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6 janvier 2001

4° réunion de la meute locale parisienne
compte rendu + informations complémentaires au 22.1.01

20 personnes présentes
1. Actions-trottoir (Danièle Thomas, Claudine de Monfreid).
En quoi elles consistent : dans un endroit public (place, jardin), engager la conversation avec des passant-es ; leur montrer quelques publicités sexistes (quatre ou cinq) découpées dans des magazines, leur demander ce qu'ils/elles en pensent et noter leurs réactions ; leur demander leur accord pour faire figurer l'essentiel de leurs propos sur le site de La Meute (avec au moins prénom, âge et profession) ; s'ils/elles semblent intéressé-es par une action contre le sexisme, leur donner le Manifeste " NON à la pub sexiste ! "
Certaines femmes sont gênées de voir des images qui leur semblent pornographiques, elles disent que ça ne les concerne pas, que c'est pour exciter les hommes, et elles ne souhaitent pas les commenter. En majorité, les personnes rencontrées en ont assez de se voir infliger de telles publicités. Nous leur expliquons le concept de " droit de légitime réponse " mis au point par Yvan Gradis (fondateur de Résistance à l'agression publicitaire) : face au pouvoir des publicitaires, nous voulons faire entendre nos réactions en exerçant ce droit.

2. Comment nous faire entendre ? (Voir nos demandes dans le Manifeste)
En Grande-Bretagne, selon les médias, la pub d'Opium (la femme nue au corps blanc, en train de jouir) a été arrêtée car l'ARA (Autorité de régulation de la publicité) avait reçu 737 plaintes. En France, le BVP (Bureau de vérification de la publicité 11, rue Saint-Florentin 75008 Paris Tél. 01.40.15.15.40 ; mél : contact@bvp.org) ne joue pas ce rôle (il groupe des annonceurs) et il n'est pas connu du public : selon Culture pub, n°1, il n'aurait reçu que deux lettres de protestation en réaction à la pub pour la crème Babette (je la lie je la fouette)
Nous sommes déjà nombreux - plus de mille - à avoir signé le Manifeste" NON à la pub sexiste ! " Ce 6 janvier est aussi celui de l'ouverture officielle du site de La Meute http://lameute.org.free.fr : les noms des signataires y figurent et la liste sera tenue à jour. De même, pour les chefsdemeute dans d'autres villes (une dizaine de meutes locales sont en cours de constitution, voir sur le site).
Outre les réunions du premier samedi du mois, des membres de la meute parisienne se retrouvent pour une réflexion mensuelle, menée en commun avec des adhérents de RAP, le 4° mercredi du mois, à 20h.
Pour communiquer entre nous, Perline propose de créer une liste de diffusion. Pour vous inscrire, écrivez à lameute@perline.org.
Avez-vous des idées d'action pour le 8 mars (Journée Internationale des femmes) ?

3. Réflexions sur des publicités sexistes
3.a allusion à la prostitution téléphone Nomad. Le 3 mars 2000, après la pub avec une photo de poupée gonflable et le slogan " votre fiancée va en rester bouche bée ", la direction de Bouygues avait annoncé qu'elle prenait des mesures pour éviter toute nouvelle " erreur ". Or dans le métro parisien et dans des hebdo, nouvelle campagne discutable en décembre 2000. Une image au masculin montrant des mains et la manche d'un pull, trois images de femme ; le slogan, identique, n'a pas le même double sens ; cas le plus frappant : un buste avec une robe très décolletée ; le slogan apparaît sur la peau au-dessus des seins : " 1 heure 100 francs – Nomad - sans engagement ". Le lien avec la prostitution semble évident à la majorité des personnes interrogées, et à presque tous les hommes (avec ce commentaire : " c'est pas cher ! ")
3.b analyse de la fausse symétrie homme-femme : À nous Paris, journal gratuit diffusé dans le métro (voir page publicités sexistes). Quand une campagne présente deux versions, l'une masculine, l'autre féminine, il est intéressant d'analyser les différences.
3.c réflexion collective sur la pub Twingo : une voiture dans un hall d'exposition ; à côté : une chaise sur laquelle sont posés des vêtements et un sac de femme ; par terre, des chaussures à talon aiguille. Slogan : " pour voir si elle vous va, commencez par l'essayer. " Un exercice oral et écrit (voir page publicités sexistes) met en évidence les différences entre nous : réactions, perception et analyse.
3.d s'exprimer SUR une pub. Réactions à la pub dans le métro pour les chaussettes Bleu Forêt. Plusieurs images, avec une femme exhibée, peu habillée, et un homme vêtu de noir, la tête cachée par un chapeau. Slogan : " et mes chaussettes [ou et mes jambes], tu les aimes ? " (allusion au dialogue entre Bardot et Piccoli au début du film de Godard, Le Mépris). On relève des réactions écrites sur les affiches : " Quel rapport ? ", " Cette pub ne respecte pas les femmes ", etc. Plusieurs interventions en faveur de réactions de ce type ; Perline : si dégrader le matériel fixe est interdit, écrire sur une pub ne l'est pas. Cédric Schönwald montre des photos d'affiches sur lesquelles des militants d'une association catholique avaient collé des affichettes de dénonciation : la colle a coulé et les dégoulinades blanchâtres font un effet scabreux. Florence Montreynaud : réagir à un slogan publicitaire par un slogan féministe ne suffit pas ;notre démarche est aussi d'inciter à voir et à comprendre, en faisant appel à l'intelligence, avec des mots d'explication et d'analyse. Nous ne cherchons pas à séduire, au contraire de la pub, qui utilise souvent des images fortes, belles et bien faites, agissant sur les émotions.

