Fondation Nicolas Hulot (affiches, juillet 03)

La Meute a fait deux actions-trottoir les 23 et 24 juillet à Paris, 92 bd Raspail, devant un mur où se trouvent côte à côte quatre affiches publicitaires pour la fondation Nicolas Hulot, avec un énorme sein blanc d’où coule un liquide noirâtre.

Le 24 juillet, nous étions une vingtaine ; parmi nous Francine Bavay, écologiste et féministe, élue Verte, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, et membre de La Meute .
Nous portions les banderoles « La Meute » et « NON à la pub sexiste ! », ainsi que des panneaux avec des slogans :
NON AU RACOLAGE SEXISTE !
TOUS LES MOYENS NE SONT PAS BONS !
NON AUX IMAGES MORBIDES !
UNE MÈRE QUI DONNE LA MORT ?
SIMPLISME = DANGER

Pendant ces deux actions, nous avons dialogué au total avec plus d’une centaine de passant-es. Une bonne moitié ne comprenait pas le sens de l’affiche et beaucoup ont pensé qu’il s’agissait de prévention du cancer du sein.
La majorité s’est dite choquée par la violence de l’image et a approuvé notre action. Une petite minorité, surtout de jeunes hommes, a trouvé nos protestations exagérées, en regard de l’importance de la cause à défendre, la protection de la « mère-nature ».

L’action de La Meute a été annoncée par plusieurs quotidiens. Elle a fait l’objet de reportages ou d’interviews, notamment à la radio sur RMC et sur TSF, et à la télévision sur FR3 le 23 et sur M6 le 24.

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18 juillet 2003

Lettre ouverte à Nicolas Hulot

Monsieur,

Vous avez lancé le 17 juillet 2003 une campagne publicitaire pour votre fondation. Sur des centaines de panneaux à travers la France, vous affichez en 4 x 3 m la photo d’un sein de femme, avec des veines apparentes et un mamelon gonflé dont s’écoule un liquide noirâtre.
L’affiche porte ces seuls mots : Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.

Encore une fois, un morceau de corps féminin sert à des fins de propagande publicitaire. Pour choquer, vous employez la méthode qui est trop souvent utilisée pour vanter des marchandises, dans des publicités sexistes qui polluent les rues et les routes françaises. Vous annoncez que vous défendez la nature et l’homme ( !), et vous exhibez un sein de femme nu, avec une image repoussante qui fait penser à une maladie.

Le sein féminin, à la fois nourricier et érotique, est un symbole de vie et de désir. Pourquoi le choisir pour représenter une source de mort, avec cette image d’un liquide noirâtre qui l’associe aux pollutions pétrolières ravageant la faune et la flore ? Avez-vous pensé que votre affiche peut faire peur à des femmes qui allaitent ? Qu’elle peut traumatiser des femmes qui constatent un écoulement inquiétant de leur sein ?

Le sperme est blanchâtre comme le lait, et il peut aussi symboliser la vie et le désir. Auriez-vous envisagé de représenter une verge dont s’écoulerait un liquide noirâtre ? Pourquoi est-ce un organe féminin que vous réduisez ainsi au statut de chose, d’élément morbide ?

Votre image simpliste et violente est dangereuse. Même pour attirer l’attention sur la protection de l’environnement, tous les moyens ne sont pas bons !

La Meute, mouvement mixte contre la publicité sexiste, vous demande de retirer cette affiche.

Vous pouvez écrire vous aussi, en reprenant cette lettre ou en vous en inspirant.

L’affiche est visible sur le site www.planete-nature.org : http://www.planete-nature.org/actu/nicolas.php?PHPSESSID=e97e96079b0b9a09596065f166c221c9.
L’agence publicitaire qui l’a réalisée est CLM/BBDO.


Adresse postale : Fondation Nicolas Hulot 52 bd Malesherbes 75008 Paris
Adresse courriel : fnh@fnh.org

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AUTRES COURRIELS DE MEMBRES
de La Meute envoyés à Nicolas Hulot

Monsieur,

Je viens d'allaiter ma fille pendant quelques mois, et votre affiche me fait horreur. Aucune des justifications que vous proposez ne me convient : utiliser la provocation pour attirer l'attention peut passer par bien d'autres moyens que cette instrumentalisation du corps des femmes, corps morcelé, réduit à une fonction nourricière qui, si belle soit-elle, reste une réduction décervelante.
L'avenir de la planète et de tous ses êtres humains en particulier est un sujet qui me tient à coeur mais jamais votre fondation ne recevra mon soutien tant que vous choisirez ces moyens pour la promouvoir. Je vous demande, par conséquent, de bien vouloir retirer cette campagne d'affichage comme La Meute, mouvement féministe et mixte, vous y invite déjà.
Raphaëlle Branche

Vos actions pour la protection de l'environnement méritent le respect, et je trouve votre engagement vis à vis de la nature courageux et honorable.
Toutefois, j'ai vu l'affiche qui a été choisie pour faire connaître votre fondation. Je la trouve extrêmement salissante, moralement et physiquement, pour une femme.
Elle m'a saisie d'effroi tant l'intimité de la femme est bafouée dans cette image. J'ai eu l'impression, moi, en tant que femme, de contenir toute la noirceur du monde................
Je ne comprends pas pourquoi des personnes sont incapables de comprendre que les zones intimes du corps humain ne doivent pas être exposées de façon arbitraire, et salies de cette façon.
La comparaison avec les marées noires récentes pouvait être montrée autrement, moins intimement pour le corps de la femme.
Je vous pose la question: Qu'auriez-vous penser si une campagne publicitaire avait utilisé l'image d'un bébé pour montrer le parallèle avec les récentes pollutions?.
Magali Bailly

Je suis tout à fait d'accord avec votre message d'alerte concernant la sauvegarde de la planète et je fais tout mon possible pour éduquer et sensibiliser mes filles dans le respect de la nature.
Par contre je suis assez effrayée par le choix de votre affiche, représentant un sein d'où s'écoule un liquide noirâtre. Certainement que c'est le but, mais avant de me faire mal au moral il me fait mal dans mon intégrité de femme, il me fait mal à mes propres seins. J'ai allaité mes bébés, tout en sachant qu'il y a certainement des pesticides, des produits nocifs dans mon organisme et que je les transmettais à mes petites. Je comprends bien le message de la terre nourricière qui est malade mais d'autres images pourraient être moins "féminisées", moins violentes envers mon corps et celui de mes consoeurs!
J'aime votre combat, vos documentaires, vos prises de paroles sans langue de bois, alors s'il vous plait ne tombez pas dans la facilité des campagnes publicitaires actuelles qui font du corps de la femme un objet!
Je vous serai donc très reconnaissante de retirer cette affiche .
Michèle Gué

Je viens de découvrir l'affiche de votre campagne publicitaire. J'ai été opérée deux fois au sein à l'Institut Gustave Roussy et je peux vous dire que votre affiche me remplit d'angoisse et de peur.
Nous sommes nombreuses à cacher des cicatrices, grandes ou petites.
Certaines parmi nous sont juste à côté de vous, et vous l'ignorez. D'autres seront demain touchées... une mère, une soeur, une épouse, une amie, une amante, une fille...
Tout ce qui nous rappelle nos cicatrices ouvre une chambre noire de souvenirs et de menaces. Doit-on vous remercier de nous rappeler que nous pouvons mourir demain ? Pour nous mettre "sous le nez" comment ça peut arriver ? Non, pas symboliquement. Concrètement.
Dommage, j'aime bien votre action et je vous espérais plus sensible à la souffrance humaine.
Cordialement,
A. Gendre-Peter

Non-assistance à planète en danger dites-vous !!
J'ai lu votre édito (sur votre site) en tant que président de la Fondation Nicolas Hulot que je connais depuis un certain temps déjà. Et vous aussi personnellement, par vos actions à la protection de notre planète.
Je suis tellement d'accord avec vous, chacun(e) est responsable.
Votre campagne publicitaire, comme vous le dites, n'a qu'un objectif, c'est de faire réfléchir chacun(e) sur son rôle, de façon individuelle et collective.
J'adhère avec vos idées et vos actions à 100% et par conséquent, j'adopte personnellement au maximum de mes possibilités un comportement exemplaire vis-à-vis de mes proches, au travail, etc. puisque convaincue.
Mais là où je ne suis pas d'accord, c'est l'image utillisée pour votre campagne.
Avec comme titre, "Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'Homme".
Le titre est-il suffisamment parlant pour nous faire partager votre désarroi face à notre irrespect de la planète ?
N'y avait-il pas moyen d'utiliser une image choquante autre que celle que l'on voit tous les jours, inlassablement, celle du corps de la femme, toujours très utilisée et tant aimée pour des fins publicitaires ? Beaucoup d'entre nous, femmes, en avons si marre !!
Alors, même pour des questions environnementales, on nous utilise...
Il y a tant d'images choc, vraies, de la nature elle-même abîmée, détruite par les humains, des images qui sont la conséquence de notre irrespect au quotidien, qui pourraient nous faire réfléchir, nous consommateurs, mais de grâce pas cet éternel morceau de corps féminin.
À juste titre, cette image pourrait faire peur à certaines jeunes femmes... vu que dans certains cas pathologiques, un écoulement peut survenir et cela n'est pas anodin ... !!
Et tout le monde comprend-il votre message à la vue de l'affiche et pense-t-on tous comme vous à la vue de celle-ci : "du sein de la mère nourricière, symbole de la pureté, s'écoule un lait pollué". ??
J'aurais bien du mal à le croire.
ET si un morceau de corps féminin a été choisi, pourquoi ne pas changer un peu de partie du corps et masculin cette fois et utiliser la verge en érection d'où s'écoulerait ce fameux liquide noirâtre au lieu du sperme blanchâtre ?
Quel choc ce serait !!
Là, vous en auriez des réactions négatives.... !! Vous choqueriez toute la population parce que pas habituée sans doute à ce genre d'image.
Oserait-on seulement une image telle que décrite sans qu'elle ne soit censurée ?
Mais nous les femmes, nous devons tout accepter et par les multiples façons dont les publicitaires usent d'imagination à notre égard pour vanter toutes les marchandises et produits à consommer...
Cette affiche n'est certes pas à comparer avec d'autres affiches (érotiques, suggestives et porno chic) quotidiennes mais pourrait-on imaginer un jour autre chose qu'un sein pour attirer l'attention des consommateurs ?
Je vous suis solidaire dans vos démarches environnementales mais très déçue dans le choix de l'affiche.
Bernadette Cornet

Vous faites mon admiration, vos émissions sont magnifiques et votre engagement est vital à notre avenir.
Mais quelle idée désastreuse d'associer un sein féminin à une fatale pollution !
Les femmes sont déjà sommées de voiler leurs cheveux et leur corps, corps qui détourne les hommes musulmans du droit chemin. D'autres sont obligées de subir l'excision, l'intégrité de leur sexe et de leur plaisir étant à la fois offense et danger social. Il y a quelques dizaines d'années, les Chinoises avaient les pieds bandés puisque des pieds normaux de femme étaient considérés comme signe de basse caste, parlons encore de ces femmes mauritaniennes que l'on engraisse puisqu'un corps fin et agile rendrait inaccessible un bon mariage.
Alors ce sein au lait pollué n'en rajoute-t-il pas à cet anathème sur le corps féminin voué à la damnation puisque objet de plaisir.
Vous jouez sur l'objet du plaisir devenu répugnant.
Vous jouez contre les femmes. défenseur de la nature, homme de bien, vous mettez les femmes hors jeu, puisque c'est par elles que le malheur se montre dans cette annonce.
Auriez vous pensé à une verge bandante éjaculant le même liquide ? Désolée. Mais s'il faut le dire comme vous le montrez, ça revient à ça.
Chantal Danet

