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Sommaire de "Agir"


Demande d'une loi antisexiste

1. Belgique

2. France

1. Belgique

Bientôt une loi luttant contre les publicités sexistes ?

J’ai le plaisir de vous annoncer qu’une proposition de loi pour lutter contre les publicités sexistes que j’ai écrite, a été déposée à la Chambre des Représentants de Belgique ce 31 janvier 2003.

Genèse du projet de loi

Outre le fait d’être militante (notamment) contre les publicités sexistes, je suis collaboratrice du Secrétaire d’État à l’Énergie et au Développement durable Olivier DELEUZE. Il y a environ deux ans, lorsque nous avons dû préparer un projet de loi pour modifier la loi sur la publicité (loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et sur l’information et la protection du consommateur), je me suis dit « et si on en profitait pour également interdire la publicité sexiste… ». Après avoir reçu l’accord de « mon » Secrétaire d’État, je me suis donc lancée dans cette entreprise…

Une loi semblable existe-t-elle dans d’autres pays ?

J’ai commencé par une recherche dans la législation étrangère. Existait-il une telle loi dans d’autres pays ? Apparemment non. Du moins pas dans les principaux pays francophones. Par contre, l’idée d’une telle loi était bien présente.

En mars 2001, en France, la Secrétaire d’État au Droits des Femmes et à la Formation professionnelle Nicole PERY a réalisé une étude sur l’image des femmes dans la publicité. La Meute a d’ailleurs été consultée dans le cadre de cette étude. Des pistes pour une loi contre les publicités sexistes ont été avancées. Mais aucune suite ne semblait y avoir été donnée.

Au Canada, une initiative intéressante a été l’élaboration de Lignes directrices « dans le but de venir en aide aux créateurs publicitaires pour qu’ils élaborent des images positives des hommes et des femmes, et qu’ils éliminent la discrimination fondée sur le sexe des personnes » (http://www.media-awareness.ca/fre/industri/cnpsexes.htm). Mais il ne s’agit que de conseils à l’attention des créateurs, sans aucune force contraignante.

Aux niveaux européen et international, aucune norme contraignante en matière de lutte contre la publicité sexiste n’existe non plus. Seules des recommandations ont été faites, à savoir :
- Le programme d’action de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes (Pékin, 1995) contient des recommandations relatives au thème « femmes et média » qui soulignent notamment « l’importance, dans le respect de la liberté d’expression, des principes et des codes de conduite professionnels et d’autres formes d’auto-réglementation afin d’encourager la présentation d’image non stéréotypées des femmes »
- La résolution du Conseil de l’Union européenne du 5 octobre 1995 sur le traitement de l’image des femmes et des hommes dans la publicité et les médias, et la résolution du Parlement européen du 16 novembre 1997 sur la discrimination de la femme dans la publicité rappellent notamment que la publicité ne doit pas porter atteinte au respect de la dignité humaine, ni comporter de discrimination en raison du sexe. Ces textes disposent également que les codes d’autorégulation volontaire doivent être effectivement appliqués.
Ces textes émettent de beaux principes et invitent surtout le secteur à s’autoréguler. Mais au regard des résultats des mécanismes d’autorégulation tant en France (Bureau de Vérification de la Publicité), qu’en Belgique (Jury d’Éthique Publicitaire), le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas d’une efficacité redoutable en matière de lutte contre les publicités sexistes.

Comme il n’existait pas de textes légaux dont j’aurais pu m’inspirer, il fallait donc tout inventer…


Élaboration du projet de loi.
A y réfléchir de plus près, deux aspects différents de la publicité sexiste se dégageaient :
1. Les publicités vraiment sexistes, insultantes, humiliantes, dont le but est de marquer (choquer ?) la population (de nombreux exemples de ce types de figurent sur le site de la Meute et de ZORRA)
2. Les publicités qui, prises individuellement, n’ont rien de particulièrement sexistes ou choquants, mais dont la répétition incessante alimente et encourage les stéréotypes sexistes (les femmes sont représentées systématiquement comme ménagères ou comme objets sexuels, alors que les hommes sont représentés dans une variété d’activités et de rôles)

L’option que j’ai choisie était d’interdire les publicités de la première catégorie et de créer un « code de bonne conduite » contraignant pour encadrer les publicités de la seconde catégorie.

L’étape suivante consistait à traduire cette option en un texte juridique.

