Babette crème de CANDIA (Panneaux Decaux)

+ campagne de 2002 et récidive en 2003, au bas de la page

À tous ceux qui parlent de l'humour de cette publicité, voici la lettre d'une membre de la Meute expliquant pourquoi elle signe le Manifeste contre la publicité sexiste :

Caroline, 35 ans
"J'ai été très "frappée" par la publicité Babette. Quand je l'ai vue, je me suis littéralement arrêtée bouche bée devant l'affiche de 4 mètres par 3. Je me suis même demandé si je lisais bien ce qui était écrit.
J'ai pensé aux enfants qui liraient ce texte : quelle association peuvent-ils faire avec leur maman cuisinière ?
Moi-même, à l'âge de seize ans, j'ai été violée et séquestrée. Ensuite, j'ai été régulièrement battue par mon "ami"...
C'est seulement à l'âge de trente-cinq ans que je me suis avoué que non seulement j'avais été violée, mais en plus séquestrée, ce que je refusais. Après de nombreuses années, j'ai contacté un numéro vert pour les femmes victimes de violences.
Cette pub qui racole et qui exploite, je n'arrive même plus à trouver assez de mots pour exprimer mon dégoût.... "

Guillaume Granier, 24 ans, Tours
Je pensais que les constructeurs automobiles avaient la palme du mauvais goût mais dans la catégorie pub débilo-macho, la concurrence est rude ! Pour preuve, cette pub pour une crème fraîche, apparue en nombre sur les panneaux d'affichage en avril 2000. On y voit un corps de femme, du cou aux cuisses, recouvert d'un tablier avec ces mots écrits : BABETTE JE LA LIE JE LA FOUETTE ET PARFOIS ELLE PASSE A LA CASSEROLE
J'ai écrit le 8 mai 2000 au service consommateurs de la société.
http://www.candia.fr/feedback.htm
J'ai expliqué poliment que je ne trouvais pas très malin d'associer l'image d'un corps féminin à des termes faisant allusion à la violence d'une séance sado-maso ou d'un viol.
J'ai reçu cette réponse le 15 mai 2000. La voici (en italiques), avec mes commentaires (en romain), que j'ai envoyés, sans recevoir de réponse.
Bonjour,
Nous avons lu avec intérêt votre message et nous tenons à vous dire combien nous sommes ennuyés d'un tel malentendu. Sachez qu'à aucun moment nous n'avons souhaité provoquer une telle réaction.
Je ne doute pas de votre sincérité. Vous n'aviez jamais imaginé une telle réaction et cette pub était censée passer inaperçue, bien sûr...Il est vrai que bien souvent la communication utilise les charmes des femmes pour vanter les mérites d'une voiture, d'une entreprise, voire d'un service.C'est malheureusement vrai, était-ce donc bien la peine de poursuivre dans cette pitoyable mode ?
Nous, dans ce cas, nous avons justement voulu faire l'inverse.
Ah oui? J'ai du mal à comprendre. Expliquez moi...
Ne pas utiliser la femme en tant qu'objet mais bien au contraire mettre en avant une femme qui maîtrise son destin, une femme moderne, active, volontaire, décidée. Bref, une femme d'aujourd'hui qui vit bien dans son époque, qui prend plaisir à faire la cuisine et a le sens de l'humour.
Parlons-nous bien de la même publicité ? Une femme sans tête pour représenter cela ! Même si on prend ça au premier degré, une femme qui maîtrise son destin, une femme moderne, active, volontaire, décidée, c'est une femme qui fait la popote? Tablier et ustensiles en main, c'est elle, la femme d'aujourd'hui ? Comme explication, c'est aussi léger que votre crème !
Babette est le nom de notre marque de crème longue conservation et cette marque existe depuis plus de dix ans.
Hors-sujet. Pas la peine de me refaire un petit coup de pub, ça ne marche pas !
La particularité de notre crème est qu'elle peut être liée pour faire une sauce, qu'elle peut être fouettée pour être montée en chantilly et qu'elle peut être chauffée dans une casserole. En effet, tous les mots que nous avons utilisés sont des termes culinaires qui expriment la texture semi-épaisse de notre crème, contrairement aux autres qui sont fluides.
Bon sang, c'est bien sûr! Quel idiot, je n'avais pas compris la poésie de la publicité et ses références très subtiles à la cuisine ! Et moi qui, mauvais esprit, n'avais vu que des allusions à la violence sur les femmes, je me sens tout bête maintenant que j'ai compris mon erreur!
Notre campagne a été testée auprès d'un panel de femmes et son interprétation a été positive.
Je ne vois pas ce que cela prouve. Tant pis pour elles si ça ne leur fait rien. Moi, ça ne m'amuse pas. Je n'ai pas envie de laisser un panel décider de ce que je pense...
Sachez enfin que ce sont des femmes, tant chez nous que dans notre agence de publicité, qui sont les auteurs de cette campagne.
Alors là, que cette pub sorte du cerveau de publicitaires hommes ou femmes, c'est pas ça qui va m'inspirer plus confiance!
Soyez assuré de toute l'attention que nous portons à votre réaction et que nous en tiendrons compte pour le futur.
Service Consommateurs CANDIA

Je n'en doute pas. Je n'ai, par exemple, reçu aucune réponse à mon deuxième mail !... J'ai aussi essayé d'envoyé un autre mail sous une adresse email différente pour vérifier...que j'allais bien recevoir cette même lettre type...et ça n'a pas raté!
Bref, non seulement on se fout de ces réactions pourtant attendues et en plus on me prend pour un débile en m'expliquant les subtilités de la langue française, à moi, pauvre idiot qui, étant un homme, ne connais donc pas le vocabulaire culinaire...

