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Action n° 2
Chaussures Mac

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Commentaires de
1. signataires du Manifeste "Non à la pub sexiste!"
2. personnes rencontrées dans la rue

Signataires du Manifeste "Non à la pub sexiste!"

Françoise Cléostrate, Marseille
Monsieur,
Nous avons pris note de votre intention de réfléchir à la signification de votre prochaine campagne de publicité. Toutefois, lorsqu'un homme parle d'avenir à une femme, celle-ci sait de quoi il retourne.
Nous voulons des actions concrètes et immédiates.
Ce que nous voulons : que vous renonciez à votre campagne actuelle, et que vous regrettiez publiquement d'avoir laissé vos publicitaires prendre un ton qui dégrade l'image des femmes.
En tout cas, nous, nous allons recommander à toutes les femmes de faire attention aux chaussures des hommes qu'elles rencontrent... Une façon comme une autre de juger un homme ! Elles savent maintenant que les porteurs de chaussures Weston sont des proxénètes en puissance! Le message sera : " S'il porte des chaussures Weston, fuyez ! "
Plus aucun homme sensé ne voudra acheter vos chaussures... C'est la veste à coup sûr!!!!
Soyez assuré de notre diligence à faire passer ce message.
24 janvier 2001

Stéphanie Cordellier, étudiante
Encore une publicité sexiste qui montre le mépris des femmes exprimé par les publicitaires et par la presse masculine. Car c'est à ce genre de publicité que l'on réalise combien Le Monde et Le Nouvel Observateur se moquent bien de ce que ressentent les femmes et ne sont en fait que des médias faits par des hommes pour des hommes (et les quelques femmes qui sont là sont bien obligées de tenir un discours anti-féministe pour être acceptées).
On peut néanmoins s'interoger sur le plaisir que peuvent ressentir les hommes à être comparés à... un maquereau ! En tant que blanche, je ne me sentirais pas du tout valorisée d'être comparée à un marchand d'esclaves. Les hommes sont-ils si sadiques ? Le mépris de l'opinion féminine est en tout cas manifeste et témoigne de l'état moyenâgeux de la démocratie à la francaise. Les femmes viennent à peine d'être reconnues comme citoyennes par l'Assemblée nationale, mais elles restent des moins que rien dans les médias.
La moitié des pubs ont une image hyper-traditionaliste des femmes, mères dévouées à leur famille. L'autre moitié a une image tout aussi patriarcale et sexiste des femmes, mais prétendument moderne : c'est la femme-putain, ce corps chosifié au service des désirs masculins.
Vous n'avez pas réussi à dépasser la double image où l'on nous enferme depuis des siècles : la vierge-mère et la putain.
Sachez qu'il existe de nombreuses femmes, et même la majorité, qui ne correspondent pas du tout à ces deux modèles réducteurs et qui refusent de se laisser opprimer, que ce soit comme mère au service de leur famille et de leur homme, ou comme corps humain mis sur le marché.
Il est temps d'évoluer, c'est déjà le 21ème siècle !
9 février 2001

Eliane Crouzet, Nîmes
Monsieur,
Je ne suis pas satisfaite de la réponse que vous nous avez faite le 15 janvier 2001. Je fais partie des signataires du Manifeste contre la pub sexiste, relayant beaucoup de personnes de mon entourage qui ont été choquées par la publicité parue dans Le Monde et dans Le Nouvel Observateur vantant les chaussures Weston.
Plutôt qu'un "univers de séduction saine", nous préférerions un "univers respectueux de la dignité des hommes et des femmes". Les premiers ne sont pas tous d'accord pour placer leur amour-propre dans l'écrasement des femmes ; les secondes se sentent humiliées d'être représentées par des personnes cherchant à chatouiller vos clients à un endroit aussi bas
La publicité gagnerait en crédibilité et en efficacité si, au lieu de prendre les clients pour de vieux libidineux, elle les prenait pour des personnes sensées et leur apportait une véritable information.
Je suis donc prête à participer, avec d'autres personnes révoltées par le ton de vos relations humaines, à toutes initiatives publiques, pour dire
STOP ! ASSEZ DE LA PUB SEXISTE !
Si vous avez besoin d'une publicité aussi effrénée, nous devons en conclure que la qualité de vos chaussures n'est pas un argument suffisant de vente, et que nous devons donc nous méfier.
Je ne suis pas sûre d'être entendue, mais il faudra bien qu'un jour ou l'autre vous soyez plus respectueux de la dignité humaine si vous ne voulez pas vous exposer au mépris vous-même.
Comme vous ne respectez pas les femmes, donc moi qui en suis une, je ne vous salue pas respectueusement.
1er février 2001