Comment définir la première catégorie de publicités sexistes (les publicités sexistes choquantes) ? J’ai passé beaucoup de temps à chercher, en vain, une telle définition juridique dans tout une séries de textes existants, que ce soit la Déclaration des Droits de l’Homme et ses textes connexes, que ce soit dans des textes portant plus spécifiquement sur la publicité et/ou sur le sexisme ou encore dans la multitude de déclarations et recommandations en matière de lutte contre le sexisme et contre la discrimination en général. Finalement, la formulation qui me semblaient la plus adéquate était celle écrite par Florence MONTREYNAUD dans son Manifeste : « Non aux représentations dégradantes, dévalorisantes ou déshumanisantes des êtres humains et des rapports entre eux ! », qui est devenue en bout de course dans la proposition de loi : « est interdite toute publicité (…) qui utilise des représentations, des slogans ou une combinaison des deux, dégradants, dévalorisants ou déshumanisants à l’égard des êtres humains et des rapports entre eux ». Le principe est que le juge déterminerait au cas par cas, sur base des arguments des parties, si une publicité qui lui est soumise tombe dans cette catégorie ou non, et ainsi élaborerait une jurisprudence dans ce domaine. C’est vrai qu’un certain flou et une certaine zone d’appréciation existe, mais l’idée est de donner un message clair aux professionnels de la publicité: ils ne peuvent plus faire n’importe quoi en toute impunité.

Concernant le second aspect des publicités sexistes (répétition de représentations stéréotypées), je ne me sentais pas compétente pour rédiger un « code de bonne conduite » de A à Z, dans mon petit bureau derrière mon ordinateur, d’autant que la publicité n’est pas du tout mon métier. Une commission composée d’expert-es des différents secteurs concernés (professionnel-les de la publicité, représentant-es d’associations féministes, représentant-es d’organisations de défense des consommateurs, etc) me semblaient pouvoir faire un travail bien plus fouillé dans ce domaine. La proposition de loi met donc en place cette commission et en définit les modalités de fonctionnement. Le « code de bonne conduite » élaboré par cette commission pourrait ensuite être transformé en arrêté royal (équivalent du décret français) pour lui donner une force contraignante.

Enfin, ce texte contient les éléments nécessaires pour qu’une telle loi soit effectivement appliquée : possibilité pour les associations féministes d’ester en justice contre des publicités sexistes et même possibilité pour le juge de condamner l’auteur de publicité sexiste à élaborer une contre campagne publicitaire afin de contrer les effets négatifs de sa publicité sur la population. Cette dernière proposition s’inspire du mécanisme du droit de réponse.

J’avais enfin un texte. L’étape la plus difficile s’annonçait : convaincre les autres partenaires du gouvernement pour que cette loi puisse être votée…


Réactions face à un projet de loi contre les publicités sexistes
En collaboration avec des conseillers du Ministre de la Santé publique et de la Protecteur du Consommateur Jef TAVERNIER, des consultations (le Conseil de la consommation, l’association de lutte contre les publicités sexistes ZORRA et la Fédération des Entreprises de Belgique) et des négociations avec les autres partenaires du gouvernement ont été entamées.

Ce projet de loi a d’abord suscité l’étonnement (la plupart de mes interlocuteurs n’avaient jamais réfléchi à cette question), la moquerie (« on ne va quand même pas interdire les publicités qui montrent une femme qui fait la vaisselle ! ») ou le désintérêt complet (« il y a d’autres choses bien plus importantes »).

Puis, après avoir plus longuement expliqué en quoi lutter contre les publicités sexistes était important pour la société, les différents partenaires ont accepté d’y réfléchir et ont pris position pour ou contre cette loi. Voici quelques arguments de fond entendus :

