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Commentaires du Québec sur le sexisme des publicités françaises

Caroline Dhavernas, Montréal, Canada
" Je dois vous avouer que la pub québécoise manque parfois de respect vis-à-vis la femme, mais ce n'est rien quand je la compare à la pub française. Durant mon dernier voyage à Paris, j'ai été complètement surprise de voir à quel point le corps de la femme était utilisé pour vendre un produit. Je suis bien d'accord avec vous, ce n'est pas la femme qui est représentée, mais un fantasme d'homme assez cliché merci. Croyez-moi, nous ne vivons pas tout à fait la même réalité. Par contre, si on parle de films, le cinéma américain avec lequel vous êtes aussi familiers, bat parfois des records côté femme-objet.
Bref, la liste de comparaisons est longue. Récemment, j'ai eu une conversation avec une Française en vacances au Québec. Elle me disait qu'à Montréal, elle se sentait beaucoup plus libre de s'habiller comme elle voulait, sans craindre le regard parfois agressant de certains garçons.
J'étais étonnée, parce que chez nous, personne n'oserait se promener les seins nus sur la plage. Je croyais donc que la France était un pays beaucoup plus ouvert sexuellement que le notre. Elle m'a répondu qu'à part à la plage, les filles qui s'habillent de façon un peu sexy sont tout de suite vues commes des pétasses : les femmes respectables n'ont pas le droit d'être sexuelles. Le fantasme de la femme sexy et accessible se réflèterait-il dans la pub ? Le produit annoncé est facile à se procurer: on n'a qu'à l'acheter et on obtient le fantasme en prime."
4 octobre 2000

Martin Dufresne, traducteur, Québec, Canada
" Le Collectif masculin contre le sexisme a collaboré à contester et, dans certains cas, à faire retirer des pubs particulièrement sexistes au Québec. Nous avons notamment remarqué que les pubs produites par des sociétés d'État étaient les plus vulnérables à quelques lettres de lecteurs bien placées dans des tribunes de quotidiens, surtout lorsque nous nommions les cadres imputables de ces outrages subventionnés. "
7 octobre 2000

Jean Perron, écrivain, Hull, Québec, Canada
" Le fléau de la publicité sexiste n'est pas enrayé au Québec ni au Canada ; il prend sans cesse de nouvelles formes, plus pernicieuses parfois. Par contre, certains facteurs permettent de réduire le problème. Paradoxalement, un de ces facteurs provient des milieux les plus réactionnaires. Il existe un vieux fonds de puritanisme dans la population et cela contribue à la lutte contre les publicités sexistes dans le sens où les puritains vont réagir mal à toute représentation de la nudité dans la publicité. Or la stratégie sexiste la plus élémentaire des publicitaires est d'utiliser le corps dénudé comme objet sexuel stéréotypé. Ici, avec les puritains, ils ont un premier bâton dans les roues.
Le deuxième facteur est l'extraordinaire vigueur du mouvement féministe québécois qui, au cours des années 80, a fait de la lutte contre la publicité sexiste un de ses principaux chevaux de bataille, par exemple en plaçant des personnalités publiques dans l'embarras en les sommant de donner leur avis sur certaines pubs offensantes. Un certain sens critique face à la publicité s'est donc développé dans la population. Les milieux puritains sont toutefois des alliés fort encombrants dans cette bataille, car ils ont introduit des éléments de néo-puritanisme dans le mouvement féministe (par exemple une certaine paranoïa au sujet du harcèlement sexuel, ce qui tend à diluer le problème et même à le banaliser). Pire, les puritains sont en flirt constant avec des idées d'extrême droite et menacent des acquis comme le droit à l'avortement. Nous devons donc être vigilants pour que la lutte contre la publicité sexiste ne soit pas récupérée par des réactionnaires et détournée vers des fins contraires sous des dehors progressistes. "
16 novembre 2000

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