Amélie Duranty
au PDG des chaussures : Comme de nombreuses personnes, je suis indignée par les publicités publiées dans "Le Monde" mettant en scène des femmes (soumises, forcément) dont la tenue évoque la prostitution et des hommes (dominateurs, bien entendu) qui seraient leurs proxénètes .
Je n'achèterai aucun article provenant de vos magasins à mon époux tant que vous ne vous engagerez pas à ne plus utiliser ce type "d'arguments de vente".
On peut évoquer la séduction ou vanter un produit sans avoir recours à la vulgarité, la violence et à l'exploitation humaine.
à l'agence de publicité : Comme de nombreuses personnes, je suis indignée par les publicités dont vous êtes les auteurs, publiées dans "Le Monde" mettant en scène des femmes (soumises, forcément) dont la tenue évoque la prostitution et des hommes (dominateurs, bien entendu) qui seraient leurs proxénètes .
En tant que femme et mère de deux petites filles, je suis exaspérée par les publicités qui dégradent l'image et le corps des femmes et qui sont supposées flatter les instincts les plus "primaires", les plus gras et les plus violents des hommes. Tenter de justifier ces publicités par la séduction ou l'humour ne saurait être un argument à mes yeux.
On peut mettre en images la séduction ou vanter un produit sans avoir recours à la vulgarité , la violence et à l'exploitation humaine.
J'ajouterai enfin, en tant que consommatrice, que si le but d'une campagne publicitaire est de faire vendre un produit, en ce qui me concerne je boycotte systématiquement les produits et les marques qui ont commandité et accepté lesdites publicités.
7 mars 2001

Véronique Guérin, formatrice-consultante en relations humaines
Les hommes qui achètent les chaussures weston ont-ils de plus petites bites que les autres ?
A Mr Descours, PDG des chaussures Weston
Copie agence Loeb, Nouvel Obs, Monde, BVP
Je suis tombée sur une pub WESTON dans un numéro du Nouvel Obs dont le dossier principal était consacré aux femmes en politique.
Le dossier était plutôt intéressant, en tout cas il donnait à penser que les mentalités évoluaient doucement en tout cas chez les électeurs et chez les femmes.
La page qui suivait le dossier était consacrée à votre pub.
Et là ça a été un retour brutal à la réalité de l'image de la femme et de l'homme tel qu'ils sont véhiculés par les publicitaires.
Votre pub les invite à assouvir un fantasme de domination sur la femme en achetant ces chaussures ! Aussi la question que je ne manque pas de me poser lorsque je rencontre un homme qui porte vos chaussures est celle-ci : " A-t-il des problèmes d'impuissance, d'éjaculation précoce ou en a-t-il simplement une plus petite que les autres ? " Je le sonde, je teste, je ruse, je m'informe... et ne manquerai pas de vous tenir informés des résultats de mon test ! mais sans doute les publicitaires ont-ils fait cette pub à partir d'une étude de marché qui vous donnait déjà ces informations.
À moins que les concepteurs n'aient eu d'autres idées ? J'aimerais bien les connaître pour savoir si cette pub a été faite en connaissance de cause ou de façon naïve ....
En tout cas, je suis étonnée que des journeaux tels que Le Monde ou Le Nouvel Obs ne voient pas à quel point saute aux yeux le décalage entre ce qu'ils écrivent et les pubs qui parsèment leur journal. À votre avis, entre les mots et les photos, qu'est-ce qui a le plus de poids ?
Est-ce de l'inconscience, de l'aveuglement, de la lâcheté ou plus prosaïquement la loi du marché qui fait que dans ces journaux la main gauche ne sait pas ce que fait la main droite ? Pourtant il y a des femmes qui travaillent dans la pub et le journalisme, non ? mais peut-être pas à des postes de pouvoir ?
J'invite tous mes copains PDG à ne pas acheter les chaussures de votre marque et je continue à aboyer avec la Meute.
20 février 2001