J'aime beaucoup votre travail et votre engagement pour la belle et grande cause "Non-assistance à planète en danger". Mais votre dernière affiche me rend très mal à l'aise. Ça me fait quelque chose de voir le sein d'une femme associé au pétrole qui souille le monde. La femme donne la vie, son sein est aussi porteur de plaisir pour elle et son mari ou compagnon. Et puis, c'est une femme tout simplement dont la publicité s'empare si souvent comme objet alors qu'elle est sujet et bien souvent particulièrement engagée dans les grandes et nobles causes, bien plus que les hommes.
Je vous en prie, n'associez pas la femme à la pollution ! Ça n'a rien à voir. Ce sein est beau et désirable, il est pur. Nous n'avons pas le droit de le souiller. Plus encore, nous avons le devoir de le protéger. De tout faire pour le protéger.
Et puis, pour ma petite personne, je suis vraiment très mal à l'aise devant votre photo. Elle me fait souffrir, ça appelle trop de moi.
Alors, si cela est possible, n'affichez pas tout ça ! Faites nous plutôt du grand Hulot, noble et humble à la fois et pourtant qui dit et parle à hauteur d'homme ... comme je l'aime quoi !
Gabriel Képéklian

Vous avez lancé le 17 juillet 2003 une campagne publicitaire pour votre fondation. Sur des centaines de panneaux à travers la France, vous affichez en 4 x 3 m la photo d'un sein de femme, avec des veines apparentes et un mamelon gonflé dont s'écoule un liquide noirâtre.
L'affiche porte ces seuls mots : Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme.
Vous avez certainement fait cette publicité dans le but de choquer, sachez que vous avez largement atteint votre objectif avec moi. Nous ne respectons pas la nature, c'est un fait et c'est extrêmement grave. Je me sentais impliquée moi aussi dans la protection de la nature. Mais vous m'avez agressée, et j'avoue avoir été dégoûtée par votre cause quand j'ai vu votre horrible publicité au journal de 20 heures. A mon avis nous ne respectons pas non plus les femmes (qui outre des objets de désir, parfois nourriciers, sont des êtres humains comme les hommes).
Je m'inquiète de l'environnement, mais je m'inquiète aussi (même si cela est sûrement moins grave) des insultes aux femmes que l'on fait tous les jours (pourquoi nous dégrader constamment et crument en montrant des seins en gros plan ?) la femme n'est-elle donc à vos yeux qu'un objet ? A qui l'on ne prête souvent même pas de capacité de réflexion...
Le sperme est blanchâtre comme le lait, et il peut aussi symboliser la vie et le désir. Auriez-vous envisagé de représenter une verge dont s'écoulerait un liquide noirâtre ? Si non j'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi. Les hommes ne se seraient-ils pas sentis agressés, dégradés, restreints à une fonction de planteur d'enfant ? Pourquoi est-ce un organe féminin que vous avez choisi ?Je vous lance moi aussi un message de détresse.
J'avoue que je ne sais plus trop où j'en suis; alors que l'environnement devrait être un sujet prônant le respect, la tolérance, vous affichez une image que je trouve extrêmement dégradante pour les femmes. Pourquoi nous punir ainsi ? Les hommes ne polluent-ils pas eux aussi ?
Je ne suis pas un homme; j'ai peut-être tort dans ce qui suit; mais je pense que nombre d'entre eux vont prendre cette image comme quelque chose d'érotique tout simplement. Vous aurez sûrement des fonds, puisque le sexe fait vendre ... mais pas les miens.
Maryse Ardelier

J'ai été écoeurée en voyant votre affiche publicitaire montrant un sein de femme d'où s'écoule un liquide noir.
Montrer des seins nus, des femmes nues, des morceaux de corps de femme nue est généralement l'habitude de beaucoup d'agences de publicité, qui incitent (de façon sexiste) les gens à acheter, consommer et donc à jeter, épuiser inutilement de l'énergie et des matières premieres et polluer l'environnement. Je constate avec horreur que vous utilisez non seulement les mêmes méthodes sexistes, mais en plus avec une dimension morbide et mortifère qui me donne presque la nausée.
Je suis écologiste, je suis entièrement convaincue de l'importance de la protection et de la préservation de l'environnement. Mais je suis aussi attachée au respect de l'être humain et au respect de l'image de la femme en particulier. Une telle publicité n'a pour effet que me détourner de la cause que vous défendez. Je vous demande donc de retirer au plus vite ces affiches.
Marie-Hélène Lahaye

Le 17 juillet 2003, votre fondation a lancé une campagne publicitaire contre la nature et la gent féminine : à travers la France, sur des centaines de panneaux, vous affichez en 4 x 3 mètres la photogaphie d'un sein de femme, avec veines apparentes et mamelon gonflé dont s'écoule un liquide noirâtre répugnant.
L'affiche porte ces seuls mots : "Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme".
Encore une fois, comme de la viande, un morceau choisi de corps féminin est servi à la propagande. De plus, pour choquer : - vous utilisez la méthode vantant les marchandises dans des publicités sexistes qui polluent mondialement les vues que vous prétendez défendre, - puis vous annoncez que vous soutenez la nature et l'homme (dans le sens général du terme, sans doute) en exhibant un sein de femme nu avec une image repoussante qui fait penser aussitôt à une terrible maladie.
Savez-vous que le sein féminin, nourricier et érotique, est symbole de vie et de désir ? Pourquoi le choisir pour représenter une source de mort, avec cette image d'un liquide noirâtre qui l'associe aux pollutions pétrolières ravageant et détruisant la faune et la flore ? Avez-vous pensé que votre affiche peut faire peur à des femmes qui allaitent, traumatiser des dames qui constatent un écoulement inquiétant de leur sein et choquer des enfants ?
Par ailleurs, le sperme est blanchâtre comme le lait : il peut aussi symboliser la vie et le désir. Auriez-vous envisagé de représenter une verge dont s'écoulerait un liquide noirâtre dégoûtant ? Pourquoi est-ce un organe féminin que vous réduisez ainsi au statut de chose et d'élément morbide ? Votre image simpliste et violente est dangereuse. Pour attirer l'attention sur la protection de l'environnement, tous les moyens ne sont pas bons !
Enfin, votre slogan "Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme" est inadapté : - vous rappelez de force aux femmes la règle grammaticale inégalitaire "le masculin l'emporte sur le féminin", l'on se demande bien pourquoi, - et vous vous servez d'une femme pour parler "d'homme".
Que de mauvais choix ! Non seulement toutes les femmes vous méprisent mais, en plus, vous provoquez facilement le rire. Ainsi, avec cette manifestation, vous devenez la risée de la défense de la nature : quel sérieux ! Aussi, membre de La Meute, mouvement mixte contre la publicité sexiste, je vous demande d'arrêter les méfaits de cette campagne contre Dame nature et les êtres humains.
Denise Guiramand

Je m'associe à cette lettre de la Meute. Il y a d'autres moyens d'expression qu'une telle affiche morbide pour mener une "campagne choc".
Je vous demande de retirer cette affiche et vous invite, à l'avenir, à ne plus confier vos projets à l'agence CLM/BBDO qui a été très mal inspirée et va ternir votre image.
Maxime Jean

J'ai vu vos panneaux avec la photo d'un sein de femme avec des veines apparentes et un mamelon gonflé dont s'écoule un liquide noir!
Vous utilisez et perpétuez le dépeçage publicitaire du corps de la femme avec le prétexte d'être « pour la nature et l'homme (???) »! Avec une annonce comme le vôtre, qui peut croire que vous défendez la nature et l'homme (l'homme?)? Et, en même temps, vous employez une ressource polluante, et insultante et dégradante pour les femmes, qui est très commune dans des publicités sexistes qui polluent l'environnement pour vendre des marchandises. Seulement regardez les rues et les routes françaises! Vous commencer par être « pour la nature et l'homme » en dégradant le corps féminin et en polluant l'espace public et les paysages?
Avez-vous pensé ce qu'une annonce comme le vôtre peut suggérer aux femmes qui sont en train d'observer un écoulement inquiétant de leur sein? C'est terrifiant!
Avec votre publicité, je peux constater que votre fondation n'a aucun respect pour la nature et les femmes, ni pour les hommes qui sont toujours nourris par elles.
Je ne fais pas cause commune avec une fondation comme la vôtre : sans conscience sociale et qui méprise les femmes.
Je vous demande de retirer cette affiche.
Yolanda Francis

Vous avez lancé le 17 juillet 2003 une campagne publicitaire pour votre fondation. Sur des centaines de panneaux à travers la France, vous affichez en 4 x 3 m la photo d'un sein de femme, avec des veines apparentes et un mamelon gonflé dont s'écoule un liquide noirâtre.
L'affiche porte ces seuls mots : Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme.
Votre envie d'attirer l'attention du public vous égare ! Pour vous aussi alors, tout est bon pour choquer, déranger, se faire remarquer... Bravo, c'est réussi ! Et tant pis pour le respect des autres, tant pis pour la pudeur des personnes qui regardent ces affiches, tant pis pour l'objetisation des femmes et merde à La Meute...
Bravo ! Je dois avouer que je n'ai tout d'bord rien compris au "message" : j'ai pensé à une galerie d'art d'avant-garde, aux adeptes du piercing, à une maladie répugnante... En lisant "Fondation Nicolas Hulot", je n'ai même pas pensé au Nicolas Hulot de la télé ! Le protecteur de la nature ! Quel rapport avec un sein maladif ?? Et puis assez rapidement, je me ressaisis : encore une fois, un morceau de corps féminin sert à des fins de propagande publicitaire. Pour choquer, vous employez comme dans les autres publicités sexistes la méthode qui est trop souvent utilisée pour vanter des marchandises. Vous annoncez que vous défendez la nature et l'homme (quelle ironie ! presqu'une provocation ! après ça, on se doute bien que ce ne sont pas les femmes que vous défendez !), et vous exhibez un sein de femme nu, avec une image repoussante qui fait penser à une maladie.
Que le sein féminin soit un symbole de vie et de désir, à la fois nourricier et érotique. Dans ce cas, pourquoi le choisir pour représenter une source de mort, avec cette image d'un liquide noirâtre qui l'associe aux pollutions pétrolières ravageant la faune et la flore ? Avez-vous pensé que votre affiche peut faire peur à des femmes qui allaitent ? Je n'ai personnellement pas encore d'enfant, mais cette image me donne plus envie de vomir que d'allaiter. Quand il s'agit de montrer des seins dans la publicité, nous avons donc le choix entre l'objet gonflé à la silicone, ou le sein décoloré et maladif : génial ! Qu'avez-vous donc contre nos seins pour les aimer aussi mal ? J'avoue que je ne comprends pas votre démarche. Le sperme est blanchâtre comme le lait, et peut aussi symboliser le jaillissement de la vie. Auriez-vous envisagé de représenter une verge en gros plan, dans des couleurs rosâtres, et dont s'écoulerait un liquide noirâtre ? Je n'y crois pas un seul instant. Alors pourquoi est-ce encore un organe féminin qui se trouve ainsi réduit au statut de chose, d'élément morbide ?
Votre image simpliste et violente est dangereuse. Même pour attirer l'attention sur la protection de l'environnement, tous les moyens ne sont pas bons. D'autant qu'on pense à beaucoup de choses, mais pas à l'environnement !
La Meute, mouvement mixte contre la publicité sexiste auquel j'adhère, vous demande de retirer cette affiche.
Sandrine Dekens