Les opposants à une loi contre les publicités sexistes :
- « non au retour de la censure »
- « qu’on arrête d’accuser la publicité de tous les maux de la société, la publicité n’est que le reflet de la société. Nous vivons dans une société assez érotisée, il est normal que les publicités soient en phase avec cette société »
- « Les publicités soit-disant sexistes ne choquent pas la grande majorité de la population, sinon les consommateurs et surtout les consommatrices n’achèteraient pas ces produits »
- « Une loi belge limitant la publicité mettrait à mal nos entreprises. En effet, elles se verraient concurrencées par des entreprises pouvant utiliser toutes les formes de publicités qu’elles souhaitent pour vendre leurs produits. Une telle réglementation ne peut se concevoir qu’au niveau européen afin d’éviter les distorsions de concurrence »
- « Je suis une femme et je suis fière de l’être. Ca ne me dérange pas de voir des femmes nues sur les affiches. Une femme nue, c’est beaucoup plus beau qu’un homme nu. C’est normal que les créateurs ne montrent que des femmes nues. Et c’est normal de ne montrer que des femmes qui s’occupent des travaux ménagers : chez moi, je ne voudrais pas que mon mari touche à la lessive, il n’est pas capable d’appuyer sur le bon bouton de la machine à lessiver. Je suis contre une loi sur la publicité soutenue par un lobby qui prône le port du voile pour les femmes » (sic)

Les partisans d’une loi contre les publicités sexistes
:
- « le rôle de l’État est notamment de garantir la liberté de chacun et de protéger les personnes les plus faibles. Actuellement, en matière de publicité, les entreprises ont une liberté quasiment illimitée de diffuser de la publicité sous toutes ses formes. Mais le citoyen n’a, par exemple, pas la liberté de ne pas voir de publicité. Il est donc normal que l’État intervienne pour encadrer cette publicité. »
- « Dans les années 50, de très nombreuses publicités racistes existaient. Aujourd’hui, nous trouvons ces publicités inacceptables. Et de telles publicités seraient aujourd’hui sanctionnées par la loi contre le racisme. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le sexisme encore présent dans notre société, notamment dans la publicité. Dans quelques années la société trouvera ces publicités sexistes tout aussi inacceptables. Faisons donc partie de celles et ceux qui préparent l’avenir. »
- « Dans le contexte actuel, le fait qu’une entreprise diffusent une publicité sexiste fausse la concurrence. En effet, la seule possibilité pour les gens de lutter contre cette publicité, c’est de la dénoncer en faisant un maximum de bruit autour d’elle, en interpellant la presse, en incitant d’autres personnes à écrire contre cette publicité. Résultat : on parle de cette entreprise et de son produit, ce qui lui fait encore plus de publicité. S’il y avait une possibilité de sanctionner ces publicités par les tribunaux ou au sein d’une commission spécifique, cela ferait de façon beaucoup plus discrète, ce qui ne fausserait pas la concurrence entre les entreprises. »


Les avis étant trop partagés, il a été impossible d’obtenir un accord au sein du gouvernement, mes collègues et moi avons alors décidé de déposer ce texte à la Chambre sous forme de proposition de loi, sans l’accord des autres partis de la majorité.


Dépôt de la proposition de loi à la Chambre.

J’ai donc pris contact avec des députées féministes, Marie-Thérèse COENEN, Claudine DRION et Kristien GRAUWELS qui ont été ravies de déposer cette proposition de loi après l’avoir encore un petit peu retouchée.

Elle peut maintenant être consultée sur le site de la Chambre :
http://www1.dekamer.be/wwwcfm/flwb/cfm/dossier.cfm?lang=F&legislat=50&dossierID=2256

Le dépôt de cette proposition de loi est à la fois l’aboutissement de tout un processus au cours duquel différentes personnes « proches du pouvoir » ont dû réfléchir et se positionner sur la lutte contre les publicités sexiste, ce qui a contribué à faire avancer cette question dans un milieu qui n’y était pas encore sensibilisé.
Mais le dépôt de cette proposition n’est aussi qu’un premier pas du processus législatif au cours duquel ces députées devront convaincre leurs collègues de l’importance d’une telle loi. Il est donc nécessaire qu’un maximum de citoyens et de citoyennes interpellent leurs élu-es (et candidat-es ! ) pour les inciter à voter une telle loi. Et surtout continuons à lutter contre les publicités sexistes en écrivant, en dénonçant, en faisant du bruit, en montrant que nous sommes exaspéré-es de voir des images de personnes, et essentiellement des femmes, rabaissées, insultées, humiliées, pour vendre de la crème fraîche, des pneus de voiture ou des étagères ! Il faut que les élu-es sachent que de nombreuses personnes veulent du changement dans ce domaine !

Marie-Hélène LAHAYE, Bruxelles, le 17 février 2003
(pour toute information complémentaire, réactions, commentaires, proposition d’amélioration du texte etc, n’hésitez pas à me contacter : lahaye@brutele.be)

PS : J’apprends qu’une proposition de loi « visant à créer un délit d’atteinte à la dignité de l’homme et de la femme par l’image publicitaire » vient d’être déposée à l’Assemblé nationale française par MM. Jean-Marc NESME et Bernard PERRUT ce 13 février 2003.