Claire Guéron, enseignante
J'apprends que beaucoup de personnes ont été, comme moi, choquées par la publicité ouvertement sexiste et dégradante, vantant une marque de chaussures pour hommes, que vous avez fait paraître il y a quelques mois dans Le Nouvel Observateur. J'apprends aussi que vous avez traité avec le plus grand mépris un courrier que vous a adressé Florence de Montreynaud. Pour un journal qui se fait passer pour éclairé et à l'avant-garde du progrès social, c'est le comble de l'hypocrisie. Comment peut-on à la fois vanter les progrès réalisés par les femmes dans des articles comme "Les femmes attaquent", déplorer les agressions sexuelles qui se multiplient contre les jeunes filles, et contribuer comme vous le faites de plus en plus à salir l'image de la femme à travers la publicité? Vous comprendrez donc pourquoi les multiples lettres de relance que vous me faites parvenir restent sans réponse. Malgré les excellentes chroniques de F. Reynaert, et de J.Julliard, malgré l'éditorial de J.Daniel, malgré la qualité des articles, et malgré le retour de C.Brétécher, je refuse de cautionner par mon abonnement un journal qui crache sur ses lectrices (et ses collaboratrices, par la même occasion. Qu'en pensent-elles, d'ailleurs?).
20 février 2001

Nathalie Guesdon, Le Mans
à sfc@jmweston.fr, loeb@newedge.fr, contact@bvp.org
Madame, Monsieur,
Je tiens ici à exprimer ma déception devant la série récente de publicités de cette marque de chaussures pour homme qui présente les femmes comme des objets sexuels, corps disponibles et infériorisés.
Il est temps que les publicités évoluent dans ce pays comme évoluent les mentalités. La vulgarité et le sexisme ne sont plus des arguments de vente !
Salutations féministes,

Véronique Jourde, Valbonne
Messieurs, je tiens à vous faire savoir mon extrême indignation à la vue des publicité pour les chaussures Weston qui déshonore les pages de grands journaux français.
Ces publicités jouent sur une représentation des hommes et des femmes avilissantes pour les deux sexes ; la femme y est représentée offerte et consentante et l'homme viril et dominateur, le tout grâce à l'intermédiaire de la chaussure.
L'image est pleine de détails symboliques qui renforcent encore le positionnement sexuel .. d'une chaussure ! Ne venez pas me dire qu'il s'agit de représenter un climat de "saine séduction" - si vous considérez ou voulez nous faire croire que la prostitution relève d'un tel climat, vous prenez vos clients pour les derniers des imbéciles.
Je regrette qu'une fois de plus le corps de la femme et le sexe aient été utilisés comme vecteurs dévoyés d'un message commercial.
Je vous demande instamment de ne plus utiliser/cautionner à l'avenir de tels procédés.
28 fév 2001

Dominique MARCILHACY, Membre du Conseil Economique et Social et Chienne de Garde
Messieurs,
Votre société diffuse actuellement une publicité mettant en scène un homme chaussé par vous et une femme dans une position de soumission plus qu'ambiguë.
Chacun a le droit, en privé, de faire appel aux fantasmes de son choix. Mais souffrez que, s'agissant d'une image vue par des milliers d'yeux, on puisse se sentir blessée par une telle représentation.
Il est vain de défendre l'égalité entre les sexes et l'éminente dignité de chacun d'eux si l'on propage des images dégradantes de la femme.
Les chaussures Weston ont-elles tellement mal à se vendre que vous ayez besoin de faire appel aux plus bas instincts de vos clients ? J'ose en douter.
A l'avance, je vous remercie de vous ressaisir, de faire disparaître cette publicité indigne de vous et de renouer avec la tradition de bienséance et de qualité qui caractérisait votre maison.
26 janvier 2001

Vincent Michard
En lisant Le Monde le 21 novembre dernier, j'ai été choqué par une publicité pour les chaussures de votre marque figurant une femme quasi nue assise sur un fauteuil et comme écrasée par le pied énorme d'un homme. Cette mise en scène suggérait en effet un état de totale domination d'une femme par un homme.
Par un courrier électronique de Florence Montreynaud, j'ai appris que vous prétendiez, dans ces publicités, " placer Weston dans un univers de séduction saine " ! Il me semble que c’est plutôt d’un univers de prostitution et d’esclavagisme sexuel qu’il s’agit ! Comme trop d'autres campagnes publicitaires, la vôtre repose sur une assimilation entre un corps de femme et un produit marchand. Il y a là une chosification inacceptable du corps féminin, qui va à l'encontre du respect de la dignité des femmes, et donc plus généralement de la dignité humaine.
Je vous demande donc de vous engager solennellement à ne plus utiliser de telles représentations sexistes pour vos campagnes de promotion. Pour ma part, je me suis engagé à ne plus acheter de chaussures de votre marque tant que vous n’aurez pas pris publiquement l’engagement de ne plus utiliser d’éléments sexistes dans vos publicités.
6 avril 2001

