Opel climatisées, forcément c'est attirant ». Description : Trois jeunes femmes alanguies, sont allongées ou renversées sur une voiture et la caressent. L'une style nymphette blonde, en short, l'autre brune en cuissardes noires, la dernière Noire, cheveux au vent. Un autre slogan apparaît en petit :"Opel : des idées fraîches pour de meilleures voitures". Un texte accompagne en bas de la pub 3 photos de 3 modèles d'Opel : "Qui pourrait résister à la fraîcheur d'une Opel climatisée quand on sait que chacune d'entre elles vous offre vous offre une température idéale pour vivre le plus agréable des voyages ? Dépêchez-vous, elles vont partir en courant d'air."


Stéréotypes
Charte du BVP « La publicité ne doit pas cautionner l’idée de l’infériorité d’une personne en raison de son appartenance à un groupe social. »

Nestlé à la télévision, la publicité pour un plat préparé « 7 minutes d’intelligence par jour » utilise un cliché sexiste sur les blondes idiotes, l’un des films montre en particulier une blonde au téléphone avec… l’horloge parlante et engageant le dialogue ! Cette publicité utilise aussi un homme musclé face à son miroir…
Ici, particulièrement, le BVP considère que les personnages mis en scène représente des situations isolées (…) sans viser une catégorie spécifique de population à laquelle les téléspectateurs seraient susceptibles de s’identifier !

Violence
Charte du BVP « La publicité doit éviter d’induire une idée de soumission ou de dépendance dévalorisant la personne humaine et en particulier les femmes. Toute présentation complaisante d’une situation de domination ou d’exploitation d’une personne par une autres est exclue. La publicité doit éviter toute scène de violence, directe ou suggérée, et ne pas inciter à la violence que celle-ci soit morale ou physique (…) ; la violence suggérée s’entend par une ambiance, un contexte, voire par le résultat de l’acte de violence ; la violence morale comprend notamment les comportements de domination (…). »

Galeries Lafayette. Affiches pour les soldes de janvier 02 dans le métro : Laetitia Casta avec un œil au beurre noir.

Lettres de membres de La Meute adressées au BVP

Chère Madame,
J'ai bien reçu votre réponse, mes collègues ont reçu le même genre de réponse stéréotypée il y a quelques temps (à quelques changements de mots près). Votre association (non obligatoire pour les professionnels) prouve bien, par l'afflux des publicités dans les rues et sur les routes, qu'elle est inefficace dans son ensemble, même s'il vous est arrivé d'en refouler certaines.

Concernant les femmes, je m'inscris en faux par rapport à ce que vous dites car jamais la nudité des femmes n'a été autant étalée dans la rue, à la télé ou dans les magazines ces dernières années. Vous êtes une femme et je ne comprends pas votre soumission dans ce monde dominé par les hommes, à moins qu'il s'agisse de complicité, de naîveté, d'ignorance sur ce que vous êtes "fondamentalement" et sur ce que sont les femmes ?
A faire la politique de l'autruche, on s'étouffe soi-même... Vous vous mettez la tête dans le sac pour ne pas voir, ou êtes-vous confinée dans un bureau d'où l'on ne voit rien ? Je traverse régulièrement la France du sud-est vers le nord-ouest et je peux au cours d'une même journée voir 200 fois la même paire de seins étalée sur les murs ou la même fille en chaleur qui vante de la lingerie (dans le meilleur des cas, car il pourrait s'agir d'un téléphone, d'une voiture ou d'une crème fouettée...) et ce à proximité d'une église, d'une école, au détour d'un virage dangereux...
Pourquoi haïr la pudeur qui est un état d'esprit naturel et la preuve qu'on a une attitude de respect vis-à-vis des autres. Ce petit jeu malsain de susciter le voyeurisme chez les hommes et le dégoût chez les femmes se traduira un jour par un retour de bâton (c'est la loi de cause à effet) dont vous mesurez visiblement mal la portée.

Je ne suis malheureusement pas impliquée en politique et de ce fait je n'ai aucun moyen d'action. Je n'ai que mon droit d'expression et j'en use autant que je peux, pas seulement pour moi, mais au nom de toutes celles qui observent un silence résigné. J'encourage toutes celles qui m'entourent à faire de même, pas seulement vers vous qui apparemment ne pouvez rien faire, mais vers tous les acteurs concernés.
Alexandra, 6 novembre 2003

Madame, Monsieur,
Publicité sexiste : que fait le Bureau de Vérification des Publicités ?
La publicité « Boléro » qui s’étale actuellement sur nos murs ne fait que renforcer les stéréotypes sexistes. Ce visuel légitime la position des femmes comme objets sexuels à consommer. Par ailleurs, cette publicité semble, comme tant d’autres, échapper à vos recommandations formulées dans le paragraphe « stéréotypes sexuels, sociaux et raciaux ». Je cite : « la publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet » ? Votre influence apparaît si limitée qu’une loi antisexiste s’impose !
Laurence Pelletier, 6 novembre 2003

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