2. France

Nous avons demandé aux candidat-es aux élections législatives françaises de mai 2002 s'ils/elles soutenaient notre demande d'une loi antisexiste. Voici la lettre envoyée, les destinataires puis les réactions.

Lettres de membres de la Meute aux candidats se présentant dans leurs circonscriptions.

24 mai 2002
À : Nadine-Pénélope Komites, conseillère municipale, candidate des Verts dans la 7è circonscription de Paris (XIè arrondissement)
Objet : Loi antisexiste
Madame,
Vous vous présentez à l'élection législative dans la circonscription où je vote. Je suis membre de La Meute, mouvement féministe mixte contre la publicité sexiste.
J'aimerais savoir si vous êtes favorable au vote d'une loi antisexiste, comme le demandent des dizaines de milliers de signataires de nombreuses pétitions, notamment le Manifeste "NON à la pub sexiste !".
Cette loi, sur le modèle de la loi antiraciste de 1972, réprimerait les discriminations et les insultes fondées sur le sexe. La voter au plus vite montrerait la priorité que la nouvelle Assemblée nationale accorde à la lutte contre le sexisme.
Je vous remercie à l'avance pour votre réponse dont je tiendrai le plus grand compte pour décider de mon vote.
Veuillez agréer, Madame, l'expression de mes sincères salutations.
Murielle Pigot (Réponse positive ci-dessous)

Destinataires de la Lettre

Murielle Pigot a aussi écrit à Patrick Bloche, député sortant, socialiste.

Virginie Mudry a envoyé le courrier à 5 candidats de la 4e circonscription du Bas-Rhin: Olivier Gebuhrer (PCF), Claude Kugler (LO), René Floureux (MPF), Yves Bur (UMP - Député sortant) et Martine Charbonnel (MEI).

Sylvie Escat a écrit à Martine Aurillac (UMP) et à M. Pozzo di Borgo (UDF) ; 3ème circonscription de Paris.

Katia Dieschbourg a écrit aux candidats suivants, qui se présentent à Paris 13ème (10ème circonscription) (31 mai) : Pierrette Chenot (LCR), Daniel Gautier (Parti des Travailleurs), Francis Combrouze (PCF), Serge Blisko (PS, sortant), Denis Drouhet (Les Verts), Didier Thomas (Génération Ecologie), Jacques Toubon (UMP), Fanny Rousseau (UDF) et Michèle-Laure Rassat (UMP).

12e circonscription du Rhône, Patricia Pacitti a écrit à Michel Terrot (UMP), René Lambert (PS), Guy Audouy (LCR), Jean-Luc Renault (LO), Bertrand Caroline (MEI), Jean Chambon (PCF) et Véronique Delage (RCF).

Réponses des candidat(e)s

Une réponse de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), transmise par Ghislaine QUINTILLAN
Les militants et les militantes de la LCR militent depuis des années dans les associations féministes et ont toujours porté un profil féministe dans les élections comme dans l'ensemble des luttes auxquelles ils et elles participent. A ce titre plusieur d'entre nous animons l'atelier « brisons les normes sexistes » du CNDF et avons participé à de nombreuses initiatives unitaires sur l'antisexisme, qu'il s'agisse d'action avec la meute ou d'autres associations se battant sur ce terrain là. Nous soutenons donc toute initiative allant dans le sens d'une loi antisexiste.
Par ailleurs, Rouge, l'hebdomadaire de la LCR a déjà publié plusieurs articles sur ce sujet (le dernier en date datant du 7 mars).
Salutations antisexistes
Corinne, pour Rouge et le secrétariat femmes de la LCR, 24 mai

Je vous informe du fait qu'au sein de la commission Femmes des Verts nous sommes en train de réfléchir à un projet de loi anti-sexiste qui, lorsqu'il sera finalisé, pourra être intégré au programme des verts et donc d'un futur gouvernement.
Le projet n'en est qu'à ses débuts, mais il est bon que vous sachiez qu'il y a dans les partis politiques des militant-e-s déjà acquis-es à cette cause.
Emilie Mazzacurati, 25 mai

Anny Poursinoff, candidate Verte dans la 10° des Yvelines et signataire du Manifeste "NON à la pub sexiste !", est favorable au vote d’une loi antisexiste. 27 mai