Annie Morel, expert comptable
Je souhaite protester contre le caractère dégradant et humiliant pour les femmes en général, de votre publicité parue dans le Monde et Le Nouvel Observateur. Ces images véhiculent une idée de supériorité de l'homme sur la femme et présentent cette dernière comme un sous-être, objet sexuel à disposition, dénué de tout intellect. Elles renforcent aussi la violence à l'égard des femmes.
Vous devez douter des qualités et attraits de vos chaussures pour vous abaisser à utiliser de telles tactiques.
Quant à l'agence de pub responsable de cette publicité, il apparait qu'elle confond les notions de femme et de prostituée.
Aucune excuse ne peut être accordée aux journaux diffusants ce genre de publicités. Ils ont beau arguer du fait que la publicité les fait vivre, la dignité des personnes (femmes comprises!) doit être respectée.
En tant que jeune femme moderne, je ne me reconnais pas dans ce monde de domination masculine et utilisant les procédés les plus éhontés pour maintenir cette domination.
Pour l'harmonie et le respect entre les femmes et les hommes
13 avril 2001

Thérèse Oudet, professeur
À Vesoul, nous sommes épargnés par ce genre de publicité (il n'y a pas de clientèle pour des articles de luxe !), et je ne pense pas que les gens apprécieraient. Je n'ai pas vu les publicités pour les chaussures MAC, mais en lisant vos descriptions, il me semble évident qu'il y a là une nouvelle surenchère dans un esthétisme (?) se prétendant "libéré", et ne reculant devant aucun amalgame. Jouer sur un instinct sexuel de possession et le farder avec de beaux oripeaux ne fait qu'accentuer l'hypocrisie de ceux qui ne respectent plus rien ni personne. On se plaignait des publicités scandaleuses de Benetton, mais comparées aux chaussures MAC, elles sont à l'eau de rose !
Il faut protester vivement auprès de l'annonceur. En outre, Le Monde me semble dégrader son image. Dans le numéro daté du 9 décembre 2000, toute la dernière page était occupée par une publicité pour lingerie féminine, qui se trouvait aussi dans les couloirs de métro. Pour moi, quand je referme mon journal, je n'ai pas envie d'être "agressée" par une image en gros plan de ce genre. Les dernières publicités de lingerie féminine, où l'on voit surtout un joli postérieur (jeune et parfait, bien sûr) avec un peu de dentelle rouge, et le texte: " est-ce la nature ou le Père Noël qui vous a gâtée? ", ne me plaisent pas davantage. Comme l'image est placée au dos de la couverture, elle s'adresse à tous les publics, qui n'ont même pas besoin de feuilleter le magazine !
Pourquoi étaler ce qui relève du privé, de l'intime, comme s'il fallait tout banaliser ? Je ne crois pas qu'une société qui mélange tout, qui étale des photos sexistes à la vue de tous, de tous âges et de toutes cultures, qui considère qu'il n'y a aucune raison de se gêner, mais qui impose à tous ses diktats socio-culturels, puisse aider à l'éducation à la citoyenneté.
Cela demanderait à être développé ou discuté. En tout cas, à Paris, on semble oublier, dans les milieux publicitaires, que le public est très mélangé, ne serait-ce que dans le métro, et que des images de ce type agressent des gens dont la culture et les religions sont fondées sur d'autres principes. Si on veut les amener à évoluer, ce n'est certainement pas avec des méthodes aussi brutales.
21 décembre 2000