Je regrette le contenu de votre affiche actuelle représentant une femme dont le sein laisse écouler un liquide noirâtre. L'image est choquante et représente la femme d'une manière négative, repoussante. La femme devrait plutôt évoquer l'amour...
La protection de l'environnement exigerait au contraire un message bienveillant et positif.
Je vous demande de retirer cette publicité déplorable.
Avec mes regrets,
A. Morel

Je suis extrêmement sensible à la cause que vous soutenez et je la soutiens moi-même. J'admire vos émissions, votre sensibilité, votre discours sur l'environnement, mais le choix que vous avez fait pour votre campagne publicitaire est révoltant.
Vous qui n'avez pas votre langue dans votre poche, vous qui vous vous revoltez contre les injustices. Vous êtes un homme de coeur, de courage, pourquoi oubliez-vous la cause des femmes au profit de celle qui concerne la planète?
Illustrer le problème de la terre-mère par le sein d'une femme d'où s'écoule un liquide noirâtre, c'est stigmatiser le corps de la femme en général. Avez-vous pensé aux femmes qui ont le cancer du sein, aux femmes qui allaitent ou qui vont allaiter? Des images d'une telle violence ne sont pas à afficher dans l'espace public aux regards même des enfants.
Il y a quand même d'autres moyens d'illustrer l'urgence de la catastrophe écologique.
Le sein est une partie intime du corps féminin, pourquoi toujours le montrer ainsi? Pourquoi le sein est utilisé comme objet pour vendre un produit ou une cause? Que ce soit comme objet de désir ou de dégoût/repulsion comme c'est le cas ici? Pour ma part, je crois que l'humanité a besoin de beaucoup de temps pour dépasser son stade animal.
Je suis vraiment choquée et je suis déçue de votre choix. Car sur une autoroute ou dans le métro, les gens ne verront qu'un sein de plus exhibé au regard de tous, un de plus. Si vous viviez à Paris vous sauriez déjà à quel point les publicités usent et abusent de ces provocations (la pub sanex en Avril/Mai avec un buste de femme nue en gros plan partout dans le métro) .Vous entrez donc là de plein pied dans le jeu des publicités qui utillisent ce discours: "on placarde un bout de corps féminin nu en gros plan et on vend". Dans votre cas, il ne s'agit pas de vendre un produit, certes, mais le moyen et les effets néfastes restent les mêmes pour mettre en péril la dignité des femmes de ce monde.
Allez courage les femmes, moitié de l'Humanité, moitié qui souffre bien souvent et ... qui vit aussi sur cette planète polluée. Pourquoi donc l'incriminer en particulier? Pourquoi ne pas représenter dans ce cas du sperme noir, créateur de vie lui aussi? Pourquoi la représenter encore comme une victime, étant donné que le sein malade représente la terre nourricière victime de la folie destructrice des hommes? Non, les femmes ne doivent pas être considérées comme des victimes, sinon elles seront toujours considérées comme telles et leur situation dans le monde sera loin d'évoluer.
S'il vous plaît Mr Hulot, changez votre affiche, prenez conscience au-delà du symbole que vous voulez y placer (et ce symbole malheureusement vous semblez en être satisfait), des conséquences pernicieuses qu'elle porte en elle pour toutes les femmes de cette Terre. Oubliez cette impression de satisfaction que vous éprouvez à l'égard ce cette affiche, c'est une affiche empoisonnée pour la dignité des femmes. Ayez du respect pour elles autant que vous en avez pour la planète.
Sandrine Mercier, étudiante à Paris.
P.S: N'hésitez pas à me répondre s'il vous plaît, et sans langue de bois, je vous fais confiance pour cela.

Françoise HOSTALIER
Ancien Ministre
Membre de la CNCDH
Présidente de la sous-commission
du droit de la femme, de l’enfant et de la famille
Cher Ami,
Ainsi, vous aussi, vous avez cédé à cette mode imbécile qui consiste à utiliser un corps ou un morceau de corps dénudé de femme pour attirer l’attention du badaud.
Déjà, la publicité pour des produits directement en lien avec le corps de la femme -des sous-vêtements, des produits de beauté- devient de plus en plus « hard » et provocatrice, mais il peut y avoir une logique à montrer une fille magnifique en soutien gorge pigeonnant quand on veut attiser l’imaginaire des femmes pour qu’elles l’achètent. De même, il peut y avoir une logique à montrer un corps parfait pour vendre un yaourt en laissant croire que sa consommation vous rendra aussi belle.
Mais où est la logique à utiliser un sein de femme enceinte d’où suinte un sale liquide noirâtre pour faire la publicité d’une fondation de défense de l’environnement ?
Mais le plus grave, c’est vous avez utilisé une image, sacrée pour beaucoup de gens, celle de la maternité, en la dégradant à des fins purement publicitaire pour votre fondation. Ce n’est pas un message que vous voulez faire passer, c’est promouvoir votre propre image.
Une femme enceinte, ce n’est beau que dans l’intimité de ceux qui attendent la naissance et exposer ainsi ce ventre rebondi deviné, ce sein gonflé et strié de veines en y ajoutant ce suintement qui perturbe l’œil est extrêmement choquant.
De plus, vous prétendez avoir voulu sublimer le corps de la femme dans son rôle reproducteur. D’autres actuellement ne veulent justement considérer la femme que sous cet aspect d’objet de désir et de procréation. Et les jeunes filles qui militent dans les banlieues pour la reconnaissance de leur droit à vivre comme des êtres libres, à égalité avec les garçons apprécieront votre conception de la femme !
Il parait que c’est la mode, il faut choquer pour vendre ou se faire entendre. Tout est permis et ceux qui s’en offusquent passent pour de vieux ringards qui ne comprennent rien au monde moderne. Et puis, de temps en temps, on s’étonne que des gamins de douze ans violent leurs camarades de classe, on s’étonne des tournantes dans les collèges, on s’étonne que la délinquance juvénile augmente, que certains jeunes ne respectent plus rien, n’aient plus de repères, n’aient plus de valeurs. Mais il ne viendrait à l’esprit d’aucun publiciste, d’aucun « créateur » de s’interroger sur l’image du monde et de la société qu’ils véhiculent à travers ces provocations obscènes.
À quelles valeurs faites-vous appel en imposant à ces jeunes, au hasard d’un carrefour, une telle image qui ne peux que choquer leur imaginaire, d’une manière ou d’une autre ? Soit en les dégoûtant de la femme, ce qui ne fera que renforcer leur mépris, soit en les inquiétant sur la maternité et en les perturbant encore un peu plus vis-à-vis de leur propre existence.
Je ne suis pas contre le fait de publier des photos ou d’exposer des corps dénudés…mais dans des magazines spécialisés, dans des lieux ciblés, visibles par un acte volontaire et non pas imposé dans des lieux publiques.
Cette image me choque, en tant que femme, en tant que mère. Je sais qu’elle interroge aussi de futures mamans qui n’étaient déjà pas très volontaires pour allaiter leur bébé et qui se demandent jusqu’où le lait maternel peut être pollué.
Aussi, pour ne pas entacher davantage votre image que beaucoup, comme moi, apprécient par ailleurs, je vous demande de renoncer à cette campagne publicitaire.
Dans cet espoir, je vous assure, cher Nicolas Hulot, de mes salutations les plus cordiales.
Françoise Hostalier

Je croyais que la chasse aux sorcières était révolue. Reviendrions-nous au Moyen-Âge où les femmes étaient accusées de tous les maux de la Terre.
Ce n'est pas la faute des femmes si la planète agonise de pollution, mais celle de la course aux profits maximum dans les délais les plus courts..
Si vous voulez vraiment défendre l'environnement, c'est contre la pollution industrielle, les transports de produits chimiques , de pétrole dans des conditions de totale insécurité, les pêches industrielles sauvages, le lobby des chasseurs qui massacrent notre faune, et celui des élus locaux qui s'opposent à la création de Parcs Naturels Nationaux. Sans compter la pauvreté dans le monde dont le sommet de Rio a montré les conséquences dévastatrices pour l'environnement.
En voyant votre affiche, je ne peux m'empêcher de penser à une de mes soeurs décédée des suites d'un cancer du sein, malgré une ablation, douloureusement vécue. Cette image est obsédante, et je pense que mes neveux et nièces, et toute ma famille doivent également souffrir en la voyant.
On ne défend pas une cause, même bonne, en utilisant des images offensantes et méprisantes envers la douleur des gens. Sauf si c'est un prétexte et que l'objectif est autre.
S'il vous reste un peu de coeur, vous retirerez ces affiches rapidement.
Mme Crouzet, Nîmes

Comme souvent, "pour l'homme" on pose la femme soit en victime, soit en repoussoir et de préférence, nue... J'imagine que vous vouliez nous faire comprendre que la pollution atteint aussi les humains dans ce qu'ils ont de plus intime...
Mais comme par hasard, vous présentez un sein de femme laissant échapper un liquide noirâtre (du pétrole?) et pas une verge d'homme...
Ce que je comprends devant cette affiche et ce slogan, c'est "pour l'homme, contre les femmes" Ne pensez pas que votre publicité sera plus efficace parce qu'elle s'adresse exclusivement aux hommes, et même aux pires d'entre eux ? La préservation de l'environnement concerne aussi les femmes, et votre campagne, que vous le vouliez ou non, les exclut
avec mes salutations
Fabienne Vansteenkiste conseillère municipale Montreuil - Seine Saint Denis

Je suis très choquée par l’actuelle campagne publicitaire pour votre Fondation. Tel était sans doute votre but, afin d’attirer l’attention sur le fait que la terre est en danger, volonté au demeurant tout à fait noble. Mais pourquoi le faire aux dépens des femmes ? L’utilisation du corps des femmes pour provoquer est un moyen très facile régulièrement utilisé par certains publicitaires pour attirer l’œil du public.
L’exhibition du corps des femmes dans n’importe quelle condition et n’importe quel lieu est une violence faite aux femmes car c’est un non-respect de ce qui est intime pour beaucoup d’entre elles.
Une telle image a un impact très fort et diffuse des messages qui sont multiples : certains vont dans le sens visé (encore que je ne suis pas sûre que votre publicité sans texte explicite soit facilement décryptable par tous) mais il ne faut pas ignorer les autres impacts qui à l’inverse peuvent avoir des effets néfastes.
En effet, indirectement, par le choix de cette campagne publicitaire, vous contribuez à ce que perdure l’utilisation sans limite de l’image de la femme et au non-respect de celle-ci, ceci ayant des conséquences multiples, dans les mentalités et bien sûr dans les faits encore aujourd’hui et ce que de nombreux hommes et femmes tentent par ailleurs de supprimer afin d'atteindre un monde plus juste où chaque être humain serait respecté sans aucune discrimination (raciale, sexiste, ...).
Ainsi, alors que des volontés travaillent pour faire avancer les choses dans ce sens, vous, pour faire avancer une cause que je respecte par ailleurs profondément, vous acceptez de nuire à cette évolution vers un monde de respect mutuel entre les sexes.
Carole Ledoux

