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28 septembre 2004
La Meute a quatre ans


Lancé le 28 septembre 2000, le Manifeste "NON à la pub sexiste!" a été signé à ce jour par 4 264 personnes et associations, dans 50 pays.

Après quatre années de travail, voici un point sur la situation en France.
L’expression péjorative « publicité sexiste » est passée dans le langage courant.
Le grand public, informé de nos actions par les médias, prend davantage conscience des dangers de la publicité sexiste et réagit. Lors de nos manifestations dans la rue ou de nos actions pédagogiques dans le métro, nous recevons de nombreux encouragements.
Les pouvoirs publics ont annoncé certaines mesures, notamment une loi antisexiste. La ministre française de la Parité et de l'Égalité professionnelle a mis un numéro de téléphone et une adresse courriel à la disposition du public souhaitant adresser des réclamations, et un bilan de celles-ci est annoncé pour l’automne.

PROGRAMME DE LA MEUTE

Nous vous invitons, si vous êtes en accord avec les propositions ci-dessous, à les imprimer, à les signer et à les envoyer par la poste à Mme Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l'Égalité professionnelle (101 rue de Grenelle 75007 Paris), et au député de votre circonscription (Assemblée nationale, 126 rue de l'Université 75355 Paris 07 ).

En France, un projet de loi antisexiste pourrait être discuté prochainement à l’Assemblée. Après quatre années d’action, La Meute contre la publicité sexiste fait le point sur des mesures nécessaires pour venir à bout du sexisme.

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Dans une démocratie fondée sur un idéal d’égalité, comment expliquer qu’on puisse trouver dans un réseau de commerces une carte publicitaire représentant les jambes d’une femme allongée sur le sol, le reste de son corps étant masqué par la porte ouverte d’un lave-vaisselle, avec le texte : « À la place de mon match, elle voulait voir un documentaire sur les étoiles filantes. Elle les a vues. » ? Que soient exposées, dans la rue, des affiches avec une femme de dos, en string, lançant : « Je suis vierge. Et vous ? » ? Qu’on voie à la télévision des hommes, l’air supérieur, vantant des produits d’entretien à des ménagères apparemment stupides, comme dans les « réclames » d’il y a cinquante ans ?
Le sexisme a-t-il donc libre cours au pays des Droits de l’homme ? La liberté d’expression des publicitaires français prime-t-elle sur le droit de chacun-e de ne pas subir de telles agressions ?

PUBLICITÉ ET SEXISME
La publicité commerciale a pour seul objectif d’accroître les ventes d’un bien ou d’un service.

Pour atteindre ce but, les publicités associent un produit (ou le nom d’une entreprise) à des messages (images, sons, mots) destinés à susciter un désir d’achat.

Ces messages ont d’autres conséquences. Ils imposent massivement certaines conceptions du monde et des rapports entre les êtres humains, sans que le public puisse réagir efficacement.

Or ces messages sont, pour une part, sexistes.
En effet, certains constituent des appels à la discrimination, au mépris ou à la violence envers les femmes.
D’autres représentent, en les légitimant et en les valorisant, des stéréotypes sexistes et réactionnaires sur les hommes (comportements machistes) et sur les femmes (injonction à la soumission)
D’autres encore utilisent des images de nudité (féminine en général) ou des allusions sexuelles sans rapport avec le produit.

Comment les citoyens pourraient-ils exercer leur liberté de pensée, alors qu’ils n’ont la possibilité d’échapper à la publicité
ni dans l’espace public : affiches dans les rues, au bord des routes, sur les abribus, dans le métro et sur les autobus, sur certains taxis et voitures ; mise à disposition de cartes dans des commerces, vitrines, annonces sonores dans les magasins…
ni dans les médias : films publicitaires à la télévision et au cinéma, annonces à la radio et dans la presse, pop-up sur les sites internet ?

Dans une société de débat démocratique, ne serait-il pas équitable que le législateur garantisse au public agressé par les messages publicitaires, et en particulier par les messages sexistes, des moyens efficaces pour se défendre, notamment la possibilité d’exercer un droit de réponse ?
La disproportion est en effet considérable entre la puissance économique de l’industrie publicitaire, et la force principalement morale des groupements qui travaillent à faire prendre conscience des dangers du sexisme. Un gouvernement soucieux de mettre en œuvre la parité se doit de prévenir la diffusion de messages sexistes.

La loi française sur le racisme de 1972 a fait évoluer les mentalités. Le racisme et l’antisémitisme n’ont pas disparu des esprits, mais leurs manifestations sont réprimées, et un travail permanent de pédagogie est mené à l’échelle nationale.
Qu’attend-on pour lancer une action de grande ampleur contre le sexisme ? Des mesures de prévention sont indispensables pour que soit enfin perçu le caractère intolérable des violences sexistes.

QUE FAIRE ? LA MEUTE PROPOSE

1. CADRE GÉNÉRAL ANTISEXISTE
La Meute demande une loi antisexiste. Une loi visant l’ensemble des manifestations du sexisme, et non pas seulement la publicité. Une loi exclusivement antisexiste, et exprimant la volonté politique de rendre effectif le principe démocratique d’égalité entre femmes et hommes.

2. CADRE concernant la publicité en général

A. DROIT DE RÉCLAMATION
La Meute demande
que le public soit informé de ses droits à faire valoir ses réclamations concernant une discrimination ou une violence relevées dans un message publicitaire. La Meute demande que figurent sur chaque publicité le numéro de téléphone (avec appel gratuit), l’adresse postale et électronique, d’une part, de l’annonceur, d’autre part, d’un service interministériel chargé de répartir les réclamations selon les ministères concernés. Celles qui concernent le sexisme seront traitées par le ministère de la Parité en liaison avec les associations compétentes. Elles donneront lieu à un rapport annuel, et les annonceurs qui récidiveraient malgré une première remontrance seraient sanctionnés.

B. TRAVAIL DE PRÉVENTION
1) La Meute demande la constitution d’une Commission de validation des publicités qui examinera avant leur diffusion les messages mettant en scène des êtres humains ou utilisant des allusions sexuelles. Cette commission sera composée pour moitié de publicitaires et pour moitié de personnes compétentes en matière d’action contre le sexisme.

Dans le système actuel, fondé sur l’autodiscipline des publicitaires, cette validation est effectuée a priori uniquement pour les films publicitaires destinés à la télévision. Elle est assurée par le BVP, association de professionnels de la publicité dans laquelle ne figure aucune personne compétente en matière d’action contre le sexisme.
Au vu de l’abondance de clichés sexistes dans les publicités télévisées, comment se satisfaire du résultat ? Le filtrage semble un peu plus efficace pour les publicités utilisant la nudité ou la sexualité, qui sont proportionnellement moins nombreuses que dans les autres médias.

Le BVP déclare qu’il visionne 12 000 films par an.
Ce qui est possible pour la télévision l’est pour les autres médias.

2) La Meute demande que les pouvoirs publics prennent en charge la réalisation de matériel pédagogique et la diffusion de fiches, dépliants, manuels, films analysant le sexisme dans la publicité, dans les écoles, ainsi qu’à la télévision publique, dans une émission régulière.


LE SEXISME EST UN MAL.
LA PUBLICITÉ SEXISTE LE BANALISE.

À lire : la présentation de « sept arguments pour rééquilibrer le projet de loi contre les propos sexistes et homophobes »
voir http://www.chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=343



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