Claudie de Rauglaudre
Monsieur,
Florence Montreynaud dont j'appuie les actions en faveur de l'abolition de toute publicité à caractère sexiste me fait parvenir votre réponse du 15/01/01. C'était au sujet de la pub WESTON où une femme, déguisée en ravissante idiote, se laisse carrément écraser par la dite chaussure mâle à l'endroit le plus intime de son corps.
Dans votre lettre, vous avez l'audace d'écrire la phrase suivante : " ()
notre seule volonté étant de placer Weston dans un univers de séduction saine ". Je crois rêver : ai-je bien lu : " Séduction saine " ? S-a-i-n-e ? Séduction saine ? Il faut être un homme pour lire dans les images publiées dans Le Monde, Le Nouvel Observateur et Le Point, et peut-être ailleurs, le moindre indice de séduction saine.
Sans doute rêvez-vous de dominer de la façon la plus brutale, la plus sordide qui soit, avec votre chaussure symbolisant votre énorme pénis en érection (fantasme suprême !), une femme réduite à un corps offert ? Dans ces images, la femme est le symbole même d'Ève humiliée et anéantie par sa propre crédulité à accepter la dépendance de la chaussure-serpent-phallus.
Monsieur et vos comparses, écoutez-moi bien, vous êtes en train de dégoûter plutôt que de séduire l'immense majorité des femmes. Vous avez de la chance de trouver encore des femmes capables de faire le jeu des publicitaires. Oui, nous sommes naïves depuis l'aube des siècles. Nous croyons en la bonne foi masculine et à ses discours insidieux. Au 21è siècle où les femmes commencent à " jouir " enfin des bénéfiques révoltes féministes, rien ne pourra plus être comme au temps jadis, où les hommes dans leurs fantasmes de domination et de subordination des femmes usaient et abusaient du pouvoir que leur donnait la société.
Attention à vous ! Le jour viendra où un retour de bâton se fera, si vous ne changez pas votre manière d'être. Mais nous sommes patientes et non-violentes, nous les femmes, nous vous laissons encore votre chance.
A bon entendeur, salut !
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués, mais indignés.
23 janvier 2001

Laetitia Rémion, Paris
- au PDG des chaussures
Monsieur,
Je trouve votre dernière campagne de publicités sexiste et vulgaire.
Je n'aurai jamais imaginé qu'une marque de chaussures de luxe accepte de s'afficher dans un univers de prostitution de luxe. C'est tout simplement insultant pour ses clients.
Il est de bon ton de nos jours que les marques de luxe flirtent avec le sado masochisme et le sexisme. Vous êtes-vous laissé séduire vous aussi ? En tout cas, il faut que vous sachiez que ce genre de publicités heurtent la sensibilité de nombreuses personnes. Nous avons l'esprit plus critique que vous ne vous l'imaginez.
J'espère que cette campagne publicitaire est une erreur de votre part et qu'à l'avenir vous respecterez un peu plus vos clients.
- au directeur du Nouvel Observateur
Monsieur,
Je tiens à vous faire part de mon étonnement et de mon agacement à voir de plus en plus souvent des publicités sexistes dans les pages du Nouvel Observateur.
Je suis une fidèle lectrice de votre magazine depuis l'age de 16 ans (il y a 10 ans). J'ai choisi à l'époque de m'abonner au Nouvel Observateur plutot qu'à un autre magazine car les sujets traités correspondaient à ma sensibilité. Mais aujourd'hui, quel crédit donner à vos articles quand, page après page, on nous impose la vision de publicités sexistes ? Les publicités concernant la marque Weston m'ont décidée à vous écrire pour vous informer de mon indignation. En effet, valoriser la prostitution de luxe pour des chaussures est intolérable. Le fait que vous acceptiez de publier de telles publicités dans votre magazine signifie que vous les approuvez. J'espère me tromper.
Je suis consciente que la publicité est importante pour la vie d'un journal, mais j'espère que dorénavant vous serez plus vigilant sur les publicités figurant dans votre magazine. L'avis des lecteurs compte aussi, n'est-ce pas ?
- au directeur/à la directrice de l'agence Loeb
Madame, Monsieur,
Je vous écris pour vous informer de mon indignation concernant la dernière campagne de publicités Weston réalisée par votre agence.
Vous valorisez les chaussures Weston en les associant à la prostitution de luxe. Vous valorisez donc par la même occasion la prostitution de luxe, ce qui est intolérable. Utiliser le sexe et les vices pour mettre en valeur un produit est chose facile et connue, pas besoin d'être un publicitaire chevronné pour cela. N'avez-vous donc pas plus d'imagination pour la création de vos campagnes ?
J'espère sincèrement qu'à l'avenir vos publicités seront créatives et distrayantes. Ces qualités-là attirent également l'attention du public.
28 janvier 2001