A Nicolas Hulot, défenseur de la nature et de l'homme:
Y a-t-il plus pollué que la terre, l'eau, l'air ? Oui , la tête d'un homme supposé de bonne volonté, d'un homme hélas formaté comme tous les hommes en dépit de son action en faveur de "mère nature" . Cet homme ne voit aucun mal à soustraire un sein (n'importe quel sein) à une femme réelle (mannequin ou autre) et à faire sortir du mamelon de cette malheureuse un liquide noirâtre, qui- comble de subtilité d'ailleurs inaccessible aux passants- voudrait représenter toutes les pollutions infligées à la Terre.
Cette affiche, justement parce qu'elle veut servir une bonne cause, met en relief l'extrême aliénation des hommes qui doivent TOUJOURS recourir à "la" femme quand ils veulent personnifier la nature comme s'ils n'étaient eux-mêmes un morceau de cette nature tant défigurée. Eux-mêmes pénis et sperme, eux-mêmes et eux seuls pollueurs de la terre.
En revanche quelle belle image pour la porno déferlante, pour tous les sadiques qui guettent une occasion de haïr un peu plus les femmes ( les plus démunies en particulier). Oui, Nicolas Hulot, vous avez fait oeuvre impie au moment même où, en toute bonne conscience, vous suiviez les avis de vos publicitaires....enfants de choeur comme chacun sait. Sans doute la violence contre les femmes (sources de vie!) n'est-elle pas incluse dans votre oeuvre de salut public. Il serait temps de la stigmatiser et non de la propager. Merci d'y penser en toute hâte.
Michèle Causse, écrivain

Même si la lecture d’image permet de comprendre qu’il s’agit de la photo d’un sein maternel (la femme semble être enceinte : quitte à garder cette image d’accroche, pourquoi ne l’avoir pas montrée entière ?), je suis choqué par le message véhiculé par votre campagne. C’est ce que vous vouliez dans le but de me faire réagir au niveau de mon porte-monnaie. Je réagis en tant qu’être humain, je préfère ces mots à celui générique d’homme. Je ne veux pas apposer la nature et l’homme je veux composer la nature à valeur humaine.
Une campagne publicitaire de cette dimension me parait être un contresens à cette nature que vous nous proposez de protéger en vous adressant un don : l’investissement pour produire 100 affiches de 12m2 est inimaginable en conséquence de pollution et de destruction de la nature. Un message publicitaire de cette nature me parait être un contresens à cette « hommanité » que vous nous proposez de protéger en vous adressant une compensation financière : vous polluez cette symbolique humaine que représente le sein de l’être humain.
Merci de ne pas me polluer davantage : retirez ces seins que je ne saurais voir plus longtemps au risque de douter de votre bonne foi. Tout le monde a le droit à l’erreur quand il débute, Nicolas, vous n’êtes pas un débutant. Choisissez une autre boîte de pub pour votre prochaine campagne.
Benoît OMONT

J’ai découvert l’affiche publicitaire pour votre fondation, celle qui représente un sein de femme d’où suinte un liquide noirâtre parfaitement répugnant, alors que je cherchais un banc public pour allaiter tranquillement ma fille cadette. Si la rage qui m’a pris n’a pas fait tourner mon lait, elle m’incite à vous écrire pour me plaindre. En tant que femme, mère, citoyenne soucieuse de l’écologie, cette image me révolte. Je ne comprends pas cette affiche : les femmes sont-elles des coupables honteuses ou des victimes systématiques ? Combien d’entre elles sont présidentes de grands groupes pétroliers, directrices de sites classés Seveso, ou affréteurs de pétroliers-poubelle ? Pourquoi chercher à émouvoir (c’est la seule explication que j’entrevoie) avec l’évocation indirecte d’un pauv’bébé (mais auriez-vous osé représenter un nourrisson bavant du pétrole ?) empoisonné par les méchants industriels ? Doit-on s’étonner que jamais les vrais responsables ne soient franchement attaqués dans vos campagnes publicitaires ? Est-il plus confortable d’insulter la moitié (au moins) de l’humanité que de reprocher posément ses crimes au PDG de Total ? Quel défaut l’emporte ici, la lâcheté ou le goût du racolage (il paraît que les femmes à poil font vendre) ?
L’écologie est pour moi le respect de la Terre et de tous ceux qui la peuplent. Visiblement, nous n’avons pas la même définition du mot.
Rageusement,
Anne Dartigues

Je n'oublierai pas l'image que j'avais de vous jusqu'ici et l'image que j'en ai aujourd'hui. Car il s'agit bien d'image.
Alors que je respectais votre travail et votre cause, vous avez manqué de respect aux femmes et par la même occasion, vous m'avez manqué de respect. Comment avez-vous osé mettre en scène une telle campagne publicitaire ? Je doute très sérieusement des valeurs que vous voulez faire passer. On ne peut pas se jouer du corps d'une femme sans se soucier des répercurssions. Vous rendez-vous compte du choc provoqué par votre affiche dans le coeur d'une mère mais aussi d'une femme ? Vous réduisez à la femme à ce qu'elle n'est pas : une marchandise.
Vous m'avez profondément choquée et meurtrie. Mais ce que je regrette le plus, c'est que je ne sois pas la seule.
S'il-vous-plait, arrêtez le massacre !
Emmanuelle Garon

Je vous contacte pour vous informer de ma désapprobation par rapport à votre campagne de communication actuelle.
Je ne comprends pas, qu'une fois de plus, on se serve d'un morceau de corps féminin pour communiquer . Et je ne comprends pas que ce soit la fondation Nicolas Hulot qui fasse cela alors que j'avais beaucoup d'estime pour votre travail.
je suis trés déçue..
Lydia Lopes

après les manifestations de La Meute à Paris les 24 et 25 juillet 2003
Monsieur,
L'affiche avec laquelle vous avez lancé une campagne publicitaire pour votre fondation appelle plusieurs remarques.
Je ne reprendrai pas les réactions nombreuses concernant la violence de l'image que vous imposez aux femmes, d'autres l'ont déjà fait.
Je signalerai par contre, après de nombreux entretiens, à quel point cette image a libéré les réactions agressives envers les femmes chez les hommes qui sont venus nous interpeller. Propos salaces, voire obscènes, mépris, injures ...
Quelques exemples : "nichon ou pas nichon ?" ; nous serions "des femmes qui n'ont rien d'autre à foutre que de parader dans la rue pour glousser devant des cameras", nous serions "une honte pour l'être humain", nous serions "hystériques", "mal baisées", de "pov' connes", et bien sûr c'est NOUS qui serions agressives ? alors qu’un petit groupe s'est physiquement imposé auprès de quelques-unes d'entre nous ?
Tel n'était peut-être pas votre but, mais vous avez libéré une parole de haine, comme aucune publicité sexiste ne l'avait fait jusqu'alors. Vous l'avez légitimée.
Dans quel but ? attirer l'attention sur une noble cause ? Mais non, et tout apprenti publicitaire vous le dira : dans cette campagne la communication écologique est un échec total, le message est inexistant.
Les seules indications portées sont : Fondation Nicolas Hulot (en gras) pour la nature et l'homme (en caractères plus minces ; notons que l'"homme" sans majuscule signifie le sexe masculin, et non le genre - au sens linnéen - humain). Il s'agit donc d'une campagne autour de votre nom et non autour de la protection de la nature ; les mots "pollution", "écologie", "protection", etc. vous ont apparemment paru inutiles pour expliciter votre démarche. Dommage, car la grande majorité des personnes interrogées n'ont pas compris le message, mais parfaitement saisi la volonté d'attirer l'attention sur votre nom en présentant un morceau de chair féminine polluée.
Vous défendez votre choix en vous retranchant derrière des arguments scientifiques prouvant que le lait maternel est pollué. Je vous signale que, parmi les femmes qui, comme moi demandent le retrait de ces affiches, il y a de nombreuses scientifiques, médecins, biologistes (dont je fais partie), et spécialistes de l'écologie, largement compétentes en la matière, auxquelles vous n'apprenez rien. Et qui savent également que la croissance de la stérilité masculine due à la pollution est un phénomène tout aussi scientifiquement constaté. Mais sans doute était-il plus médiatique de représenter un fragment de corps féminin souillé qu'un fragment de corps masculin. Votre choix est un choix idéologique. Les commentaires masculins que nous avons recueillis vont dans ce sens ; ces réactions vous desservent bien davantage que les protestations des femmes. Elles nous sont précieuses pour démontrer le fonctionnement d'une certaine fantasmatique sur laquelle repose le sexisme. Vous nous fournissez un excellent matériel pédagogique.
Votre campagne s'inscrit dans une lignée qui remonte fort loin : les représentations de femmes pourries de l'intérieur et apportant la mort sont des classiques de la fantasmatique misogyne. Elles ont constitué le fonds de commerce de nombreux artistes (en littérature ou peinture) au 18ème, puis à la fin du 19ème siècle, et sont en recrudescence depuis quelques années. Le "beau sexe" polluant les hommes, et la fonction sacrée de la maternité ont alimenté une vaste littérature. Tour à tour, les femmes ont ainsi véhiculé les angoisses masculines de la variole, de la syphilis, plus récemment du SIDA. Notons que les hommes ont toujours été les principaux vecteurs de ces maladies. Et pour la pollution ? quel sexe détient majoritairement le pouvoir économique et politique ?
De quel droit instrumentalisez-vous un fragment de corps féminin, manipulez-vous des fantasmes de haine pour servir, non pas une noble cause (je vous rappelle que cet aspect reste totalement incompris de la très grande majorité du public), mais la médiatisation de votre nom ?
Je vous demande de retirer ces affiches.
Pour la dignité des femmes et des hommes. Et pour vous-même, si vous souhaitez que votre nom soit attaché à la protection de l'environnement, et ne reste pas lié à un symbole de violence sexiste.
Hélène Marquié

Cette image est sexiste et elle me choque.
Même si je défends votre cause et que vos raisons d'agir sont tout à fait louables et je les soutiens, cela m'énerve de voir toujours utilisé le corps des femmes, morcelé pour choquer et servir n'importe quelle idée.
Je me dis toujours : "encore une bonne raison de montrer une femme nue (ou un morceau), pour autoriser tous les connards de la planète à se rincer l'oeil".
J'EN AI MARRRRRRRRRRRRRRRE de cela !!!!!!!!!!! Foutez-nous la paix, laissez notre corps en paix et quitte à choquer, utilisez plutôt des images réelles et horribles de pollution, ça ne manque pas je crois.
Pourquoi pas représenter une quéquette d'homme avec le même liquide noir qui s'écoulerait ? La symbolique on s'en fout. La mère nourricière, les connards et les pollueurs s'en contre-foutent. Par contre, ce sont les mêmes qui vont faire des blagues salaces sur les femmes et leur exploitation sexiste.
Frappez fort avec des vérités vraies qui font mal là où ils n'ont pas envie qu'on appuie.
ASSEZ DE BONS SENTIMENTS. L'enfer est pavé de bonnes intentions, et en croyant servir une noble cause avec une noble image, vous ajoutez un petit pavé dans l'enfer sexiste des femmes exploitées, torturées, violées et violentées partout dans le monde.
LAISSEZ TRANQUILLE LE CORPS DES FEMMES ET LA PLANETE SERA BIEN GARDEE.
Sophie LIAUDET