Ce texte se trouve sur le site web de campagne du candidat Vert dans la 7ème circonscription des Alpes Maritimes, Philippe Mussi (www.mussi.org) "Pas moyen de faire 3 pas dans la rue sans tomber sur une paire de seins ou de fesses pour vanter des yaourts ! A la télé c'est pire : idiote ravissante, papa-poule, putain, macho, tous les stéréotypes rétrogrades y passent à longueur de temps, sans parler de la violence !" Nous voulons une loi anti-sexiste sur le même modèle que la loi anti-raciste, et limiter la présence et l'influence de la publicité, notamment auprès des enfants. Ne nous laissons pas dicter nos valeurs par des spécialistes du marketing au service d'une logique purement marchande.
Véronique Jourde, 27 mai

Réponse du parti communiste, transmise par Ghislaine QUINTILLAN
Madame,
Les candidates et candidats du PCF lors de ces élections législatives sont porteu-ses-rs de valeurs et d'une politique féministes et ont dans leurs objectifs , s'ils et elles sont élu-e-s mais aussi si ils et elles ne le sont pas, de faire avancer l'égalité des femmes dans la société et de travailler à en éradiquer les racines dans la société. C'est pourquoi ils et elles agissent contre le sexisme et toutes les formes de ses manifestations.Les communistes souhaitent que soit adoptée une loi anti sexiste à l'Assemblée nationale et en ont fait un de leurs objectifs durant la campagne des présidentielles et avant.Ils ont même déposé des projets de loi- jamais débattus- dans ce sens depuis leur projet de loi cadre en 1977.Vous pouvez donc compter sur nous pour continuer à nous battre pour une loi anti sexiste dans la publicité mais allant aussi au-delà de la publicité.Nous attirons cependant votre attention sur le fait que le poids de cette action au sein de l'Assemblée Nationale dépendra aussi du nombre de député-e-s communistes et de l'influence électorale que notre parti aura acquise ou pas lors de cette élection.
En vous remerciant par avance de votre vote pour faire avancer avec nous cette proposition
Amicalement,
Brigitte Dionnet, membre du Comité exécutif national du PCF, 30 mai 02

Réponse de la Verte Pénélope Komites transmise par Murielle Pigot
Madame,
Je suis bien entendu entièrement favorable à ce qu'une loi anti sexiste encadre et surtout évite les dérives actuelles de la publicité. En tant que femme et militante engagée, je ne peux tolérer que le corps de la femme soit de plus en plus traité comme un simple argument marketing. Il est évident qu'un certain nombre de campagnes publicitaires ont ces derniers années largement franchi la ligne jaune en la matière. L'idée de promulguer une loi anti sexiste sur les mêmes bases que celle existantes pour la loi anti raciste est une nécessité urgente qui fera partie de mes priorités si je suis élue à l'Assemblée nationale. Je participe aux mêmes combats que ma camarade Clémentine Autain en la matière.
J'espère avoir répondu de manière satisfaisante à vos interrogations. Je me tiens bien sûr à votre disposition pour toutes vos questions.
Salutations écologistes, Pénélope Komites. 30 mai

Marie-José de Saint Ferreol, Pôle républicain, Bouches-du-Rhône, 14° circ.
"S'agissant de l'exploitation à des fins commerciales du corps féminin, il m'apparait plus efficace de procéder par boycottage du produit auquel il sert de support. En effet, l'application des sanctions dont serait assortie la loi que vous souhaitez voir voter , serait bien postérieure à la campagne publicitaire. Aux marchands du temple il faut répondre par ce qui les touche directement."
Transmis par Evelyne Malcor, 31 mai

3 juin 2002
J’ai reçu une réponse de Bernard Pons (UMP, 16° circ. de Paris, 17° arr.)
« Je partage bon nombre de vos arguments et je suis souvent scandalisé de l’utilisation outrancière qui est faite du corps humain et particulièrement de celui des femmes.
Ces questions, très délicates à manier d’un point de vue législatif et constitutionnel, méritent un examen approfondi.
Je suis favorable à l’examen d’un texte qui pourrait réprimer ces dérives qui constituent une atteinte à la dignité humaine et une réelle perte de sens pour notre société. »
[je traduis : il veut bien examiner, mais il ne s’engage pas à voter]
Florence Montreynaud