Christèle Rocher, Paris
- au directeur du Monde
Le Monde... des sexistes ?
Monsieur,
Cela fait plusieurs mois que je remarque une dérive sexiste des publicités parues dans Le Monde. La dernière en date, celle pour les chaussures Weston, m'interroge plus particulièrement.
Ne vous semble-t-il pas choquant d'accepter de publier des publicités présentant des femmes comme des prostituées ? Des chaussures d'homme écrasant des ventres de femmes ? Si à la place d'une femme, il y avait eu un noir, auriez-vous agi de la même manière ? Je vous rappelle que près de la moitié de vos lecteurs sont des lectrices, et que beaucoup sont de plus en plus excédées d'être ainsi niées ou dévalorisées.
Nous vous demandons de vous engager à ne plus publier des publicités aussi dégradantes pour les femmes.
Une future ex-lectrice du Monde ?
- à l'agence Loeb
Je suis choquée par la publicité que vous avez faite pour les chaussures Weston. Présenter une chaussure d'homme semblant écraser un ventre de femme ? Des femmes ressemblant à des prostituées ? N'avez-vous pas plus d'imagination ? D'esprit critique ? N'en avez-vous pas assez de tous ces clichés sexistes ? Pensez-vous au fait que la moitié des personnes qui voient vos publicités sont des femmes ? Des femmes excédées par cette image sans cesse renvoyée ? Des femmes lassées des publicitaires qui ne les voient qu'en maman ou en putain ? N'y a-t-il pas de publicitaire un peu plus innovant dans votre agence ? Dans l'espoir qu'un vent frais viendra booster votre imagination
23 janvier 2001

Hervé-Patrick Stella
Je vous écris à propos de votre publicité pour les chaussures Weston.
J'ai 45 ans, je suis cadre supérieur, et cela fait 20 ans que j'achète régulièrement des chaussures Weston.
Or la vision dégradante que vous donnez de l'homme dans votre publicité m'a profondément choqué.
Je ne suis pas un maquereau, et les femmes que je fréquente ne sont pas des putes.
Si vous ne retirez pas immédiatement cette publicité, en présentant des excuses dans la presse pour le tort que vous nous faites, tant aux femmes qu'aux hommes, comptez sur moi pour ne plus jamais mettre les pieds dans vos magasins et pour faire autour de moi la contre-publicité que vous méritez.
26 janvier 2001

Eliane Fiolet
Notre societe francaise est toujours inegalitaire quant au traitement des femmes et des hommes, ne ce serait-ce que dans le monde du travail et de la politique. Ce type de publicite exprime un profond mepris vis a vis des etres humains appartenant au genre feminin et contribue fortement a creuser cette inegalite.
Je trouve votre reponse aux signataires du manifeste de "La Meute" du 15 janvier peu satisfaisante. En effet, vous laissez entendre que le sens sexiste des images de votre publicite n'est qu'une "interpretation" de notre part.
Globalement la publicite sexiste utilise toujours les memes codes: une femme "seduisante", passive, toujours denudee, dans des poses offrant son corps (a un homme, s'il est present souvent habille), induisant forcement une domination machiste. Je n'ai rien contre la beaute des etres humains ou la seduction (encore faudrait -il se mettre d'accord sur la definition de la seduction) mais dans le cadre de votre campagne la femme est presentee comme un pur produit de consommation masculine.
Les personnes defendant ce genre de messages visuels se refugient toujours derriere la beaute du corps et/ou la seduction.
D'ailleurs vos publicitaires n'ont pas mis un homme a la place du modele feminin dans la meme posture et vice versa...
Je vous prie de prendre l'engagement ecrit de renoncer a utiliser des elements sexistes dans les publicites de votre societe.
Un tel acte me parait indispensable a toute entreprise entrant dans le 21e siecle.
J'envoie en copie cet email a l'agence publicitaire qui a cree cette campagne ainsi qu'aux journaux l'ayant publiee, esperant ainsi avoir un impact sur leur ethique professionnelle.
Dans l'attente, veuillez agreer, Monsieur, mes salutations distinguees.
18 juin 2001

Florence C
Cher Monsieur,
Que les chaussures Church’s sont belles quand Weston s’enferre ! Pour des chaussures, s’enferrer n’est pas forcément un acte pendable, je vous l’accorde. Mais persister dans l’erreur, quand on est un chef d’entreprise, ce n’est pas très intelligent. L’imbecilitas sexus d’autrefois aurait-il passé les frontières du genre et l’homme avisé que vous êtes aurait-il oublié toute prudence commerciale ?
Certaines publicités ne passent plus. Elles scandalisent, non point de ce scandale qui fait vendre, mais de cette ombre de mauvais aloi qui déplaît, finalement, aux hommes de goût. Je ne sache pas que Berlutti ait besoin de peau de femme pour vendre. La peau de femme a peut-être été trop utilisée, ne pensez-vous pas ? Elle suscite désormais la nausée chez un nombre de plus en plus grand de personnes, et, parmi elles, vous ne l’ignorez pas, figurent les décideurs, ceux et celles qui font l’opinion. Vous êtes né trop tard dans un monde qui a cessé d’être antique. Le servage, par exemple, a disparu ; les bordels, de même. La pédophilie est un crime. Les publicités outrageusement sexistes ne suscitent plus la sympathie. Vivez avec votre temps…
Je vous prie d’agréer, cher Monsieur, avec tous mes encouragements, l’expression de ma considération distinguée.
18 juin 2001