Monsieur Hulot
Je suis une femme.
Je porte mes seins comme la représentation de ma fonction nourricière de mère et comme une expression physique signifiante de ma différence et de ma dignité.
Je comprends mon ventre comme le lieu de la création du futur et de l’enfant, de la gestation et comme une autre expression physique signifiante de ma différence et de ma dignité.
Vous êtes un homme.
Vous projetez votre « souci pour la planète » en utilisant le sein d’une femme, une forme et une image de fantasme pour les hommes.
En mettant en scène par le sein d’une femme la « pollution organisée » de notre planète, au moyen d’un organe physique que vous ne possédez pas, vous engendrez une servitude proche du mépris et vous « déléguez » votre propre responsabilité d’homme dans le processus de dégénérescence de la vie sur la planète au lieu de l'engager. Me comprenez-vous?
Vous dites de fait que le sein est méprisable parce que le lait qu’il a mission de donner pour nourrir est pollué et noir. Vous portez ainsi atteinte aux droits les plus élémentaires de la femme de disposer de sa différence, du respect due à son image et de sa représentation corporelle et vous faites du sein le « bouc émissaire » de problèmes de conscience planétaire qui se situent ailleurs.
Vous promotionnez au journal de 20 heures devant la France entière une campagne d’affiches fort coûteuse, affiches sur lesquelles vous représentez un sein de femme duquel s’écoule un liquide noirâtre.
Je proteste contre l’utilisation de cette image.
Elle se voudrait choquante, elle est perverse.
Elle ne touche pas là où il faudrait réveiller les consciences.
La campagne publicitaire de sensibilisation pour votre fondation est inacceptable et tout à fait indigne des objectifs que vous avancez .
Elle ne porte pas le message nécessaire à notre planète, à notre vie avec la terre, avec notre mère nourricière.
Il est vrai que, dans vos médiatisations et émissions télévisuelles, vous n’avez jamais hésité à utiliser toutes sortes de machines bruyantes et polluantes pour pénétrer, selon l’inscription millénaire d’un ordre phallique et machiste, des espaces naturels encore inviolés. Et ceci pour servir votre image et non la nature.
Vous n’exprimez pas la conscience de la planète, vous ne servez pas le message du « Sacré au sens universel ». Le sacré est ce qui se rapporte à la vie dans ce qu’elle a d’inviolable précisément, d’impénétrable et de mystères à respecter.
Je vous exprime mon point de vue de FeMMe avec un grand F et 2 grands M ("Aime" ) et il est aussi digne de considération que le vôtre.
J’estime que votre publicité est perverse, mensongère et sexiste. Vous y dévalorisez le sein maternel. Le message est malsain: le lait maternel n’est pas noir mais clair même s’il contient ce que contient aussi le sperme des guerriers qui empoisonnent la vie en manipulant la matière pour le pouvoir et le profit à très court terme, et cela par pur égoïsme et par hyper productivisme.
Si la planète est polluée et en état de dégénérescence, la responsabilité et les conséquences n’en incombent pas au sein maternel et féminin.
Pourquoi n’avez-vous pas utilisé un sexe masculin, brandi comme une arme de pénétration pour tout salir ou comme un projectile puissant pour atteindre et détruire la cible du vivant, et pénétrant toutes les terres vierges pour y établir la maladie par l’exacerbation de son pouvoir de domination et de destruction?
Le problème de l’humanité avec sa planète n’est pas dans le sein maternel et il n’y trouve ni son origine ni sa finalité.
Il vient de l’immense orgueil et prétention des hommes de pouvoir qui manipulent au nom de leur gloire personnelle, au nom des principes de domination-soumission que je dénonce (la prétention phallique sur les rondeurs de la planète), qui se prennent pour des prophètes, qui cherchent à prouver ce qui est évident et à se rassurer en
« colloques de faux-sages-hommes », qui vénèrent le pouvoir accordé aux scientifiques et courtisent les politiques défendant des intérêts tout à fait limités pour la conservation de privilèges acquis, tous ceux qui ont oublié que la terre nourricière n’est pas l’expression de leur volonté et de leurs névroses, mais la grande matrice des bienfaits et des bonheurs de l’expression du Principe Vivant à l’Oeuvre en toute Création.
La planète supporte encore l’humanité névrosée et irrespectueuse qui l’empoisonne. Mais elle a ses propres méthodes de régénération et de guérison qui échappent totalement aux petits esprits manipulateurs, aux petits esprits qui emploient des armes mensongères pour faire passer de faux messages.
Monsieur Nicolas Hulot, je vous demande de retirer de notre vision dans des espaces publics ces scandaleuses affiches qui portent préjudice à l’image de la femme et de la féminité.
Car elles ne remettent en rien en cause votre propre propension à polluer la planète pour servir vos intérêts médiatiques et pour vous mettre en avant.
Le service de la planète demande beaucoup d’humilité, de dignité, de subtilité, de finesse et de messages authentiques et compréhensibles, sans perversité, ni projection, ni manipulation, ni récupération.
Ce n’est pas le cas de votre affiche puisqu’elle prête à lacontestation et est soumise à des interprétations contradictoires et affligeantes pour la moitié de l’humanité dont je suis une des ferventes créatrices.
Marie Robert
Artiste fondatrice de l'Ambassade interculturelle de l'eau
Messagère de culture de la paix pour l'Unesco
Sympathisante des actions de "la Meute contre les publicités" sexistes www.marierobert.com

Monsieur,
J'aimerai savoir en quoi le sein de la mère nourricière est-il un symbole de pureté comme vous l'écrivez sur votre site en légende de l'affiche du sein nu que vous exposez ?
Le symbole de la pureté, c'est l'eau ou la couleur blanche.
Un sein de femme n'a jamais été symbole de pureté.
Je comprends que vous ayez eu envie de choquer avec cette affiche pour faire réagir et recueillir des dons pour la planète.
Seulement, pour ne pas décevoir les personnes qui comme vous croient à l'urgence de la protection de la planète, vous devriez assumer et avoir le courage de vos choix.
Vous montrez un sein de femme par analogie à la terre, la mère nourricière. De ce sein se dégage un liquide noirâtre au lieu du lait blanc, symbole de pureté et de vie. Comme peut l'être aussi le sperme. Seulement un sexe d'homme ne peut pas représenter la mère nourricière.
C'est cohérent, gonflé à l'époque actuelle mais, il fallait choquer...
Seulement, nous sommes au 21ème siècle, à l'époque du lait maternisé, du congé parental pour les hommes, et bientôt, si ce n'est déjà, de la libération sexuelle de l'homme qui cessera alors de ce voir comme un phallus géant...
Dommage que votre combat soit venu en heurter maladroitement un autre. Imaginez tout ce que nous pourrions faire pour le respect de la planète si l'on commençait déjà par se respecter les uns et les autres.
Je vous souhaite que la publicité faite autour de cette affiche vous permette de recueillir rapidement beaucoup d'argent puisque je crois comprendre que c'était le but initial.
Mais pensez qu'il y a beaucoup d'images qui peuvent avoir de l'impact sur les individus et les toucher profondément, universellement, car on a bien tous un coeur mais pas des seins.
Bonne réception.
Christelle Gossart


AVIS OPPOSÉS EXPRIMÉS PAR DES MEMBRES DE LA MEUTE

Je trouve que vous exagérez vraiment. Moi, quand j'ai vu cette image je l'ai trouvée belle et je pense que c'était une image forte pour faire passer un message fort. Je pense que ça n'aurait pas dérangé NH de mettre une verge à la place.
Ce qu'il a avant tout voulu faire passer c'est un message fort. Il ne faut pas voir le mal partout!
Joelle KOTTO-ESSOME

Pour une fois, je ne partage pas votre action contre la pub de la fondation Hulot.
Je n'ai pas vu l'affiche, mais votre description me donne des éléments. Or le dit sein n'a pas de connotation erotique qui pourrait reduire une femme (et donc les humains) a la superficialite du corps. A priori, il montre un sein qui a ete sali et dont le lait n'est pas sain.
D'une certaine facon, je trouve meme que cela pourrait (notez le conditionnel : je n'ai pas vu l'affiche) dire qu'il faut nettoyer ce sein, lequel doit etre source de lait pur et sain. C'est toute la symbolique du sein comme dispensateur de vie qui est prise a rebours.
Je ne pense pas qu'il faille cacher tous les seins, mais plutot ne pas asservir l'erotisme et les corps, qui sont du ressort de l'intimite, a la publicite.
Cela ne retire rien a mon soutien pour votre (notre !) cause.
Herve LE MEUR

Pas d'accord avec la lettre ouverte.
La cause est noble et plus grave encore que la lutte féministe à mon sens.
L'image est même encore trop clean à mon goût.
Le seins nourricier est une image noble qui valorise la femme, et l'analogie avec la verge est un peu foireuse : la bite nourricière, on n'a jamais vu ça! Et j'espère que des armées entières de femmes enceintes ou allaitantes serons suffisamment traumatisées pour savoir que toute la dioxine qu'elles absorbent passe dans le lait maternel (faire attention à ce que l'on mange et notamment le lait non bio et toutes les graisses animales...) et pour acheter des langes écologiques : ça serait déjà ça !(et qu'on ne viennent pas me dire que c'est plus cher parce que je mords!) Merci en tout cas de m'avoir fait découvrir le site de Nicolas Hulot que je m'en vais féliciter de ce pas pour cette magnifique et forte campagne de pub qui sert au moins à quelquechose pour une fois...ouf!
Laurence Bernadac.