4. ACTIONS EN COURS
4a. Croix-Rouge française (publicité télévisée " si Adriana n'est pas disponible, demandez Roger " ; action lancée le 16 novembre 2000)
Je n'ai pas reçu de réponse à ma lettre au Pr Gentilini du 17 novembre 2000, dans laquelle je lui faisais, avec l'ensemble des signataires du Manifeste " NON à la pub sexiste ! ", la demande suivante : " prendre l'engagement de ne plus avoir à l'avenir recours à des éléments sexistes dans votre communication ".
Nous convenons que je lui renvoie cette lettre en demandant une réponse avant le 2 février (fait le 21 janvier 2001, voir page actions). Il semble que la Croix-Rouge cherche à se moderniser en se donnant une image " jeune ". Pourquoi avoir choisi cette campagne avec une femme objet et victime au lieu d'images avec Adriana Karembeu en secouriste, donc d'une femme active offrant un modèle positif ?
Pour une action éventuelle, nous réfléchissons à une mise en scène. Les masques de Chiennes avaient contribué à la popularité des Chiennes de garde. Frédéric Caby suggère des masques de loups (pour notre meute de loups/louves/louveteaux). Perline se renseigne. Marie-Noëlle Bas propose d'être attachée de presse pour nos actions publiques.

4b. Chaussures " Mac "
Il s'agit des chaussures de luxe Weston, que nous évitons au maximum de nommer, pour éviter de leur faire de la pub.
Trois images publiées en décembre 2000 dans Le Monde (l'une aussi dans Le Nouvel Observateur). Même mise en scène : une chaussure d'homme au premier plan, masquant (ou dominant) le sexe d'une femme, dont seul le torse est vêtu et dont l'attitude est celle d'une prostituée se proposant. (détails : voir texte action MAC)
Nous (quatre membres de la Meute) avons fait le 23 décembre 2000 une action-trottoir devant le magasin de la rue de Rennes où nous avions remarqué ces mêmes images en vitrine. Elles n'y étaient plus. Nous avons montré les images à des passant-es et aux clients qui sortaient du magasin. Une responsable est sortie et nous a dit que le PDG avait fait retirer les affiches des magasins, à la suite de plaintes de clients.
Nous convenons que j'écris au PDG en lui demandant une réponse avant le 15 janvier. Nous déciderons de l'action selon sa réponse (parmi les idées : se déguiser -bas résille pour les filles- et demander à parler au mac). J'écris aussi aux deux journaux.
J'ai reçu du PDG une réponse datée du 15 janvier (voir texte action). Au 22 janvier, aucune réponse des journaux.
J'ai reçu une copie de la lettre que Catherine Génisson, rapporteuse générale de l'Observatoire de la parité, a écrit, pour le même motif, aux directeurs des deux journaux. Elle emploie des arguments intéressants : " La publicité fait partie intégrante du journal, ne doit-elle pas être en cohérence avec des choix rédactionnels ? Vous n'imagineriez pas diffuser une publicité raciste, alors pourquoi cette tolérance à l'égard d'une publicité sexiste ? " Et aussi : " à l'heure où les pouvoirs publics accordent la plus grande importance aux violences faites aux femmes pour mieux les faire disparaître, l'univers de la publicité resterait-il celui qui met en scène des fantasmes masculins empreints de violence et de domination sur les femmes ? "

5. Travaux pratiques
Après le déjeuner, nous faisons, à plusieurs équipes, une action-trottoir place St-Michel. Elle est filmée pour un reportage de Fashion TV, une télévision canadienne, et dessinée par Cabu pour le numéro spécial de Charlie Hebdo sur la pub, qui sortira fin mars. Nous convenons de recommencer après chaque réunion de la meute. Rendez-vous le premier samedi du mois, entre 14h30 et 16h, devant la fontaine St-Michel.

Certain-es d'entre nous se joignent le 20 janvier à l'action " au grand jour ", organisée par Yvan Gradis et Le Publiphobe : une opération de " barbouillage " de plusieurs panneaux publicitaires. Pour participer à la prochaine, contactez Le Publiphobe, 56 bis, rue Escudier, 92100 Boulogne-Billancourt, tél. 01 46 03 59 92, fax 01 47 12 17 71.

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Prochaines réunions de la meute parisienne : samedis 3 février, 3 mars, 7 avril, 5 mai, 2 juin, de 10h à 12h30, à l'Espace St-Michel 7 place St-Michel 75005 Paris (au sous-sol du restaurant). Apportez des publicités que vous aurez trouvées dans la presse !
Ensuite, certains d'entre nous restent déjeuner au restaurant (menu à 68F). L'après-midi, action-trottoir.