Babette (deux visuels, en avril 2000, et en avril 2001)
"Cette publicité m'a souvent été signalée par des femmes victimes de violences conjugales. On ne devrait pas utiliser la violence faite aux femmes comme un argument commercial. Or voici la représentation d'un homme, avec de grosses mains et de larges épaules, entouré par des ustensiles de cuisine, qui peuvent aussi servir à torturer, et ces mots : "Babette, j'en fais ce que je veux", expression employéee seulement pour des objets ou pour des personnes soumises par des violences soit physiques, soit psychologiques. Le directeur commercial de la marque prétend que le corps est celui d’une femme. Quant à l'argument selon lequel il ne s'agit là que d'inoffensifs ustensiles de cuisines, c’est ne rien connaître à la violence conjugale… Le fait que le produit porte un prénom féminin, qui est celui de milliers de femmes en France, renforce l'idée d'une incitation à la violence sur une femme. La Meute a choisi une autre action pour le mois de mai, car nous savons que les responsables de cette crème ont cherché à nous provoquer, en espérant que nous réagirions, ce qui ferait parler de leur produit". interview de Florence Montreynaud dans Culture Pub Magazine, n°4, mai-juin 2001

3° campagne, 17 avril 02
Slogans : « Babette, si vous saviez tout ce que je lui fais »
« Babette, tout ce que je lui fais, je l'ai mis sur internet »
Description : C'est toujours hélas avec la même image que Candia fait la publicité pour la torture des femmes : un tronc de femme vêtu d'un tablier et tenant dans ses mains des ustensiles de cuisine comme des instruments de tortures.
Analyse : Que dire qui n'aurait pas déjà été dit et redit par tant de personnes choquées par cette incitation, cette apologie de la violence et de la torture? Visiblement Candia table sur notre lassitude, notre épuisement pour nous faire craquer et enfin nous faire céder à l'image de la femme qu'elle veut inculquer de force dans les cerveaux : encore et toujours un objet soumis.

Ecrivez ! www.candia.fr
Cedilac CANDIA
41 cours Suchet
69 286 Lyon Cedex 02
Monika KARBOWSKA, Paris, 18 avril 2002

Autres réactions

Nouvelle campagne Babette - même tablier et corps de femme tronqué affublé de deux bras tenant les ustensiles de cuisine (le graphiste exploite son idée jusqu'à plus soif sans faire preuve de beaucoup d'inventivité, cela doit être pour faciliter aux consommateurs abrutis qu'il s'agit du même produit !!!)
* "Tout ce que je lui fais je l'ai mis sur internet"
le tablier étant rose, faut-il dresser un parallèle avec la messagerie rose ???
* "Si vous saviez tout ce que je lui fais"
Quel vantard ce mec !!! eh bien justement, non, on n'a pas envie de savoir!!!

je conseille à toutes et à tous pour la pub babette d'aller sur le Forum et
de dire ce que vous avez à dire ...
site : www.babette.fr
cliquez sur la saga de babette et là vous pouvez inscrire vos messages sur le Forum

Je vous encourage toutes et tous à réagir
Patricia Pacitti, Lyon, 18 avril 02

Je viens de visiter le site www.babette.fr <http://www.babette.fr> , je voulais écrire un message au directeur de la communication et quelle ne fut pas ma surprise de constater que leur site n'est qu'un prolongement honteux des publicités :
Nous arrivons sur une page d'accueil construite à l'identique de celle d'une page X, il faut choisir, après avoir lu tout un tas de sous entendus se rapportant au sexe sur un fond rose : j'entre ou je refuse !
Puis des tas d'allusions très explicites :
Entrez dans l'intimité de Babette
Rejoins moi gratuitement ...
Je ne les ai pas toutes relevées mais c'est assez choquant et tout cela pour de la crème fraîche !
stephanie vella, la roche sur yon, 26 avril 2002

Nouvelle affiche, 23 avril 2003
Slogan « Babette, elle vous fait quoi ce soir ? »
Toujours les allusions lourdingues : cuisine ou baise ?
Ralbol du sexisme pour vendre de la crème à cuisine !

L'image, si on ose dire, c'est le corps tronqué d'une femme, sans tête et sans pieds, donc du buste aux genoux. Elle porte un tablier, a un instrument de cuisine dans chaque main, et a priori, c'est elle qui dirait le slogan.
Ca me parait donc renversé (comme la crème ?!). Elle semble prête à cuisiner mais aussi prête à frapper. Alors qu'on sait très bien que ce sont les hommes qui battent le plus souvent leur compagne, et d'un, et de deux, que leur slogan précédent sous-entendait que les femmes étaient battues et aimaient ça.
Pascale Délos, 25 avril 03