Je viens de recevoir la lettre ouverte à Nicolas Hulot, et je tiens à vous dire que je ne suis pas du tout d'accord avec l'interprétation que vous faites de cette affiche.
En tant que femme, qui a allaité et qui allaite à nouveau, je comprends au premier coup d'oeil que le but n'est pas d'utiliser "un morceau du corps féminin" "a des fins de propagandes publicitaires", mais bien de montrer que l'Homme (j'y inclus la femme aussi!!!) a tellement pollué la nature et la terre (autre symbole nourricer d'ailleurs) que l'Homme (et la femme) sont maintenant pollués de l'interieur.
Et c'est malheureusement un fait que le lait maternel est pollué par des éléments nocifs pourtant interdits d'utilisation depuis des années.
Je me rends parfaitement compte que le but de cette affiche n'est pas de faire peur aux mères allaitantes (dont je fais partie) mais d'attirer l'attention sur la planète en danger.
Et le but n'est pas non plus d'utiliser une partie du corps féminin. Il me semble que votre action devient de plus en plus intégriste, il faudrait peut être faire preuve d'un peu plus d'ouverture d'esprit dès lors que vous voyez une femme ou un corps féminin dans une publicité. Pourquoi ne pas s'en servir si le but n'est pas de dénigrer ou d'avilir ? Uniquement parce que c'est féminin et donc tabou à vos yeux? Pourquoi ne pas s'être servi d'une verge, demandez vous? parce que la verge ne véhicule pas les mêmes symboles de pureté que le sein, mais symbolise plutôt la vulgarité.
attention à ne pas devenir integriste, bientôt il va peut être falloir voiler les femmes, leur interdire de faire seins nus, de montrer leurs chevilles ou leurs genoux...
Il me semble qu'un minimum de reflexion s'impose avant de crier au scandale à la moindre partie dévoilée du corps féminin... Tout n'est pas utilisation publicitaire vénale.
Armelle CAILLIAU-NADAUD

Je découvre la campagne lancée contre l'affiche de la fondation Nicolat Hulot.
Je vous signale que ni mon premier mouvement, ni ceux qui ont suivi ne m'ont fait ressentir une attaque contre les femmes, ni une dégradation de leur image. Au contraire.
En outre, je trouve le message convoyé par cette affiche juste : la Terre est comparable à une mère nouricière, mais la santé de cette si belle nourrice est menacée. Savez-vous à quel point? Mon métier de jounaliste scientifique m'en donne de nombreux aperçus.
Notre combat contre les désavantages endurés par la moitié féminine de l'humanité est aussi un combat pour l'humanité. Du moins je l'espère. Alors pourquoi cette rigidité dans le point de vue ? Parfois, j'ai l'impression que nous refusons parfois le message essentiel d'une image pour nous concontrer seulement sur ce offense une interprétation rigidement féministe.
C'est un comportement sectaire, dont le ridicule sert pas notre cause.
François Savatier

Je ne suis pas d'accord avec votre position sur cette affiche qui n'a aucun but mercantile. Certes, elle choque et interpelle et l'engagement écologique devrait aller de soi sans passer par de tels procédés.
Cette image est plutôt à la gloire de la femme, celle qui est mère nouricière, associée à la terre...Certes la femme ne doit pas être réduite à cette image, l'est-elle dans cette pub ? Quant a montrer des seins nus, les femmes qui allaitent ont-elles à avoir cette pudeur ? Regarde-t-on alors ce sein comme un objet ? Je trouve que vous vous tromper de cible et la meute risque de paraitre bien mesquine par cette action.
Patricia Desanlis

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Un article de Laurent Raphaël sur le site de La Libre Belgique
<http://www.lalibre-accessible.be>

Marée noire publicitaire
Mis en ligne le 18/07/2003
Ce n'est pas parce qu'on est animé des meilleures intentions du monde qu'on est pour autant à l'abri de la polémique. C'est ce que doit se dire aujourd'hui le très médiatique défenseur de la nature Nicolas Hulot.
Sa fondation est en effet dans le collimateur de plusieurs associations féministes depuis quelques jours. En cause, l'affiche de la dernière campagne de publicité de l'organisation écologiste. Placardée sur 500 panneaux implantés aux quatre coins de la France, elle montre en gros plan un sein aux veines apparentes. Du mamelon gonflé s'écoule un liquide noirâtre qui ressemble à du pétrole. L'annonce ne comporte pas de texte, si ce n'est le nom du commanditaire: Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme.
«Du sein de la mère nourricière, symbole de pureté, s'écoule un lait pollué. Cette image, qui sans doute vous choquera, c'est le constat de l'état d'urgence de notre planète où l'essence même de la vie est en danger», commente le présentateur vedette de l'émission «Ushuaïa» sur son site portail (www.planete-nature.org). Et d'ajouter que cette image percutante «n'a qu'un objectif: faire réfléchir chacun sur son rôle et sa capacité à agir de façon individuelle et collective pour inverser une tendance destructrice», avant d'énumérer tous les maux dont souffre la terre: réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles, pollution des sols et de l'eau, disparité des richesses, etc.
Si personne ne conteste évidemment la noblesse du propos ni la légitimité de la mise en garde, certains en revanche fustigent le choix du langage publicitaire. Lequel, comme toujours, privilégie l'émotion à la raison, le télescopage des symboles à la nuance d'une démonstration argumentée. Sans parler de la nudité exposée ici qui renvoie forcément au tabou du sexe. Même si, dans ce cas-ci, la représentation sans équivoque de la maternité tend à adoucir l'image, à la rendre moins aguichante, à la «désérotiser» en quelque sorte.
Dans le concert de protestations, deux voix se font particulièrement entendre. Tout d'abord celle de Leche Ligue, une association d'aide et de soutien à l'allaitement, qui s'en prend au fond du message. «En voyant cette affiche qui donne une image négative de l'allaitement, les mamans vont penser que leur lait est pollué. Or, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est formelle: le lait maternel est bien meilleur que le lait industriel», plaide ainsi sa porte-parole dans les colonnes du quotidien «Le Parisien».
«Le lait maternel est pollué, rétorque le président de la fondation écologiste. En 1999, un rapport du Fonds mondial pour la nature y a recensé plus de 350 substances toxiques. Et ce, même si l'allaitement reste la meilleure nutrition pour les bébés. Moi, je me bats justement pour que les mamans, un jour, n'aient plus de doute sur la nécessité d'allaiter leur enfant.»
L'autre coup de griffe vient de la Meute, ce réseau de lutte contre la publicité sexiste très actif dans l'Hexagone, et porte plus sur la forme. Dans une lettre adressée à Nicolas Hulot, l'écrivaine Florence regrette «qu'encore une fois, un morceau de corps féminin sert à des fins de propagande publicitaire». Et elle ajoute: «Pour choquer, vous employez la méthode qui est trop souvent utilisée pour vanter des marchandises, dans des publicités sexistes qui polluent les rues et les routes françaises.»
Cette campagne pose donc en définitive à nouveau la question de l'équilibre entre les moyens utilisés et la fin recherchée. Le souci de faire mouche, d'être entendu dans un monde de plus en plus sourd, justifie-t-il le recours à des «armes» de communication de plus en plus dévastatrices? Doit-on s'accommoder de raccourcis, d'approximations et de clichés sous prétexte que c'est la seule possibilité d'éveiller les consciences (ou, dans la plupart des cas, de titiller la fibre consumériste du public), quitte, au passage, à consolider un peu plus les stéréotypes et à obliger le suivant à aller encore un peu plus loin?
«Mon but n'est pas de savoir si cette affiche participe au sexisme. Moi, ce qui me choque plus que cette image, c'est l'inertie de notre société face à la dégradation de la planète», fait valoir l'écologiste. Tout est une question de priorités et de valeurs en somme.


RÉPONSE DE LA FONDATION NICOLAS HULOT À LA LETTRE OUVERTE DE LA MEUTE
A Florence Montreynaud, responsable de La Meute, et à ses adhérents,

Madame,
Notre désaccord vient d’une perception bien différente du symbole du sein de la mère nourricière. Vous le voyez comme un symbole de sensualité et de désir, un symbole sexuel. Nous le voyons comme le symbole de la vie, de l’enfant qui vient de naître, déjà menacé par le monde qui l’entoure.
A l’image de cette mère nourricière, notre planète, notre terre, est source de vie. Malade et polluée par l’homme, elle menace la vie même de ses enfants. D’où le choix de ce visuel qui, mieux que tout autre, met la vie au centre de la dégradation de notre planète. Toucher à l’environnement, c’est compromettre notre santé, celle de nos enfants et de nos petits-enfants. L'hypothèque que nous faisons sur leur héritage est retranscrite par cette couleur noirâtre qui souille de manière inquiétante le lait maternel.
En attaquant ce visuel, vous vous trompez de combat. Le sein n'est pas utilisé « à des fins de propagande publicitaire », il n'est pas là pour jouer sur la corde "sensuelle", en voulant réduire le corps féminin à un banal objet. La Fondation Nicolas Hulot n'a rien à vendre... C’est une image choc, oui, à la hauteur de l’autisme de nos sociétés face aux problèmes de l’environnement qui concernent prioritairement les êtres humains. Car ce qui nous choque plus que cette image, c’est l’inertie de notre société face à la dégradation de la planète.
Au-delà du symbole que cette campagne souhaite privilégier, ce sein nourricier correspond malheureusement à une réalité. Oui, le lait maternel est “pollué”. On y trouve notamment les traces de pesticides interdits il y a plus de 10 ans.
Tous les experts sont d’accord pour dire que l’allaitement reste la meilleure nutrition pour le bébé, mais les bénéfices qui s’y rattachent peuvent être minorés par la présence de polluants contenus dans le lait maternel, parmi lesquels les pesticides. Cette réalité est difficile à accepter, mais nous ne pouvons pas continuer de nous voiler la face. C’est face à ce type de constat que notre combat prend tout son sens, car il est celui d’un futur meilleur pour nos enfants.
Pour conclure, cette campagne répond à une volonté d’ouvrir les yeux sur une réalité qui fait mal, mais aussi et surtout une volonté de faire réagir chacun sur le rôle individuel et collectif qu’il peut jouer pour inverser cette tendance destructrice. C’est une des missions de la Fondation que d’informer le public pour susciter une vraie prise de conscience générant de nouveaux comportements en vue de tisser des liens de solidarité avec le monde du vivant et de réduire l’impact de nos activités sur la planète. Notre avenir est entre nos mains, il faut réagir, et vite, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour ces raisons et compte tenu de l’état d’urgence de la planète, vous comprendrez que nous ne retirerons pas cette affiche.
Cordialement,
Cécile Ostria
Directrice
Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme

RÉACTIONS DE MEMBRES DE LA MEUTE

ouh la la !... que de bla bla ! les personnes qui ont pondu cet argumentaire ont facturé combien pour cette besogne? Vous etes a coté de la plaque... ou de mauvaise foi ! le probleme n'est pas de choisir de communiquer sur l'allaitement maternel, mais d'utiliser une image choquante plus proche de l'erotisme et de la femme poupée barbie pour soi-disant sensibiliser l'opinion public sur les preocupations ecologiques ! pourquoi ne pas avoir montrer une femme en train d'allaiter? pourquoi ce gros plan sur de la chair, sortie de son contexte? la photo que vous avez choisie n'a pas de rapport avec ce que vous pretendez vouloir susciter, et j'ai cru entendre dire que d'autres personnes ne comprenaient absolument pas le message, sinon cette violence plaquée sur les femmes.
et d'ailleurs, pour qui se prend Mr Hulot? il est devenu gourou ? est-ce que son travail et ses actes sont en accord avec sa campagne publicitaire? A le voir crapahuter la planète et jouer les post-colonisateurs bien pensants sur TF1 (il m'est arrivé accidentellement de tomber la-dessus) permettez-moi d'en douter!
j'espere qu'il y aura malgré tout quelque chose de positif dans tout ca, et que les gens choqués réagiront comme moi à ce type de publicité choquante et agressive que nous ne voulons plus (c'est-à-dire 99% de la publicité).
Sylvie David