Véronique Guérin, formatrice en relations humaines
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Monsieur Descours,
Peut-être avez-vous une femme ? ou une fille ? que pensent-elles de votre pub ? rassurez-moi, elles pensent n'est-ce pas ?
ou peut-être une secrétaire ? une assistante ? leur avez-vous demandé leur avis ?
ou une mère à défaut ?
Alors c'est donc vrai tous les moyens sont bons pour faire vendre, même ceux qui attentent à la dignité de celle qui vous a mis au monde; de celle que vous aimez, de la fille que vous chérissez ?
Sans doute vous êtres intelligent pour être au poste que vous êtes.
L'intelligence n'aurait-elle donc rien à voir avec l'humanité ?
Ce serait donc vrai que ceux qui ont le pouvoir financier ont perdu toute éthique ?
Merci de nous prouver le contraire et de prendre l'engagement écrit de renoncer à utiliser des éléments sexistes dans sa publicité.
Ça, ce serait un vrai signe de courage, qualité que l'on dit masculine.
Cordialement
18 juin 2001

Marie Robert
pub sexiste : votre godillot affiche son mépris du ventre féminin
Réflexion d'une femme libre pour un homme responsable
Dans les cultures de guerre, les bonnes chaussures servent à marcher au pas, mais aussi à frapper les autres pour leur infliger des coups de pieds et ces coups portés à la nudité des personnes soumises par la sauvagerie à la loi du plus fort sur le plus faible, soumises par la barbarie à l'insulte et à l'avilissement, à la perte de leur dignité humaine... ces coups sont les bassesses d'esprit sado-maso exprimées à l'encontre des autres, fussent-ils ... ou fussent-elles ...
Les bonnes chaussures, bien au contraire, n'ont pas besoin de se représenter dans de tels contextes méprisants, méprisables, médiocres ... Un PDG dans l'attente du strip-tease de sa secrétaire? ... ou que sais-je de tendancieux car provocateur d'imageries douteuses et perverses que je dois contester en tant que femme de liberté et de culture de paix.
Les bonnes chaussures permettent de se relever et de marcher la dignité, de la dire et de l'exprimer.
Les meilleurs publicités sont celles qui font appel à l'imaginaire poétique et non à l'arrogance maschiste.
Voilà, Monsieur le Président, ce que je souhaitais vous faire partager.
19 juin 2001

Agnès Arnauts-Casters TOULOUSE
Monsieur,
Vous regrettez les interprétations que peuvent susciter vos visuels parus dans différents journaux, votre seule volonté était de placer les chaussures dans un univers de séduction saine.
Une énorme chaussure qui écrase une femme à moitié nue, posant dans une attitude de prostituée, vous paraît un univers de séduction saine. C'est certainement une réalité dans l'univers machiste que vous fréquentez et qui est le seul que vous connaissiez. Je veux dire que pour vous, toute femme est une putain qui n'a rien d'autre à offrir que son corps ; qu'elle doit entretenir, maquillé, paré des atouts de la séduction qui pourraient titiller les pénis fatigués ou baveux de certains hommes qui ne le sont que lorsque leur sexe est droit, dur et pétaradant. En échange, les femmes ont droit de poser dans un salon avec des hommes qui ont de belles chaussures.
Tout ce que vous croyez savoir sur les relations entre les femmes et les hommes n'est qu'une représentation archaïque contre laquelle se battent des femmes et certains hommes qui n'acceptent pas ce racisme "vieux comme le monde"(?).
Par compassion, je vais vous donner un autre "point de vue" qui sévit chez certains êtres humains tout aussi développés, sinon plus, que ceux que vous connaissez. Les femmes sont toutes différentes, elles ont chacune une identité propre, leurs physiques diffèrent comme leurs émotions, leurs sentiments, leurs quotients intellectuels et leurs pensées. Si elles sont programmées biologiquement pour porter des enfants, elles n'en demeurent pas moins femmes si elles choisisent de ne pas faire d'enfant. Elles ne sont pas programmées, par contre, pour se soumettre à l'homme à qui elles peuvent refuser toutes sortes de choses dont les rapports sexuels, l'esclavage, la domination dans tous les domaines.
Elles peuvent exister par elles-mêmes mais peuvent choisir d'avoir des existences plus intimes avec des êtres humains masculins et leurs rapports sont empreints de dignité, d'égalité et de respect réciproques. Les êtres humains masculins qui partagent leur vie ont des testicules, un pénis, des muscles durs ou mous, de la bedaine ou pas, peuvent avoir des ratés, des chiffes molles de temps à autre, des éjaculations précoces etc. Mais ils n'enculent pas les femmes de force en leur tendant des billets de banque ou des chaussures de luxe à la figure.
Il y a des milliers de livres que vous pourriez lire pour vous instruire, renseignez-vous !
En attendant, déclarez publiquement que vous cesserez d'utiliser des clichés sexistes dans vos publicités.
22 juin 2001