Réponse de Jean-Luc Renault Lutte Ouvrière, 31/05/2002 :
Madame,
Vous me demandez dans un courrier récent si je serais favorable au vote d'une loi anti-sexiste établie sur le modèle de la loi anti-raciste de 1972, etc...
Mon organisation, Lutte Ouvrière, a toujours été en première ligne dans le combat contre les préjugés sexistes. etc...
Alors, certes, une loi anti-sexiste aurait le mérite de susciter le débat public sur le respect de la personne humaine, et bien entendu, je serais favorable à ce qu'une telle loi existe, ne serait-ce que pour pouvoir contenir les débordements des publicitaires les plus méprisants vis-à-vis des femmes.
Mais lorsqu'une société est fondée sur l'oppression, elle produit des mentalités d'oppresseurs. Pour s'émanciper de cette oppression, il faut s'émanciper de cette société. C'est le sens de mon combat : pour moi, l'exploitation de l'homme par l'homme, la pire des oppressions, est la génératrice de toutes les autres et notamment du sexisme.
Souhaitant que ces éléments de réponse puissent vous satisfaire en dépit du fait que je ne peux apporter de remède immédiat à un mal aussi profondément ancré dans notre société, je vous prie ...

Réponse en date du 3/06/2002 de"A Gauche Autrement" soutenu par la LCR représenté par Mr Guy AUDOUY et Mme Sylvie FRENILLOT ; Lyon
Madame,
Vous nous avez interrogés sur l'utilisation du corps des femmes dans la publicité. Nous allons tenter de vous donner en quelques lignes notre point de vue sur cette question.
Pour vendre leurs produits, et faire des profits sans limite, les entreprises font appel à la publicité. Dans l'univers patriarcal où nous évoluons, le corps des femmes est devenu un moyen "efficace" de porter un produit pour le faire vendre.
Nous sommes contre l'utilisation du corps des femmes, non pas pour des raisons de puritanisme excessif, mais tout simplement parce que les femmes ne sont ni des objets, ni des marchandises.
Nous en avons assez des représentations dévalorisantes qui sont faites des femmes qui les replacent dans des rôles sans cesse normés : mères, femmes au foyer, putains... et les nouvelles technologies n'ont fait qu'étendre ce phénomène.
Les femmes se sont battues pour leur libération. Ces luttes ont permis un certain nombre d'avancées, mais aujourd'hui rien n'est vraiment gagné.
Chaque jour ce sont des revendications spécifiques à l'oppression des femmes qu'il faut remettre en avant.
Oui, il faut une loi qui cadre cette pratique de l'utilisation du corps des femmes dans la publicité. Mais, plus globalement il faut une loi qui interdise toute pratique sexiste et ce dans tous les domaines de la société pour qu'enfin les droits des femmes avancent.
Au sein d'A Gauche Autrement, la question de l'égalité des droits, les revendications spécifiques des femmes sont des questions qui tiennent une place importante dans notre démarche et notre projet de société.
Nous espérons avoir répondu à votre interrogation, Veuillez agréer...