Comme toutes les marques et tous les publicitaires à qui je m'adresse (et nous nous adressons), vous alléguez "ne pas avoir eu l'intention de". Les auteurs d'accident de la route qui ont tué, n'avaient pas l'intention de le faire, pourtant ne sont-ils pas responsables des conséquences ?
Vous n'avez rien à vendre, mais je suppose que votre fondation fait appel à la générosité publique, sinon je ne vois pas comment elle pourrait financer une campagne publicitaire dont nous connaissons les coûts exorbitants.
Enfin, sur le fond :
vous voulez alerter, faire prendre conscience, mais j'ai beau avoir conscience des dangers de la route, je suis bien obligée de prendre ma voiture.
Discourir, c'est bien beau, mais sans action les discours sont inutiles.
Quelles manifestations avez-vous organisées contre les OGM ? (ceux qui ont eu le courage de le faire sont en prison : soutenez-vous José Bové ?) contre les implantations de sites, laboratoires et poubelles nucléaires ? contre la fin du moratoire sur les viandes de vache folle ? contre le lobby des chasseurs qui vient d'obtenir encore des avantages ( et ce n'est pas fini )? contre l'entreposage sans sécurité des piles récupérées , à Falaise, dans le Calvados ( cf "Que Choisir N° 401, Février 2003, p.8 )?
Cette association dont je suis adhérente ne gaspille pas ses fonds à des publicités tapageusement racoleuses, et horribles de surcroît, elle AGIT, individuellement et collectivement, et obtient des résultats. Elle n'a pas attendu votre fondation pour alerter, concrêtement, honnêtement, en donnant tous les éléments utiles, sur les problèmes de pollution dans l'alimentation, en dénonçant les vrais responsables.
Concernant le lait maternel, consultez le N° 400 de Janvier 2003. Vous n'y verrez pas d'image choquante dans le dossier sur les dioxines et leurs conséquences sur le lait maternel.
Les blocages ne sont pas chez les individus , que vous cherchez à culpabiliser, mais, je le répète, chez ceux qui veulent faire des profits rapides et maximum, avec le soutien de Lobbys et de politiciens à leur service .
Ne vous trompez pas de cible, et nous ne nous tromperons pas d'adversaire.
Eliane Crouzet

J’ajoute quelques arguments:
1° Il s'agit avec cette image de culpabiliser les femmes. Combien ont un pouvoir de décision dans les entreprises pollueuses?
2°La femme ne serait-elle qu'un sein? N'a-t-elle même plus droit à un visage?
3°Au sexisme, vous ajoutez le racisme: le noir= le mal. Vous vous référez à des analyses, mais aucune ne dit que le lait pollué est noir. Le XVIII° siècle avait dénoncé cette image du noir= le mal. Aurions-nous tellement régressé?
Colette Ouairy

Madame,
Votre lettre est pleine de douceur et vraiment vous parlez bien de votre sujet, avec lequel je suis tout à fait d'accord, depuis toujours. Défendre la dignité de l'être humain et de la femme en particulier, c'est aussi défendre la Nature contre des idées et des mauvaises habitudes.
Je dirais simplement qu'il est très difficile de s'extraire d'un contexte, et que vous êtes bien audacieux de penser que l'on va comprendre votre message en voyant un sein... objet qui fait partie hélas d'une collection "d'abattis" figurant sur d'autres publicités, morceaux de corps découpés, tous parcellaires : seins, jambes, bouches, yeux, ventres, mains, pieds...
on ne lit même plus les textes tant on est fatigué et meurtri. Ces "objets de consommation" sont placés dans une toute autre logique que la vôtre. Ne craigniez-vous pas la confusion ? Ne craignez-vous pas que votre message passe à la trappe car il ressemble trop à ces images dont on est abreuvé ? Voyez-vous, sur la couverture d'un livre de Christian Bobin intitulé "Le Très-Bas", on voit une mère allaitant son bébé dans un pays du Moyen-Orient.
Cette femme-là, avec son sein et son enfant au sein, qui regarde le photographe, c'est-à-dire nous, oui, c'est bien le symbole de la maternité, de Gaia-terre-mère si on pousse plus loin. Cette femme est entière, elle a un regard.
Vous qui souhaitez défendre la planète dans son ensemble, en appelant à la solidarité des hommes, en faisant tout pour leur faire comprendre que la terre est un tout, que nous sommes interdépendants, vous choisissez de montrer la scission, le morceau à la place du tout. N'est-ce pas le contraire de ce que vous souhaitez signifier ? Je travaille moi-même dans la communication et je sais bien comment vont les choses : trop vite ou trop lourdement. Il manque toujours un peu de recul, on est vite enfermé dans une citadelle loin des personnes à qui on s'adresse. On fait confiance à des publicitaires qui ont de mauvais réflexes et bien peu d'éthique. C'est sans doute cela qui vous a fait perdre la vue d'ensemble.
Bien cordialement à vous, je continue à soutenir vos actions.
A. Gendre-Peter

NOUVELLE LETTRE DE LA MEUTE
28 juillet 2003

La Meute a envoyé le 18 juillet 2003, par courriel et par la poste, une Lettre ouverte à Nicolas Hulot en lui demandant de retirer les affiches de publicité pour sa Fondation. De nombreux membres de La Meute ont aussi écrit, avec leur propre analyse, et en formulant la même demande. D’autres ont exprimé un avis opposé (voir l’ensemble des courriels sur le site de La Meute http://lameute.org.free.fr).

L’affiche, visible sur des centaines de panneaux de 4m x 3m à travers la France (et sur le site www.planete-nature.org), montre la photo en très gros plan d’un sein de femme blanche, avec des veines apparentes et un mamelon gonflé dont s’écoule un liquide noirâtre.

La Meute a manifesté à Paris devant cette affiche le 24 juillet. De nombreux médias ont relayé cette action. Ils diffusent des informations sur la polémique qui se développe et à laquelle participent aussi des associations engagées en faveur de l’allaitement maternel.

Rappel de l’analyse féministe de La Meute contre la publicité sexiste :
« Encore une fois, un morceau de corps féminin sert à des fins de propagande publicitaire. Pour attirer l’attention par une image choquante, on exhibe dans l’espace public, on impose à la vue de tous un organe féminin, dont le symbolisme est à la fois érotique et maternel, un énorme sein présenté comme un élément morbide.
Même pour insister sur l’urgence qu’il y a à protéger la planète, tous les moyens ne sont pas bons ! »

À ce jour, La Meute n’a reçu aucune réponse de Nicolas Hulot.
Le 21 juillet, La Meute a reçu un courriel signé « Cécile Ostria, Directrice, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme ». Ce même texte, à quelques mots près, a été envoyé en réponse aux autres correspondants. (voir ci-dessus)

Faute de réponse de Nicolas Hulot, il nous faut donc considérer que ce texte exprime sa pensée, ou celle des publicitaires qui ont imaginé cette campagne. C’est donc à lui que s’adresse notre réponse :

« Monsieur,
Vous êtes certainement le seul homme en France qui, à la vue d’un sein de femme nu, ne pense qu’à sa fonction nourricière.Généralement, les seins sont aussi perçus comme un organe érotique, utilisés comme tel par la propagande publicitaire.
Si vous estimez faire œuvre de pédagogue, vos méthodes ne sont guère respectueuses du public. Assommer avec une image choc, provoquer un effet répulsif en associant sein et maladie : ce n’est pas favoriser la réflexion, c’est la perturber ou même la bloquer. Sur votre affiche, les explications manquent qui aideraient à interpréter l’image tout en faisant réfléchir. Nous avons eu des entretiens avec des centaines de personnes, dans la rue, devant vos affiches : votre « message » n’est pas passé, car la majorité n’ont pas compris le but de cette campagne, et ont cru qu’il s’agissait de prévention du cancer du sein. En effet, le seul message clair est votre nom.
Donner à voir un organe féminin comme un symbole de maladie et de mort est une violence que vous nous imposez. Nous sommes beaucoup à avoir ressenti du dégoût devant cette image morbide, ainsi que de l’exaspération devant ce nouvel exemple de morcèlement d’un corps féminin réduit à sa fonction nourricière.
Il ne manque pas d’images représentant les dégradations que l’Homme inflige à la Nature : oiseaux mazoutés, rivières polluées, sacs en plastique ou canettes traînant partout, etc. Pourquoi vous en prendre au corps féminin?
Nous vous demandons de retirer ces affiches.
Les responsables de La Meute »


NOUVELLES RÉACTIONS DE MEMBRES DE LA MEUTE

Votre affiche montrant un sein pollué est sexiste.
On a déjà dû vous le dire, mais la réponse que votre fondation a faite à Florence Montreynaud montre que vous n'avez pas très bien compris.
En effet, dans cette réponse, Mme Cécile Ostria, "directrice de la fondation Nicolas Hulot", défend cette affiche en des termes proprement affligeants : le sein comme symbole de vie, de maternité, et la femme comme symbole de la nature, notre "mère nourricière", etc.
Ce symbolisme stéréotypé, directement hérité des mythes judéo-chrétiens les plus archaïques, trahit un imaginaire aussi pauvre que réactionnaire. Un imaginaire qui réduit la femme à sa fonction maternelle et l'identifie à la nature, ce qui permet de l'enfermer dans un rôle uniquement déterminé par son sexe, le rôle de la mère passive dont l'unique utilité est de donner naissance et d'allaiter.
Mme Ostria semble mener une carrière réussie à la tête de votre fondation.
Je suis certain que si elle prend la peine de relire sa réponse, elle comprendra plusieurs choses. Tout d'abord que l'image de la femme qu'elle défend est terriblement datée. Ensuite, qu'une telle représentation est produite par l'imaginaire patriarcal et que son utilisation ne peut que perpétuer un ordre oppressant pour les hommes comme pour les femmes (mais quand même surtout pour les femmes). Enfin, que si elle s'y conformait, Mme Ostria n'occuperait certainement pas le poste de "directrice" de quoi que ce soit.
Une question : pourquoi imposer aux autres, et surtout aux femmes, une image dans laquelle on ne se reconnaît pas soi-même ? Vous avez voulu faire une image "choc", pour faire "jeune", puisque la mode est à la "provocation". Ou alors, une image "choc" pour montrer combien le problème est grave. Vos intentions sont évidemment bonnes, mais le résultat est le même : vous avez produit une image convenue et ringarde.
Le corps des femmes leur appartient et ce n'est pas à vous d'en imposer une vision univoque, surtout aussi rétrograde. Un sein pour être beau, drôle, cancéreux, sensuel, triste, obscène, maternel, étrange, banal, rassurant ou inquiétant. N'appauvrissez pas l'imaginaire et laissez toute liberté aux femmes de construire leur identité en dehors des clichés sexistes qui les écrasent depuis des siècles.
Un dernier conseil : évitez de faire appel à des publicitaires pour vos futures campagnes, ces gens sont totalement incultes et n'ont aucune imagination. S'ils en avaient, ils ne feraient pas de publicité. De plus, en France, 95% d'entre eux sont sexistes, comme le prouve l'incroyable machisme de nos publicités lorsqu'on les compare aux publicités anglo-saxonnes ou scandinaves. Et tous pensent la même chose : le gens sont des abrutis qui ne réagissent qu'aux stéréotypes les plus éculés.
Ne faites pas comme eux, ne méprisez pas votre public : ce n'est pas en alignant mécaniquement les lieux communs qu'on touche vraiment les gens, c'est en frappant leur imagination.
Le féminisme n'est peut-être pas à la mode, mais ça ne veut pas dire qu'il n'intéresse personne. Bien au contraire.
Je vous souhaite beaucoup de courage pour votre fondation : tout reste à faire et beaucoup de gens sont déterminés à ce que rien ne change.
Sylvestre Meininger