Emmanuel Grenier, Paris
Je n'avais pas eu l'occasion de réagir à l'époque du passage de votre pub, qui m'avait profondément choqué.
Le passage de Florence Montreynaud à France Inter ce soir m'a poussé à aller voir sur le site de "La meute", où j'ai trouvé vos coordonnées.
J'en profite donc pour vous exprimer, avec un peu de retard, le sentiment de profond dégoût qu'a provoqué chez moi votre publicité.
Je ne redis pas ici tous les arguments que vous avez déjà entendus (j'en ai lu un certain nombre sur le site de La meute, avec lesquels je suis généralement d'accord) au sujet de la dégradation de la femme. Donner l'idée qu'une femme puisse aller avec un homme uniquement parce qu'il a des chaussures chères est proprement odieux pour l'image des femmes, assimilées de façon générale à des prostituées.
Je souhaite simplement vous dire que, en tant qu'homme, je suis vraiment choqué par l'idée même de séduire au moyen de l'argent. Je sais bien que ce type de rapport existe en ce bas monde, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus reluisant sur terre. La pédophilie existe aussi, malheureusement; va-t-on pour autant en faire un thème de publicité ? Ce n'est en tout cas certainement pas la "séduction saine" dont parle Christopher Descours. Ce type de "séduction", qui s'apparente davantage à un acte d'achat d'objet (comme un client de prostituée achète un service), est pour moi dégradant. Assimiler l'homme à une bite accompagnée d'un portefeuille, aussi raffinées que soient les chaussures, c'est nier le fait que l'homme a d'abord un esprit et un coeur, qui se trouvent détruits dans un tel rapport vénal.
Vos chaussures sont de très bonne qualité mais très chères. Il m'est arrivé d'en acheter malgré tout, parce que je trouvais le rapport qualité/prix intéressant. Cela ne m'arrivera plus, à moins que vous preniez un virage radical dans la façon de présenter vos produits.
12 juillet 2001


Personnes rencontrées dans la rue

Hervé, 32 ans, animateur pour enfants (23 décembre 2000, Paris, place du Québec)
"Je trouve ces pubs banales ; ce sont des clichés pour faire vendre, c'est la facilité. Les femmes font partie du décor, l'homme est dominateur et écrase la femme, son pied est imposant. Cela ne me donne pas envie d'acheter ces chaussures.
J'en ai assez qu'au cinéma on nous impose ce style de pub, je préférerais des courts-métrages."

6 Janvier 2001, place Saint-Michel
Sara - 23 ans - Assistante commerciale
Sarah - 23 ans - Assistante qualité
Mathilde - 23 ans - Assistante polyvalente
" très macho "

Cura - 17 ans - Etudiant // Sami - 17 ans - Etudiant
" grâce à la chaussure, on peut se payer la fille "

Vincent - 46 ans - Enseignant belge
" c'est un esprit machiste que je n'aime pas "

Claire, 26 ans, comptable
Isabelle, 26 ans, professeur
" Il lui botte le cul. Elle est un objet érotique. Cest bizarre qu'elle porte des lunettes de soleil, dans une chambre d'hôtel. "

Julien, 25 ans, chef de pub
" La femme est sous le pied de l'homme, comme un excrément.

Action-trottoir 2 juin 2001, Paris
Kenza, 29 ans, informaticienne : " L’homme aime voir la femme à ses pieds ; il est en position de force. Cela fait penser à une maison close, avec une prostituée. "

Tristan, 20 ans, vendeur, et Fayssan, 19 ans, théâtre : " L’homme a les jambes croisées, il attend d’avoir une petite gâterie. Pourquoi une femme sur la photo, alors qu’l s’agir de chaussures pour homme ? la femme est traitée comme une bête, comme de la viande. "

Mathieu, 19 ans : " L’homme est supérieur à la femme qui doit s’écraser. "