réponse de Jean CHAMBON (PCF), 8 juin 2002:
Chère Madame,
C'est avec plaisir que je réponds à votre question sur le caractère sexiste de la publicité. Je voudrai tout d'abord vous faire part de mon engagement pour une société égalitaire qui reconnaisse le droit à la différence de chacune et de chacun. S'agissant des femmes, il s'agit de 50 % des êtres humains constituant l'humanité, cette question est réellement pour moi une question de civilisation.
Il ne peut y avoir de développement sans une participation égale de tous les individus au projet de société. Cela a également valeur dans d'autres domaines de la vie comme le travail ou la famille.
C'est pourquoi l'égalité homme/femme ne doit pas être résolue une fois le pays suffisamment développé. Cette égalité est pour moi une condition du développement de chaque pays. On ne peut en effet prétendre au développement en excluant 50 % de la population. Ce qui fait que cette question ne peut être esquivée dans les pays riches comme le nôtre d'autant que l'on constate une aggravation des inégalités particulièrement significative dans les entreprises et d'autres secteurs de la société.
Ainsi, agir pour plus d'égalité dans les pays sous développés ne saurait suffire et ne saurait dans tous les cas dédouaner notre pays de ses propres responsabilités pour lui-même.
Peut on prétendre au statut de civilisation égalitaire lorsque la publicité montre des images de femmes disponibles sexuellement ou qui ne pensent qu'à la mode ? Cela nous donne une image totalement déformée de la situation réelle vécue par les femmes et surtout de leur aspiration légitime à être respectée, à s'émanciper en étant considérée comme l'égale de l'homme dans toutes les sphères de la société.
Dans le même temps c'est un combat tenace à mener par les forces progressistes et par les femmes elles-mêmes sachant que certaines d'entre elles en sont venue à revendiquer une féminité en partie fondée sur les apparences.
C'est le rôle dévolu à la femme qui est ici en question. D'où vient le fait que certaines embauches, ou que l'accès à des responsabilités subissent l'influence du critère sexuel ? L'égalité en droit inscrite dans les textes est très souvent détournée ou tout simplement pas respectée.
La loi sur la parité constitue une avancée très importante pourtant il est assorti d'une prime à son non respect comme il existe un droit payant à polluer ! Cela ne signifie-t-il pas que nous avons besoin, toutes et tous, de mener le combat pour une égalité tout court ? C'est un des moyens pour faire reculer les inégalités sociales qui s'aggravent et dont les femmes sont le plus souvent les victimes.
Le viol demeure un point central de persécution pour les femmes des sociétés développées, les tournantes organisées nous le rappelle tristement. L'image de la femme disponible, consentante montrée par la publicité sexiste ou un type de cinéma terriblement dégradant ou la banalisation de la prostitution sont à mon avis des éléments qui favorisent ces comportements dégradant pour la collectivité humaine.
C'est cet ensemble de questions qui touchent à la dignité humaine qui m'amène à soutenir l'action engagée pour une réglementation très stricte de la pub, par affiche comme par les moyens audiovisuels, comme du cinéma pornographique.
En vous remerciant de votre attention, recevez...

Patrick BLOCHE, parti socialiste, Paris
à Muriel Pigot, 7 juin 2002
Par courriel du 24 mai 2002, vous souhaitez connaître mon opinion relative au vote d'une loi antisexiste.
Le sexisme à l'encontre des femmes est l'un des fondements d'une discrimination persistante de notre société.
A ce titre, il est particulièrement regrettable que les publicitaires préfèrent se fonder sur ces normes sexistes rétrogrades et passéistes plutôt que sur les évolutions sociales les plus contemporaines. Dans la publicité, la femme apparaît ainsi toujours dans les mêmes rôles de soumission : bonne ménagère, unique garante de la santé des enfants et de leur alimentation, bonne épouse collant invariablement aux seuls fantasmes masculins et faire-valoir muet du mari.
Pourtant la société évolue, lentement, mais elle évolue. Les femmes travaillent, sont autonomes. Les couples inventent, dans l'improvisation et sans autre référence que leur aspiration à l'égalité, une nouvelle façon de vivre ensemble, de partager les tâches ménagères, de préserver leurs projets personnels et professionnels.
Ces progrès individuels sont fragilisés par le rouleau compresseur des normes médiatiques et publicitaires que j'évoquais plus haut. La banalisation du sexisme entraîne et autorise de plus des attitudes de mépris, d'agressions et de violences envers les femmes.
C'est pourquoi, je pense que le vote d'une loi anti-sexiste serait un élément décisif pour lutter contre cette forme de discrimination et d'incitation à la violence.
Cordialement à vous
Patrick BLOCHE
Co-auteur et rapporteur de la proposition de loi sur le PACS
Membre de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances

Ghislaine Balland
J'ai envoyé mi-mai une lettre demandant la création d'un texte de loi censurant les publicités sexistes aux candidats socialiste, lUMP et Vert de Rouen (76). Seule la candidate socialiste Valérie Fourneyron m'a répondue le 10 Juin. Voici sa réponse :
Madame,
Vous avez bien voulu me transmettre votre Manifeste " Non à la pub sexiste ! " et je vous en remercie.
Comme vous je crois que le contenu sexiste de nombreuses publicités, auxquelles nous sommes tous les jours confrontés, doit être revu.
En effet, l'utilisation abusive de références pour le moins exagérément sexistes n'est pas digne de notre société. Je suis pour la valorisation des individus, pour le progrès et la mise en avant de l'être humain dans ce qu'il a de plus noble et indépendamment de toute considération consumériste.
Je soutiens donc votre combat et je ne manquerai pas d'en relayer les messages auprès des nouveaux députés qui seront élus le 16 Juin prochain....


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