Monsieur,
Je me joins et suis pleinement en accord avec la lettre qui vous a été adressée par Madame Florence MONTREYNAUD, au nom de la Meute.
En tant que femme engagée dans des actions visant à protégér la nature, mère, et pleinement consciente de notre devoir d'assurer à nos enfants le meilleur cadre de vie, j'ai été très choquée par le moyen que vous avez utilisé, sous le couvert de votre nom et de la fondation que vous avez créee, pour attirer l'attention de chacun sur cette nécessité.
L'affiche publicitaire répandue sur les murs des grandes villes n'a pas de quoi inciter ceux et celles qui sont sensibilisés au problème à continuer à le faire. Tout au plus, comme à moi-même, peut-elle inspirer le dégoût envers cette partie du corps de la femme, associé au sexe.
Il a été répondu dans un communiqué de votre directrice, que ce qu'il fallait voir dans cette affiche, c'est le sein nourricier qui est pollué. Mais il est évident qu'en montrant -encore une fois- et même sous cet aspect peu ragoûtant, un sein, c'est la fonction sexuelle et érotique qui vient à l'exprit du spectateur. Et ceci, d'autant plus que plus les publicitaires utilisent ce procédé, plus le corps de la femme est réduit à un objet, et que, même pour une cause qui se voudrait juste, comme vous le
prétendez, utiliser le même procédé entraîne les mêmes conséquences.
Rares sont ceux ou celles qui ont pu voir qu'il s'agissait du sein dans sa fonction nourricière.
Si vous estimez faire oeuvre de pédagogue, vos méthodes ne sont guère respectueuses du public. Assommer avec une image choc, provoquer un effet répulsif en associant sein et maladie : ce n'est pas favoriser la réflexion, c'est la perturber ou même la bloquer. Sur votre affiche, les explications manquent qui aideraient à interpréter l'image tout en faisant réfléchir.
Donner à voir un organe féminin comme un symbole de maladie et de mort est une violence que vous nous imposez. Nous sommes beaucoup à avoir ressenti du dégoût devant cette image morbide, ainsi que de l'exaspération devant ce nouvel exemple de morcèlement d'un corps féminin réduit à sa fonction nourricière.
Quant à ceux que vous voudriez toucher, ceux qui précisément ne sont pas sensibles à la protection de l'environnement, je ne vois pas comment une telle affiche pourrait les y inciter. Si voir un corps de femme dégradé incitait à la réflexion, il y a belle lurette que l'humanité aurait progressé.
Vraiment, vous ne faites pas progresser l'humanité en acceptant de diffuser sous votre nom des affiches que des publicitaires en mal d'imagination vous ont proposées, et qui, malheureusement, vont dans le sens de la facilité en méprisant une nouvelle fois le corps de la femme.
Je vous demande de retirer ces affiches.
Patricia Blimbaum

Votre affiche m'inspire un profond dégoût, l'envie irrépressible de vomir à l'idée que j'aurais pu, que nous pourrions tous, boire à cette source infâme. La source est contaminée, à savoir le sein nourricier et tout le corps maternel, dont il est la synecdoque, est contaminé, pollué, devenu un égout suintant, un cloaque immonde. Mais d'où vient cette boue, cette liqueur noire si ce n'est de l'intérieur d'un corps maternel et féminin, cloacal et impur ? L'image s'inspire des vieux clichés qu'on croyait en voie de disparition : "la Femme, enfant malade et douze fois impur"! Et c'est là, Mme Ostria, que réside l'erreur au plan du symbolique, et quelle erreur ! Ce n'est pas "la terre nourricière" qui produit le déchet, la boue, la noirceur maligne, mais c'est l'Homme et ses industries. Où et comment l'Homme des nations industrieuses est-il symbolisé sur cette publicité qui devrait éveiller les consciences, faire réfléchir et alerter des dangers que court la planète ? Car c'est bien des oeuvres de l'Homme des nations industrieuses que l'or noir qui pollue est devenu plus précieux que le lait qui nourrit.
Vos publicistes se sont donc trompé de cible et affichent leur incompétence.
Et si vous êtes convaincue de l'urgence d'une action à mener pour sauver la planète terre, revoyez votre copie, elle est, en l'état, à jeter, non pardon, à recycler d'urgence.
Jacqueline Dahlem

Je suis une de vos admiratrices inconditionnelles, au vu de vos magnifiques reportages sur la nature que vous nous apprenez à connaître et tous les exploits sportifs qui y sont liés, et je n'aime pas les critiques que j'ai pu lire ici ou là.
Une chose m'a pourtant surprise, c'est la publicité concernant la pollution de la nature, avec un sein de femme au lait sali.
Au début, j'ai compris le message au premier degré : un liquide nourricier souillé ! Mais à la réflexion, je comprends la réaction de beaucoup de femmes, rejetant la façon d'utiliser une fois de plus un corps de femme, en particulier le sein qui est une partie reluquée par tous les hommes sans exception avec une volupté certaine. Et cela nous déplaît d'autant plus que ce sein est représenté comme polluant. C'est en fait un "lapsus" révélateur qui ne peut que combler les misogynes de tous poils.
Pourquoi ne pas représenter un phallus polluant ? A bien considérer la nature, cela commence par ce liquide-là, n'est-ce pas ? Les hommes seraient-ils satisfaits que l'on identifie leur sperme à une salissure ?
Je dois dire que, moi, femme et mère, je déteste voir le corps féminin étalé sur tous les murs. Cette fois, c'était plutôt gentil comme intention. Mais en fait, il ne faut pas transiger. Nous en avons assez des représentations du corps féminin sous toutes ses coutures. Cette façon de réduire la femme à son corps, quel que soit le mérite du but recherché, est tout de même très humiliante.
Probablement que beaucoup d'hommes de bonne volonté, comme vous, ont une incapacité séculaire à se mettre à la place des femmes dont le corps est utilisé depuis toujours, selon le seul point de vue masculin. Un certain nombre de femmes ne voient pas non plus le problème, et c'est fort dommage : c'est "la misogynie d'appoint" comme disait la regrettée Françoise Giroud. Il m'arrive parfois de hausser les épaules, en méprisant à mon tour les fantasmes masculins.
La nature vaut mieux que notre mépris. Alors choisissez une autre manière de montrer la pollution de la planète. Les femmes ne sont pas les responsables des horreurs que vous dénoncez. Les publicitaires doivent faire preuve d'un peu plus d'imagination que de prendre éternellement comme support de leurs affiches un sexe de femme. Les idées reçues sont telles que beaucoup ne s'en offusquent pas encore. Pas encore, mais ça viendra...
Merci si vous m'avez lue avec sympathie. Croyez en tout cas à la mienne.
Claudie de Rauglaudre

Après petite enquête j'ai constaté que cette publicité n'a absolument pas mais alors pas du tout l'impact escompté!
L'ironie de l'histoire est que les gens perçoivent le bon message parce qu'ils ont entendu parler de la polémique autour de cette campagne mais spontanément, et moi la première d'ailleurs, on ne pense évidemment qu'à l'aspect sexuel de la chose, bien sûr.
Les gens interrogés ne vont pas avouer, surtout si c'est devant une caméra par exemple, qu'ils ont pensé d'abord à l'aspect sexuel. Cependant il est impossible de penser à la fonction nourricière en premier lieu. En tout cas notre imaginaire, nos référents inconscients nous renvoient immédiatement au sexe et non au bébé nourri au sein!!!
Célina BARAHONA

Je viens de visiter votre site par curiosité et je vous exprime ma surprise sur la symbolique de votre campagne en présentant un sein de mère d'où s'écoule un liquide noir.
Je pense qu'il y a d'autres moyens d'alerter les gens sur l'importance de prendre soin de la planète mais certainement pas en ne prenant pas soin du corps d'une femme.
Quand on veut être entendu et reconnu, je pense qu'il faut être cohérent avec soi-même, ce qui ne me semble pas le cas dans cette campagne publicitaire. En tout cas pour moi, ça ne l'est pas et je me demande comment vous vous représentez vous-même la terre et la "mère nourricière".
J'espère que la prochaine fois vous saurez mieux vous entourer pour faire passer vos messages qui restent important sur le fond. On n'est jamais à l'abri des manifestations de son inconscient !
Brigitte Farjas

UN AVIS DIFFÉRENT
Que voit-on ? Un vrai sein de vraie femme, vraiment enceinte, ce qui est exceptionnel dans les pubs, même celles pour les coussinets ou les souiens-gorge d'allaitement.
J'ai allaité mes quatre enfants, de quelques semaines pour la première, les études médicales ne m'ayant rien appris sur le sujet, jusqu'à sept mois pour le dernier, y prenant de plus en plus de plaisir- tout en reprenant le travail au bout de cinq semaines- et je ne me sens en rien insultée par l'affiche.
Pour une fois qu'on ne nous impose pas un "faux-sein " siliconé ou retouché! Votre commentaire me met mal à l'aise: ces "veines gonflées" et ce mamelon turgescent, qui ne sont que le témoin de l'imprégnation hormonale de la fin de grossesse, semblent vous faire horreur.
Cette réaction me semble être un exemple de la peur du corps - quand il s'agit d'un vrai corps et pas d'un corps sublimé et retouché- qui s'étend dans notre société. On ne doit laisser s'échapper aucune odeur corporelle, ne pas se montrer si on est laid, vieux , malade.
Je tiens compte de certaines réactions sur le site: je suis prête à comprendre le malaise de ceux à qui la photo rappelle la maladie d'une proche, je suis sensible aussi à la violence que cette photo impose à certains: une violence que je n'analyse pas comme faite aux femmes mais comme une irruption du rappel de la composante " animale " de l'être humain, qui est un mammifère et nourrit ses petits - capacité que possède toute femme et que l'industrie du lait artificiel s'est ingéniée à nous faire remplacer, à grands coups de campagnes de pub, par l'idée qu'il s'agit d'une entreprise d'une difficulté insurmontable.
En ce sens, je rapprocherais cette pub d'une pub benetton qui avait choqué: elle montrait un nouveau-né encore violacé et couvert de sébum, tout à fait sain et en pleine forme pour un oeil habitué ms effrayant pour le profane.
Le problème ici est-il la violence faite aux femmes ou notre éloignement d'un certain nombre de réalités de la vie et de nos corps? Brigitte Cantero

Réponse d’Annick Boisset, l'une des responsables de La Meute
:
Ce sein est un symbole nourricier, mais aussi sexuel, les deux fonctions étant indissociablement liées dans la symbolique machiste! Beaucoup d'hommes particulièrement macho sont restés très infantiles et prennent leur femme ou leur partenaire sexuelle pour leur maman !
La photo insiste sur l'aspect malsain de la glande ; cette représentation morbide fait de la femme une corruptrice transmetteuse de maladies. Cette photo, de dimensions gigantesques(4m sur 3 ), n'a aucun rapport avec la réalité du corps féminin, c'est une transcription, un message, une image non réaliste, volontairement surchargée de sens potentiel. Certains ont vu dans la traînée noire un"piercing" dans le mamelon.
Vous avez allaité vos quatre enfants,vous en avez tiré du plaisir et vous en êtes fière ? C'est magnifique. Mais vous savez bien aussi que vous avez vite repris votre travail, qu'une femme ne se réduit pas à la fonction maternelle, qu'elle a d'autres rôles à jouer dans la société, qu'a priori, aucune tâche accomplie traditionnellement par les hommes n'est impossible aux femmes, si elles se mettent en tête de les accomplir. Alors pourquoi toujours les ramener à la représentation de leur différence corporelle, comme pour les assujettir exclusivement à leurs tâches traditionnellement nourricières, ou séductrices ?